Horace représente un pas de plus dans ce qui est pour Corneille la condition de la parfaite tragédie; le tragique est en effet d’autant plus fort que les liens entre ceux que le sort oppose sont étroits, et ils le sont au plus haut point dans ce combat des chefs où les champions de Rome, les Horaces doivent affronter les champions d’Albe, les Curiaces.
Marié à une Curiace, Sabine, Horace doit dépasser l’amitié qui le lie à ses trois beaux-frères et rester sourd aux douleurs de sa femme; promis à Camille, Curiace doit pour faire triompher Albe tuer Horace et les deux autres frères de sa bien-aimée.
La morale héroïque de Corneille atteint des sommets dans le personnage d’Horace. Celui-ci ne se contente pas d’accepter son rôle : il entend faire de ce combat fratricide la source même d’une grandeur inégalée.
Face à lui Camille est sans doute l’une des plus splendides héroïnes cornéliennes. Elle porte en effet la morale de l’amour, du sentiment, de la nature sensible à la même hauteur que son frère la sienne. Pour la défendre, Camille ne recule devant rien, et égale son frère en se montrant autant que lui capable de s’exposer à la mort.
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