Présentation
Un mot de Fellag
La presse
Fellag se reconnaît trois pères : Charlie Chaplin, Dario Fo et son géniteur, qu'il définit comme un Raimu du Djurdjura en Kabylie. Ce père de sang, ancien combattant dans les rangs de l'armée française durant la seconde guerre mondiale, fut ensuite chef d'un réseau FLN. Mohand Saïd Fellag naît à Port Guydon en Kabylie. Jeune mordu de théâtre, il prépare le concours d'art dramatique d'Alger et est reçu. Il se passe en boucle Le Cid dans la version d'Alain Cuny. Maurice Sauvageot, son maître, le surnomme " Dullin " .
Après un séjour en Tunisie et un passage par le Canada et les Etats-Unis, il débarque en France. En 1995, il crée Delirium, spectacle écrit à Tunis, tandis que l'Algérie est prise de convulsions meurtrières. C'est depuis la France qu'il compose Djurdjurassique bled. Deux années d'un succès fou. C'est un vaste panorama de l'histoire de l'Algérie depuis les ancêtres berbères jusqu'aux barbus d'aujourd'hui.
Son premier one-man-show remonte à 1987 avec Les aventures de Tchop ; en 1989 c'est Cocktail Khorotov et un an plus tard SOS Labès, tous deux encore inspirés par le drame algérien. Avec Un bateau pour l'Australie, il présente une nouvelle version de Babor Australie (créé en Algérie avant l'exil de 1995) parti d'une rumeur courant les rues d'Alger en 1987, selon laquelle un bateau australien embarquerait tous les chômeurs pour leur donner une terre et un travail. On imagine l'immense délire auquel peut se livrer ce grand artiste du geste et du verbe.
J’ai toujours en envie d’écrire. A 14 ans, les modèles que je voulais égaler étaient ceux que je découvrais à l’école, Victor Hugo, Théophile Gautier. Plus tard j’ai rêvé d’être acteur, je le suis devenu, cependant, je n’envisageais pas d’écrire pour la scène. Mais revenant en Algérie après sept ans d’absence, devant le désastre, j’ai voulu en témoigner. Alors je me suis mis à traquer l’absurdité ; j’ai passé des heures et des heures dans les lieux publics, les cafés, les administrations pour écouter, voir, examiner jusqu’où on pouvait aller dans l’autodérision, saisir à quel niveau de malheur on cesse de plaisanter (…).
Tous mes spectacles partent de faits réels. L’idée du spectacle Un bateau pour l’Australie, est née en 1987 d’une rumeur répandue à la vitesse d’une tornade à Alger, selon laquelle un énorme bateau allait venir d’Australie pour y emmener tous les jeunes chômeurs. Des milliers de jeunes se sont immédiatement précipités au Consulat d’Australie. Ce phénomène d’hallucination collective révèle assez les dégâts moraux, culturels, économiques d’une société. Le désarroi de ces jeunes faisant la queue me renvoyait à mon adolescence, à mes frustrations et révoltes.
Lorsque moi aussi j’étais un «hittiste» (nom en arabe donné aux jeunes chômeurs qui restent à attendre le dos collé au mur), que j’attendais sans perspective d’avenir. En remontant dans mes souvenirs j’ai écrit ce spectacle pour évoquer l’humus sur lequel se forge ce type de rumeur et pour tirer une sonnette d’alarme. Pour que ceux qui cuisent le peuple algérien à petit feu et désespèrent la jeunesse prennent conscience des dégâts qu’ils provoquent (…). Au moment de l’indépendance tous les éléments étaient réunis pour les retrouvailles entre les hommes et les femmes. Ensemble, ils se sont rebellés, ensemble ils ont souffert. Les hommes ont alors découvert que les femmes étaient un magnifique creuset de résistance, qu’elles pouvaient être l’égal de l’homme dès qu’on leur en donne les moyens. C’est cette capacité et cette force qui ont fait peur, en 1984, à l’aile conservatrice du FLN qui a promulgué le code de la famille.
Alors que jusque-là les femmes ne portaient plus le voile, fréquentaient les universités, travaillaient, étaient libres, cette loi inique replaçait les femmes sous l’autorité des hommes et les enfermaient à la maison. C’est une trahison vis à vis des femmes et de la démocratie (…).
La forme, elle, est née de ma double culture algéro-orientalo-occidentale. J’ai été nourri de littérature universelle à travers la langue française, mais aussi par les contes, la musique, la poésie algérienne qu’elle soit arabe ou berbère. Les deux ont fait l’assemblage d’un clown cartésien doublé d’un conteur caustique (…).
Fellag
" Un grand comédien comique continue d'explorer les origines obscures du rire. " (Figaroscope)
" Fellag psychanalyse l’Algérie par le rire, son spectacle est un feu d’artifice d’humour et d’intelligence qui relie tous les publics français et algérien dans une même complicité. " (Charlie Hebdo)
" Le grand comique algérien montre toujours plus de culot pour dire les plaies intimes de son peuple, sa pauvreté matérielle, sa misère affective... A présent, il lui suffit de quelques personnages pour réussir le miracle de faire rire. "
Catherine Bedarida, " Le monde " du 13/04/00
Rue Gabriel Péry 02430 Gauchy