La suite de ce spectacle s'intitule Giacomo sur les planches.
L'émigration vue par les yeux d'un enfant
Note d’intention
La presse
Début des années 50. Giacomo n'est qu'un enfant lorsque Luigi et Maria, ses parents, décident de quitter l'Italie pour la France, à la recherche d'un travail et d'une vie meilleure...
L'atmosphère d'exode en gare de départ, le très long voyage en train vétuste et bondé, le mépris des douaniers à la frontière, les premières années passées dans une France qui n'avait pas encore réglé ses problèmes d'immigration (d'ailleurs, les a-t-elle réglés depuis ?...), tout ou presque aurait pu inviter au drame dans Giacomo, l'enfant de la cité. Mais, vu par les yeux d'un enfant, la folie oppressante d'un départ en gare, le chemin à parcourir du compartiment aux toilettes du train pour y aller vomir, l'accueil glacial des patrons à l'arrivée en France, la vie trop oisive dans la cité ouvrière le long du Canal du Rhin, deviennent comme autant d'extraits de films en cinémascope, des aventures héroïques à traverser, des scènes de cartoons hilarantes et des terres vierges pour des jeux grandeur nature.
Surtout, dans ce nouveau spectacle solo, Gilbert Ponté nous raconte une histoire vraie, la sienne et celle de sa famille italienne venue en France à l'époque des Trente Glorieuses. Et cette histoire personnelle qui rejoint la grande Histoire, il nous la raconte comme toujours avec cette générosité, et cette truculence qui sont désormais siennes, interprétant de nouveau une quantité impressionnante de personnages : l'enfant Giacomo bien sûr, mais aussi Luigi et Maria, ses parents ; et Tino monté dans le train de l'exode par mégarde ; et un chef de gare mussolinien et borgne ; et un douanier suisse particulièrement sourcilleux. Mais aussi Evio, Jesus et Boubaker, les premiers meilleurs copains que Giacomo, Lucette et Rocco, les voisins calabrais, Monsieur Ferracioli, l'anarchiste, ou encore Iboun, le seul noir africain de la cité...
Bref, une incroyable galerie de personnages à la fois drôles et attachants, toujours hauts en couleurs, au service d'une histoire inédite, d'où naîtra un Gilbert/Giacomo émouvant et critique, jetant un regard à la fois poétique et politique sur son histoire, pour nous dire qu'en matière d'émigration, de racisme et de relations humaines, rien n'a vraiment changé depuis 50 ans...
Depuis maintenant plus de dix ans, Gilbert Ponté construit un style - peut-être même un art - qui n’appartient qu’à lui, entre conte et théâtre, mime et burlesque, le tout pétri d’une constante humanité et d’un vrai regard critique sur le monde. Un "jongleur de théâtre", pour paraphraser Dario Fo dont il a si brillamment joué Le Saint Jongleur François...
Aujourd’hui, avec Giacomo, l'enfant de la cité, Gilbert Ponté renoue avec une écriture personnelle et ses souvenirs d’enfant, comme il l’avait déjà fait pour Giacomo (tout court) au milieu des années 90. Ce sera aussi sa troisième collaboration en trois ans avec Stéphane Aucante, metteur en scène, après 99F (adapté du best-seller de Frédéric Beigbeder) et Le Saint Jongleur François.
Au coeur de cette nouvelle collaboration, il y a bien sûr le souhait d’approfondir une relation artistique forte, mais surtout celle d’arpenter de nouvelles formes de jeu et de nouveaux modes de narration. Ce besoin d’expérimenter repose essentiellement sur le texte écrit par Gilbert Ponté, un texte qui ose aborder des styles et des registres auxquels Gilbert Ponté ne s’était jamais attaqué. Parmi ceux-ci, l’émotion, celle d’un homme/enfant qui fait revivre son passé le plus personnel, jusqu’à interpréter ses propres parents. Scénographiquement et dramatiquement, cette émotion passera essentiellement par un personnage de conteur, justement mi-homme, mi-enfant, qui dira les choses avec simplicité et sobriété, à la manière d’une épure ou d’une confession.
En contre-point de ce conteur à la voix presque blanche, tous les personnages de ce qui est au fond une épopée - surtout parce qu’elle est vue par les yeux d’un enfant - lorgneront du côté de la truculence et du burlesque, sans jamais tombé dans la caricature. Car il s’agit de raconter une histoire vraie. De faire oeuvre de théâtre et non de produire un énième one-man-show.
Un immense travail de construction de personnages, hommes et femmes, enfants, animaux et monstre même, nous attend donc, un travail fondé sur l’improvisation et le travail du corps, un long et passionnant travail de plateau, lent et minutieux, par lequel il s’agit d’abord de construire et de s’appropier l’espace. Un espace volontairement dépouillé, voire dénudé : pas de réel décor, plutôt une accessoirisation : un chariot, des valises (beaucoup) comme signes de la fuite, chaque valise renfermant un objet significatif et s’associant ainsi chacune à un personnage. Ce dépouillement et ce symbolisme sont volontaires: ils veulent laisser toute la place à l’imaginaire au spectateur, en faire un personnage à part entière parmi une kyrielle d’autres. Car l’histoire de Giacomo est un peu la notre : qui n’a pas connu l’exil à sa manière ? Quel enfant n’a pas rêvé de voler ? Quel adolescent n’a pas fantasmé sur une belle voisine ? Qui n’a jamais posé ces questions à son père : qui sommes-nous ? d’où venons-nous? c’est quoi, la vie ? Pour répondre à ces questions, Gilbert Ponté a par exemple écrit et interprétera la scène la plus émouvante de son... enfant de la Cité, celle où un père parle de la vie à son fils à travers les arbres, les oiseaux, les jardins.
C’est dire aussi que la volonté de passer sans cesse du microcosme (celle d’une cité ouvrière itinérante le long du canal du Rhin) au macrocosme, de la société des Trente Glorieuses à celle d’aujourd’hui, de l’histoire à l’Histoire, sera constante dans le spectacle. Mieux, ce souci de témoigner de l’époque actuelle à travers le prisme de spectacles parfois ancrés dans des époques bien plus lointaines (le début de la renaissance italienne avec Le Saint Jongleur François, la Russie soviétique avec La ferme des animaux) a toujours été le socle sur lequel Gilbert Ponté a construit sa carrière d’artiste (engagé donc). Mais il le fait sans clin d’oeil appuyé, sans digression, accordant simplement confiance à la force des textes qu’il interprète, à la maestria de son jeu de comédien, et à l’intelligence du public.
Le travail de mise en scène avec Gilbert Ponté est au fond de "laisser la place" (la plus grande possible), d’organiser au mieux ce lieu de rencontre devenu si rare entre un texte, un comédien et un public. Il est donc question de construction et d’architecture. Et, plus la place qu’on veut laisser à cette rencontre doit être grande, plus le travail d’architecte doit être minutieux et précis. Le moindre faux pas, la moindre approximation, et tout s’écroule, comme un immeuble trop grand pour ses fondations, un édifice trop haut pour les piliers qui le soutiennent. Pour mener à bien ce travail d’architecte, tout compte : l’espace, qu’il s’agit de structurer par plan, un peu comme au cinéma ; le corps du comédien, qu’il s’agit de sculpter et de rythmer pour qu’il passe en souplesse ; la voix, qui se travaille comme un instrument de musique complexe aux sonorités et aux timbres multiples ; le texte enfin, qui se modèle et se transforme jusqu’à la dernière minute.
Ajoutons enfin que dans Giacomo, l'enfant de la cité, la musique tiendra une très grande place à travers des chansons d’époque, d’abord italiennes, françaises ensuite, qui conféreront au spectacle son atmosphère et rythmeront sa progression, qui se voudra fluide, évidente, majestueuse comme ce fleuve, le Rhin (et son canal), dont il sera tant question. Voilà qui donnera peut-être aussi au spectacle son caractère de voyage, voyage initiatique bien sûr, mais aussi voyage dans l’histoire et voyage dans le théâtre lui-même, tant les personnages et le comédien qui les interprète seront indissociables.
"Gilbert Ponté, seul en scène, nous raconte son histoire avec coeur et générosité, authenticité et talent. Et ça fait du bien de l’entendre. Ravigotant." Figaroscope
"Interprétant à lui seul tous les personnages de cette chronique tragi-comique, Gilbert Ponté nous entraîne du rire à l’émotion. Subtilement, sans démagogie, il incite aussi à la réflexion : pour les immigrés, plus de cinquante ans après, les choses ont-elles changé ?" Télérama
"Gilbert Ponté se glisse corps et âme dans des personnages qui revivent, le temps du spectacle, leur exode vers la France des Trente Glorieuses. Avec beaucoup d’humour et de tendresse, il fait cohabiter l’Italie, le Maghreb et l’Afrique, mais aussi les “fachos”, les “machos” et les racistes, et nous promène avec talent dans sa mémoire. Du grand art !" La Croix
EBLOUISSANT, ENERGETIQUE, EMOUVANT GILBERT PONTE A L'ASSAUT DE L'ARBRE DE VIE ON ADORE
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