Gopf, comme "Gopfertammi", expression alémanique vieillotte pour dire sa surprise, moins vulgaire que sa traduction française "nom de Dieu", plus espiègle assurément.
Un danseur, un musicien et un artiste se rencontrent pour chercher leur plus petit dénominateur commun, ils s’entrechoquent, se chassent l’un l’autre et trouvent ainsi leur plus grand multiple commun.
Sur le devant de la scène, deux figures choréiques tissent un microcosme dans ce macrochaos, s’interchangent, jouent pour, contre et avec l’autre. Au-dessus d’eux domine un DJ aux six platines, tout à la fois grand ordonnateur de marionnettes et reflet des âmes.
Leur univers est tantôt prison, tantôt rêve. Il tourne autour de trois parois de bois amovibles percées l’une d’une porte, l’autre d’une fenêtre, la troisième d’une cheminée, symboles de liberté, de lumière et de chaleur.
Inspirées du Bauhaus, ces parois se tournent, se ferment ou se renversent. Simples éléments de décor, elles en deviennent acteur à part entière pour être à chaque fois sur le chemin des protagonistes. Manipulés par cet espace, les deux héros sauront néanmoins utiliser ses faiblesses et se créer des moments d’improvisation. Pourtant la liberté n’est qu’illusion: le décor finira par les avaler.
Gopf est un huis-clos poétique qui détourne et conjugue expression théâtrale, danse, musique et architecture d’où émane une pièce d’un aujourd’hui intemporel: sa mélancolie embarrasse et cependant nous envoûte, parce qu’elle agit sur nous comme un miroir. Lorsque tant d’échanges improbables laissent la place au jeu, puis au désir et finalement au rire, on prend alors toute la mesure de son humanité.
Premier spectacle de la compagnie, Gopf (1998) a reçu plusieurs prix (Prix de la meilleure musique et meilleure scénographie au Kontakt festival en Pologne, prix spécial du public au festival Bitef de Belgrade).
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil