On n’est pas n’importe qui lorsqu’on est interprète au long cours de la compagnie du célèbre William Forsythe. Or Ioannis Mandafounis et Fabrice Mazliah prennent aussi leur autonomie, pour développer par eux-mêmes des pièces d’une lumineuse intelligence. Ils y traduisent en phénomènes parfaitement plastiques, physiques, organiques, des principes de haute volée conceptuelle. Dans Eifo Efi, ils tendent à reproduire cet état de perception où parfois l’esprit décroche quelque peu du réel, la vision se met à flotter, l’environnement est gagné par le flou et l’indistinction. Voilà qui est subtil, et remet en cause quelques certitudes arrêtées sur l’apparence du monde. Il va sans dire que cette expérience dans les sensations est tout aussi active pour les spectateurs.
Gérard Mayen
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