Introduction
Présentation
En lan
2000/2001 Pourquoi Laforgue ? 1860/1887
Jules Laforgue (1860-1887) est né à Montévidéo (comme Lautréamont et Supervielle). Inventeur du " vers libre ". Mort à 27 ans. Auteur des Complaintes (1885) et des Moralités Légendaires (1886) dont fait partie Hamlet.
Le jeune poète, fréquentant aussi bien la Bibliothèque Sainte-Geneviève que le Club des Hydropathes et pourtant atteint dune «timidité maladive », obtient le poste de lecteur de lImpératrice dAllemagne.
Sans doute ce trop sérieux jeune-homme eut-il, pendant ses séances de lecture à cette barbante Cour, des envies fulgurantes de déraper, de folâtrer autour des mots, de ricaner de sa situation : ne voilà til pas quil revisite et détourne les mythiques personnages de Persée et Andromède, Salomé, Lohengrin ou Hamlet, et nous concocte ici une savoureuse et saine parodie, tantôt facétieuse et décapante, mais bientôt teintée dInquiétante Etrangeté : nous façonnant alors un Impertinent résumé et une bien Pertinente réflexion sur notre monde contemporain : « LHumour, à la fois antidote et masque du désespoir ».
Pour Jean-Louis Barrault, qui créa ce texte en 1939 sur la scène de lAtelier : « Le Hamlet de Jules Laforgue est un Hamlet écrit, non pas par Shakespeare, mais par un autre Hamlet ».
Alors : « Prenez place, je dois faire le fou », et quoiquil en soit : « Cest plus fort que moi ».
Francis Huster a fait une adpatation de Hamlet quil a présentée en 1974
Jacques Roehrich fera quelques aménagements et coupures de Hamlet, apparaissant comme nécessaires pour une présentation scénique, dune heure quinze environ, Théâtre de lIle Saint-Louis (avril 2001)
Un Pierrot fané, usé, buriné, loufiat de lImpératrice, éternel démodé qui saccroche mordicus à sa Lune de Pierrot et à ses ritournelles, à ses certitudes : Travail sur la dérision, le pitoyable dun Noble Acteur vieillissant, rêvant à un improbable Hamlet à venir ;
Pensez-donc : il nen a même pas la panoplie, lui, un éternel Rozencrantz, un inévitable mais nécessaire Hallebardier consciencieux, qui décide alors de « conter » son Hamlet, après 30 ans de métier.
Conter son Hamlet, comme le fragile et timide Laforgue a pu le faire, engagé comme lecteur de lImpératrice Augusta, avec très certainement des envies fulgurantes de déraper, de ricaner de sa situation, dironiser sur lui-même, sur le Prince et sur leur interprète.
Economie, Economie !
Des mots, des maux !
Cet Hamlet-là et ce Fumiste de Laforgue nous apportent ici :
-Une délicatesse désarmante, une cocasserie décapante, une diction incisive, des
ruptures de rythme époustouflantes
-Une poésie subtile à aborder en toute simplicité, en toute Economie, Horatio !
Mais rassurez-vous, spécialistes ès-lettres, (est-ce lêtre ? )
Shakespeare est là, toute la pièce est là, tout Hamlet est là, du moins le peu que jen sache, comme dans un condensé fulgurant à la sauce cabaret, troublé parfois de quelques inquiétantes toux phtisiques.
Le cadre exceptionnel et intimiste du Théâtre de lIle Saint-Louis (50 places), situé dans un des plus beaux endroits de Paris, convient, me semble-til parfaitement à la petite musique de Laforgue.
(Jules naurait il pas séjourné quelques mois au 5 du quai dAnjou ?; il y décrit une tour, un pigeonnier )
Jacques Roehrich
Janvier 2001
En lan 2000/2001 Pourquoi Laforgue ? 1860/1887
Parce que cest un poète !
Parce quil parle damour !
Damour impossible
Et
De trop grand mal être
Parce quil aime
-pré Bourvil du 19ème siècle
trop laid pour être aimé-
Antihéros, ni Morisson, ni Redford, ni Jagger
Les femmes ou la lune
Parce que cest un Pierrot
Et Pierrot na plus rien à voir avec notre aujourdhui
Pierrot nintéresse plus que quelques Colombines de 10 ans et
Au mieux quelques spectateurs de ciné-club
Par contre,
si cest un « Simple »
Ce nest pas dun Simple Pierrot quil sagit,
Cest là peut-être quil est notre aujourdhui
Car
Celui-ci a lHumour sur lui-même, la dérision, lironie sur son état
Alors ?
A qui dire Laforgue ?
A qui parler dAmour ?
A des lycéens dont lurgence est le prochain pétard ? (6.35 ou 7.65)
A des ménagères pour qui la lune est dans chaque horoscope ?
A des chômeurs en fin de droit ?
A des immigrés en route vers le prochain charter ?
Et pourquoi pas ?
Tous ces « à-côté de leurs godasses »
Sont peut-être bien les seuls qui accueilleraient ce paumé de Jules !
Il va falloir ratisser large !
Yves THOUVENEL
Février 1998
39, quai d'Anjou 75004 Paris