George Dandin

du 12 mars au 30 avril 2005
1H30

George Dandin

Pour obtenir une place dans la société, il lui fallait un nom. Et pour s'offrir le nom, il lui fallait un beau mariage. C'est ainsi que Georges Dandin devient "Monsieur de la Dandinière". Mais la particule et l'achat d'une épouse ne font pas vraiment le bonheur. Il en faut peu pour que Dandin ne devienne le dindon de la farce.

« Le sujet est un paysan qui s’est marié à la fille d’un gentilhomme et qui, dans tout le cours de la comédie, se trouve puni de son ambition. »

L'histoire
George Dandin, une pièce ambiguë
Le théâtre classique
La presse

Pour obtenir une place dans la société, il lui fallait un nom. Et pour s'offrir le nom, il lui fallait un beau mariage. C'est ainsi que Georges Dandin devient "Monsieur de la Dandinière". Mais la particule et l'achat d'une épouse ne font pas vraiment le bonheur. Il en faut peu pour que Dandin ne devienne le dindon de la farce.

L'histoire contée est celle d'une tromperie conjugale où les coupables triomphent tandis que la victime est réduite au silence et à la soumission. Chacun des trois actes voit se dérouler une action qui est toujours semblable et toujours différente : Dandin est informé de sa disgrâce ou confirmé de ses soupçons. Le mari tente de convaincre les beaux-parents afin qu'ils usent de leur autorité pour faire rentrer leur fille dans le devoir mais la rouerie d'Angélique renverse la situation aux yeux des Sotenville (les parents) et contraint le malheureux à demander pardon de ses soupçons.

En dépit de la vivacité de son rythme et du caractère cocasse des situations qui s'y succèdent, la pièce est sans doute la plus sombre de Molière. C'est une sorte de farce tragique, un drame d'une extraordinaire modernité. Il est un peu inexacte de dire que ce comique est "grinçant". En revanche, il est sûr que le rire qu'il fait naître est, aussi bien que celui du Misanthrope ou du Tartuffe, rire de libération par rapport à des réalités insupportables. La comédie, selon Molière lui-même, a pour objet de guérir des maux qu'elle met en scène. C'est en cela que consiste sa bonne santé morale.

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On croit tout connaître de George Dandin. Tantôt montée en farce, parfois relue à la lumière du marxisme, ou rapprochée du théâtre brechtien, cette comédie de Molière se prête à des interprétations multiples. « Des lectures provisoires » comme les nomme Jacques Lassalle. C’est que la pièce dans sa richesse toujours échappe.

L’écriture y est dépouillée, rigoureuse, presque ascétique. La triple répétition d’une même situation fermée par un monologue joue comme autant de cercles dans lesquels l’idée fixe obsessionnelle enferme George Dandin : constater et faire constater publiquement la trahison de sa femme.

La pièce est sombre, proche du drame. Elle donne à voir un homme ligoté, pris entre sa roture et des beaux-parents nobliaux qui le dédaignent. « Piégé » lui-même par son mariage avec une « demoiselle ».

En trahissant sa classe, Dandin se livre à la solitude et à l’humiliation, pressé pour se venger d’humilier à son tour. Car si un même fil noir relie tous les personnages, c’est bien celui-là : Clitandre méprise les Sotenville qui méprisent Dandin qui humilie sa femme qui elle-même méprise Dandin… La volonté de puissance est sans limites et la langue en est l’instrument le plus efficace.

Obsession, humiliation, abus de pouvoir du langage, tels sont bien les enjeux de cette pièce cruelle qui porte néanmoins une dimension de farce. Molière, en transformant la comédie initiale « La Jalousie du barbouillé » aux ressorts comiques éprouvés, mélange les genres, brouille les pistes, et crée ainsi une forme particulièrement moderne, où la légèreté et le rire côtoient la tragédie.

Anne-Marie Lazarini

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Le 17ème siècle en France est le siècle du Classicisme en théâtre, qui se crée en opposition avec le Baroque. Les théoriciens du théâtre comme l’Abbé d’Aubignac, Chapelain ou Scudéry, ont pour rôle de définir la régularité des pièces, c’est-à-dire leur conformité aux règles du théâtre classique, ce qui donnera lieu à de nombreuses controverses, dont la fameuse querelle du Cid. Les doctes tentent ainsi de faire appliquer la « règle des trois unités », et les règles de vraisemblance et de bienséance, en se reposant sur l’autorité des anciens, et d’Aristote en particulier.

Mais les dramaturges considèrent que le théâtre doit avant tout plaire au public. Ainsi, Corneille, Racine et Molière n’auront de cesse de défendre leurs créations, prenant part aux débats théoriques de l’époque sur l’application des règles. Mais les légers signes de fronde à l’égard des théoriciens ne doivent pas fausser exagérément la perspective : la scission entre dramaturges et doctes ne sera jamais pleinement consommée, les doctes ayant l’appui du pouvoir royal.

En effet, le contexte politique explique en partie le rôle et l’influence des savants, garants du pouvoir monarchique. Ils constituent un corps d’intendants dévoués à la cause du Roi, capables d’imposer leur contrôle sur les activités du théâtre, seule pratique culturelle susceptible alors de rassembler les foules, et sur l’idéologie qu’il diffusait. L’aristotélisme était d’abord un ordre, une régulation. La tradition baroque reposant sur la liberté d’invention des créateurs ne pouvait être que suspecte à une monarchie tentant d’asseoir son absolutisme.

Les doctes auront donc d’abord l’appui du Cardinal de Richelieu sous Louis XIII, puis du « Roi Soleil » lui-même, Louis XIV, au pouvoir à partir de 1661.

George Dandin répond à la norme classique des trois unités. L’intrigue est centrée autour de la crise du couple Dandin/Angélique que vient potentialiser l’arrivée de Clitandre (unité d’action) ; tout se passe devant la maison de George Dandin (unité de lieu) et l’action de la pièce se déroule en une vingtaine d’heures (unité de temps). Mais Molière à l’évidence se refuse à l’unité de ton ; sa pièce oscille entre rire et cruauté pour mettre à nu, derrière la satire sociale, la vérité sauvage des comportements humains.

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"Dans son joli théâtre, Anne-Marie Lazarini monte la comédie de la mésalliance et de la jalousie avec vivacité, préservant rire et gravité." Annie Coppermann, Les Echos

"Anne-Marie Lazarini démonte avec intelligence et beaucoup de justesse les mécanismes de cette machine infernale." Jean-Pierre Han, Témoignage chrétien

"Anne-Marie Lazarini est fine. Plus cruelle aussi. Rien que des détails pour dire les ravages de la haine de soi. Et la qualité du jeu, sa généreuse modestie, cet artisanat d'orfèvre, pour nous entraîner fraternellement dans des abîme. Molière au plus intime." Fabienne Pascaud, Télérama

"Un très joli et très juste spectacle mis en scène avec tendresse dans un décor grand siècle qui, peu à peu, s'enfonce, comme un Titanic chargé de vanité." Laurence Liban, L'Express

"Le parti est superbement tenu, éclairant d'une lumière noire les rapports entre les époux, condamnés malgré eux à une existence sans amour." Didier Méreuze, La Croix

La mise en scène d'Anne-Marie Lazarini laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, et les comédiens s'en donnent à coeur joie. Dominique Jamet, Marianne

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George Dandin Le 14 avril 2004 à 11h38

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Spectacle terminé depuis le samedi 30 avril 2005

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