En 2005, Vladislav Surkov, le très puissant secrétaire de Vladimir Poutine, signe une circulaire dans laquelle il constate que les ennemis de l'État se divisent en deux catégories : les ennemis avec lesquels on peut raisonner et ceux avec qui on ne peut pas, ces derniers sont dits « non-rééducables ». La journaliste russe Anna Politkovskaïa était certainement de ceux-là.
Femme non-rééducable est un témoignage sur l'itinéraire de cette femme « ordinaire » qui ne cessa de dénoncer les exactions des camps russes et tchétchènes par la description objective des faits et qui le paya de sa vie. Anne Alvaro porte jusqu’au bout l’âpreté du combat d’Anna Politkovskaïa pour la défense des droits humains dans un quotidien où chaque geste est en soi une lutte dont l’issue risque d’être fatale.
« Je me limite à raconter des faits. Les faits : tels qu’ils se produisent, tels qu’ils sont. Ça peut paraître la chose la plus simple, ici, c’est la plus difficile. Et ça coûte un prix fou. Quel prix ? Le prix que tu payes quand tu ne pratiques plus un métier, mais tu rentres en guerre. Tu combats. Tu te sens un combattant. » Stefano Massini, Femme non-rééducable
Anna Politkovskaïa est assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l’anniversaire du chef de l’état Vladimir Poutine. Son corps est découvert dans la cage d’escalier de son immeuble, dans le centre de Moscou, un pistolet et quatre balles sont retrouvés à ses côtés. Anna Politkovskaïa, mère de deux enfants, est la 21e journaliste assassinée en Russie depuis l’élection de Vladimir Poutine en 2000. Le premier procès qui vient de s’achever par un non-lieu n’a pas permis de faire avancer la recherche de la vérité sur l’assassin et les commanditaires du meurtre d’Anna Politkovskaïa.
« Le spectacle, poignant, porte une part de poésie (...) qui fait de lui un grand mémorandum théâtral sans pathos. » Télérama sortir TTT, 12 mars 2014
« Leçon de théâtre, leçon de vie… Les récits qui s'enchaînent comme des contes noirs sont à la limite du supportable - on sort sonné de ce tragique moderne, ode à la vérité et à la liberté d'informer. Ne manquez pas ce rendez-vous unique avec une « Femme non rééducable » et remarquable. » Philippe Chevilley, Les Echos, le 17 mars 2014
« Anne Alvaro (...) est remarquable de justesse, d'intensité maîtrisée, à la limite narrative du documentaire (...). Ici, le théâtre désamorce la violence des propos, permet la prise de recul. (...) une invitation à un questionnement collectif sur nos résignations - petites ou grandes - et à leurs conséquences. » Gil Chauveau, Charlie Hebdo, 2 avril 2014
« Pour interpréter cette héroîne contemporaine, il fallait la simplicité d'Anne Alvaro, sa douceur et sa force (...) Une réussite. » LL, Express Styles, 26 mars 2014
« Un texte au cordeau, droit, direct, décapant (...). L'actualité et le devoir de mémoire commandent de se précipiter pour voir et soutenir ce spectacle essentiel. » Jean-Claude Raspiengeas, La Croix, 22-23 mars 2014
« Arnaud Meunier apporte la même rigueur pour transposer sur scène l'écriture au rasoir de Massini. (...) Ce théâtre qui se veut « citoyen » atteint profondément le spectateur, blesse, révolte et, à travers le destin brisé d'une Anna Politkovskaia obstinée à continuer son travail d'information coûte que coûte (...). A ne pas manquer. » Jacques Vallet, Le Canard enchaîné, 18 mars 2014
« cette volonté quasi pédagogique de clarté qui se traduit dans un montage cut, et l’exposé des faits dénué de toute dimension romanesque, comme de pathos (...). Une approche frontale que contrebalance un subtil accompagnement musical de Régis Huby, souvent tapi dans la pénombre. Sans surprise, Anne Alvaro campe une Anna Politkovskaïa digne et déterminée, tandis que Régis Royer, qui endosse tous les personnages masculins (...) joue mieux que les faire-valoir. » Gilles Renault, Libération, 18 avril 2014
Stefano Massini ne fait pas d’Anna Politkovskaïa une héroïne martyre, une figure sacrificielle cohérente et linéaire, mais bien une femme ordinaire, « deux yeux et un stylo », l’une d’entre nous, tenace dans sa volonté de faire honnêtement son travail de journaliste.
Pour incarner ce récit, un trio : une comédienne, un comédien, un musicien.
Anne Alvaro est l’interprète idéale pour incarner Politkovskaïa car elle sait faire vibrer ses questionnements tout en se gardant d’un pathos qui n’aurait pas sa place dans cette partition que je veux sensible mais pas écrasante.
Régis Royer sera son partenaire en contrepoint pour donner vie aux figures masculines du récit (le jeune militaire, le médecin, le colonel, le fils d’Anna…) et universaliser la parole et la réflexion portée par le texte.
Régis Huby proposera, sur scène, ses univers sonores envoûtants.
Trois interprètes, trois témoins dans une scénographie / boîte à paroles, à musique et à images. Femme non-rééducable n’est pas une pièce désespérée et encore moins désespérante. Stefano Massini, dans la lignée de Pier Paolo Pasolini, s’y veut poète de la réalité avec toutce qu’elle comporte de duretés mais aussi de vitalité.
Arnaud Meunier, mai 2013
Deux excellents comédiens pour une pièce dure mais salutaire. Entre la cruauté des "militaires" russes et celle des "terroristes" tchétchènes, les exactions des uns et des autres, peut-on vraiment choisir son camp ? Anna Politkovskaïa informe et dénonce sans prendre parti. On apprend beaucoup, en 1 heure, sur ce conflit, sur la Russie, sur le combat d'une journaliste pour exercer son métier librement, même si elle sait devoir y laisser la vie, sous une bombe, lors d'un contrôle, ou devant chez elle à Moscou. Propos, écriture, mise en scène, interprétation, tout concourt à un spectacle remarquable, fort et engagé.
Pour 1 Notes
Deux excellents comédiens pour une pièce dure mais salutaire. Entre la cruauté des "militaires" russes et celle des "terroristes" tchétchènes, les exactions des uns et des autres, peut-on vraiment choisir son camp ? Anna Politkovskaïa informe et dénonce sans prendre parti. On apprend beaucoup, en 1 heure, sur ce conflit, sur la Russie, sur le combat d'une journaliste pour exercer son métier librement, même si elle sait devoir y laisser la vie, sous une bombe, lors d'un contrôle, ou devant chez elle à Moscou. Propos, écriture, mise en scène, interprétation, tout concourt à un spectacle remarquable, fort et engagé.
1, place Charles Dullin 75018 Paris