À la Chapelle Royale.
Après ses premières armes faites à l’Opéra de Hambourg, Haendel partit pour l’Italie dont les richesses artistiques brillaient de mille feux. C’est à Rome qu’il réside souvent durant ces années 1706-1710, la ville Pontificale éclatant de vitalité créatrice, et présentant des mécènes attentifs. C’est de l’un d’eux, le Prince Francesco Maria Ruspoli, qu’Haendel reçut ses plus belles commandes romaines : le Dixit Dominus, et peu après un grand oratorio en italien, La Resurezzione. À cette époque, sur décision papale, l’opéra était interdit à Rome, et Haendel trouva ainsi refuge dans l’oratorio allégorique où il put développer tout son art lyrique et son génie dramatique à l’abri de la censure (ou presque…).
Créée le dimanche de Pâques 8 avril 1708, La Resurezzione fut donnée avec un luxe assumé : l’orchestre très fourni de quarante musiciens était dirigé par le maestro Corelli, et les chanteurs se partageaient entre 1 basse, 1 ténor, 2 castrats et la fameuse diva Durastanti. Sacrilège en la Ville Sainte ! Le Pape obtint que pour le second concert un castrat la remplace.
L’oratorio retrace la passion et la résurrection du Christ. Ce dernier n’y est pas présent, mais St Jean, Marie Madeleine et Marie Cléophas sont les témoins de l’action, avec pour appui l’Ange divin et comme ennemi l’abominable Lucifer. C’est d’ailleurs lui qui ouvre l’œuvre en refusant de s’abaisser devant le Christ qui force les portes de l’Enfer... Autant le dire, l’écriture de Haendel est très clairement dramatique, et c’est bien un opéra sacré qu’il donne à entendre, avec l’intégralité des affects appropriés, de la fureur à la douleur. Et quel panache : dans une exceptionnelle variété instrumentale, les scènes se succèdent et font appel à la virtuosité comme à la grâce des interprètes, sans jamais relâcher la tension d’une œuvre qui se révèle plus riche à chaque écoute. René Jacobs, après avoir chanté en contre-ténor les grandes œuvres du répertoire baroque, donne depuis une vingtaine d’années à les redécouvrir en tant que chef d’orchestre. Plus attentif que d’autres à la voix, il sait mettre au jour dans l’expression baroque les dynamiques et la rhétorique qui la sous-tendent. Interprétation engagée qui n’est possible qu’avec un plateau vocal de choix : les chanteurs réunis ici sont admirables, et le Cercle de l’Harmonie succède au plus fameux orchestre romain, celui de Corelli, pour un rendez-vous qui s’annonce passionnant…
Avec le Cercle de l’Harmonie.
Direction : René Jacobs.
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.