Présentation
Intention de mise en scène
Diderot est mandaté par Catherine II de Russie pour aller négocier à Paris, auprès d'un riche et puissant Maréchal, l'achat d'une importante collection de tableaux.
Le refus des conventions autant que l'urgence le conduisent matinalement à forcer la porte du Maréchal.
Mais ce dernier est absent pour affaires, et Diderot se retrouve malencontreusement dans le boudoir de son épouse : la jeune femme, occupée à sa toilette, est enchantée de rencontrer le célèbre philosophe et prétextant le retour prochain du Maréchal, propose à son hôte de l'attendre en sa compagnie.
Or, la vertueuse et jolie Maréchale n'ignore rien de l'athéisme et du libertinage que l'opinion publique prête volontiers à Diderot et entend profiter de cette rencontre pour le ramener dans le chemin de la foi.
Le ton du débat est vif ; cependant, malgré leurs divergences d'opinions, les deux "adversaires" se plaisent... Les sous-entendus érotiques affleurent, la Maréchale ne peut se défendre d'un trouble face à un Diderot ironique et galant.
C'est à une érotique de la philosophie que Diderot nous convie ici.
Ce texte, écrit en 1776, soit quelques vingt trois années avant la Révolution, nous conte à travers cette conversation de Diderot avec une jolie femme, toutes les grandes questions de leur siècle (ô combien d'actualité...) et l'émergence d'une nouvelle forme de pensée qui oppose la science à la foi, la liberté, la nature, à la religion.
A travers cette question de l'existence de Dieu et du bien-fondé du dogme religieux, Diderot fait preuve ici d'une bonne santé et réconcilie enfin l'esprit et le corps.
L'action se situe donc dans le cabinet de toilette de la Maréchale, espace intime, que j'imagine dans des dégradés de blanc-ivoire, en référence au monde mental - "angélique "- de la Maréchale "qui ne lit que son livre d'heures". Au lointain, quelques cadres vides de tableaux ponctueront l'espace et descendront des cintres, clin d'il à la négociation d'art.
Diderot, sobre et débraillé, sera vêtu de son éternel costume noir, d'inspiration quasi-ecclésiastique.
Pas de reconstitution historique, mais des objets épurés, d'inspiration XVIIIème.
Caroline Jacob
metteur en scène, scénographe
94, rue du Faubourg du Temple 75011 Paris