En langue italienne.
« Il y a quarante ans que je désire écrire un opéra comique. » Lorsque Verdi écrit ces mots en 1890, il a déjà fait par deux fois ses adieux à la scène : avec Aïda et avec Otello. Cinquante ans auparavant, il s’était déjà essayé à l’opéra-bouffe avec Un jour de règne : un échec auquel la mort de son épouse – survenue pendant la composition – avait donné un arrière-goût bien amer. Est-ce le désir de conjurer ce destin, auquel il a consacré tant de ses opéras, qui lui fait reprendre la plume une dernière fois ? Est-ce l’ombre de Shakespeare ? Est-ce le livret du génial Boito, imaginé à partir d’Henri IV et des Joyeuses Commères de Windsor, qui balaie ses dernières résistances ? « Je m’amuse... », ne cesse de répéter Verdi en composant Falstaff. Les frasques de ce vieux seigneur ruiné et pansu - qui veut tromper les femmes et se retrouve battu, caché dans un panier de linge sale et versé dans la Tamise – le compositeur les regarde désormais avec ce regard clair, lointain et malicieux qu’on lui trouve sur ses dernières photographies. À quatre-vingts ans, il compose à loisir et s’affranchit des règles : airs, duos, ensembles se fondent dans un même mouvement musical, continu et endiablé, qui fait de ce Falstaff une comédie lyrique sans équivalent, un grand éclat de rire qui, un siècle plus tard, continue de résonner en nous.
Musique de Giuseppe Verdi (1813-1901)
Livret d'Arrigio Boito d'après The merry wives of Windsor et des scènes de Henri IV de William Shakespeare.
Direction musicale : Daniel Oren
Mise en scène : Dominique Pitoiset
Décors : Alexandre Beliaev
Costumes : Elena Rivkina
Lumières : Philippe Albaric
Chef de choeur : Patrick Marie Aubert
Avec l'Orchestre et choeur de l'Opéra national de Paris.
C’est en 1889, deux ans après avoir apparemment fait ses adieux à la scène avec Otello, que Verdi entreprit la composition de Falstaff. Il avait fallu toute l’insistance et les pressions affectueuses d’Arrigo Boito, le librettiste de son dernier opéra, par ailleurs lui-même auteur d’œuvres lyriques, pour que le Maître surmonte les réticences que lui inspiraient son âge et sa santé et reprenne sa plume. Si Boito était parvenu à le convaincre, c’était aussi parce que le sujet qu’il lui proposait lui donnait l’occasion d’écrire un opéra bouffe et de faire la preuve, cinquante ans après l’échec de Un Giorno di regno, qu’il excellait dans ce genre. La composition s’étala sur plusieurs années, Verdi ne s’y attelant que lorsqu’il se sentait inspiré ou lorsqu’il n’était pas trop fatigué. Mais lorsqu’elle fut achevée, on découvrit une œuvre d’un raffinement absolu, qui fourmille de détails et de subtilités précieuses, dans laquelle Verdi s’amuse et joue avec les figures musicales, comme lors de la fameuse fugue finale, où tous les personnages chantent ensemble que « Tout dans le monde est farce ». En outre, Falstaff reprend les formes traditionnelles de l’opéra (air, duo, ensemble, etc), mais en gomme tellement les contours qu’elles paraissent se fondre en une discussion musicale ininterrompue, d’une éblouissante virtuosité. Du coup, l’œuvre apparut, à l’époque de sa création, comme un remède contre le wagnérisme et le vérisme qui envahissaient les scènes lyriques et posa les jalons de la comédie moderne telle qu’un Richard Strauss l’exploita dans les années suivantes.
Falstaff est tiré de la comédie de Shakespeare, Les Joyeuses Commères de Windsor. Mais non content de condenser l’action et de supprimer un certain nombre de rôles, Boito enrichit le personnage éponyme d’emprunts à la pièce historique de Shakespeare, Henry IV, dans laquelle il apparaît aussi.
Place de la Bastille 75012 Paris
Réservation possible également au 01 40 13 84 65 pour les places non disponibles en ligne et/ou pour les choisir.
Accès en salle uniquement sur présentation du billet électronique que vous recevrez par email.