Le spectacle se compose de deux comédies pures et dures de Georges Feydeau. Gibier de Potence a été écrite à ses débuts (1883). C 'est une pièce turbulente, pleine d'inventions avec des personnages esquissés plutôt que dessinés, très peu de psychologie, mais une machine à faire rire, jouant sur les bizarreries des personnages et des situations incongrues en cascade. La seconde pièce, Feu la mère de Madame écrite par Feydeau au beau milieu de sa carrière, nous parle de personnages plus étoffés, de situations plus vécues. Mais l'objectif reste le même : faire rire à tout prix en superposant ridicule de personnage et ridicule de situation, jusqu'à nous mener à des scènes surréalistes.
Gibier de Potence
Plumard, mari cocu d'une chanteuse de music-hall, Pépita, décide de faire venir la police pour constater les
faits. L'amant, Taupinier, vient justement ce jour-là. Pepita le renvoie chercher le journal et une broche en
forme de chien qu'elle a égarée la veille. Débarque ensuite Lemercier, instituteur de son état, sous un faux
nom, qui pense avoir trouvé le "chien" de Pépita. Taupinier revient avec le journal dans le quel on parle d'un dangereux tueur recherché activement qui serait dans les parages. La description physique ressemble
grandement à Lemercier. Panique !
Feu la mère de Madame
Quatre heure dix du matin, Lucien rentre chez lui après une soirée bien arrosée au bal des Quat'zarts. Sa
femme l'attend de pied ferme. Essayant de faire le moins de remous possibles pour aller se coucher, Lucien
multiplie les maladresses à la façon d'un Gaston Lagaffe, irritant de plus en plus Yvonne. Cette dernière,
excédée, fini par associer Annette, la bonne, à la discussion. A mi-parcours, un messager, Joseph, se présente
annonçant la mort de la mère d'Yvonne. C'est ensuite une succession de gags, maladresses et concours de
circonstances qui vont emmêler nos quatre personnages dans un joyeux chaos.
Par les Compagnies Le bouchon qui saute & Etincelles théâtre.
Je n'ai pas pu trouver le sens caché des pièces de Feydeau ! J'ai bien peur que nous ayons affaire à quelqu'un qui n'a écrit qu'avec un seul objectif : faire rire. Par contre, quelle machine ! Tout chez Feydeau est mis à ce service. Personnages ridicules et superposition de situations désopilantes, voilà la recette. Ici pas ou très peu de psychologie. Les personnages n'intériorisent pas, et quand ils complotent, c'est à voix haute !
Pourquoi faire du Feydeau ? D'abord se faire plaisir en jouant, et transmettre ce plaisir au public. Mais Feydeau, c'est aussi l'inverse de l'improvisation demandant un travail de comédien rigoureux. Progresser dans notre métier car Feydeau demande un travail de rythme rigoureux.
Nous nous inspirons pour cette pièce d'un mélange de références. Le cinéma muet noir & blanc, Tintin, Louis de Funès, Seinfeld, les Monty Python ... Mais notre base principale est le "cartoon". En effet, Feydeau nous impose un travail sur le rythme très important tout comme les Tex Avery et autres Bugs Bunny. Le but est identique : déclencher le rire.
Comment ? Grâce aux situations poussées jusque dans le surréalisme. Grâce au timing mécanique des actions, et grâce aux expressions très vivantes des personnages. Le travail avec les comédiens se dirige vers ce qu'on appelle les "extrêmes" en animation. Les extrêmes sont les poses des personnages au maximum de l'amplitude de leur mouvement, ou au maximum d'une expression. Quand un animateur commence son travail, on lui recommande souvent d'aller plus loin dans le mouvement, ou d'extrapoler les expressions. Il est de même pour les comédiens. Par contre nous conservons la sincérité des personnages qui rend Feydeau si drôle : ils sont profondément convaincus de ce qu'ils font, et c'est par là complètement stupide et ridicules, pour le bonheur du spectateur.
Un spectacle énergique, rythmé, drôle et généreux, c'est ce que nous proposons aux spectateurs. Nous serons, nous l'espérons, le plus ridicule possible !
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris