Pièce pour 11 musiciens et danseurs burkinabé
« Le lien est puissant entre l’esthétique du corps noir et l’histoire politique immédiate des peuples d’Afrique et Africain-Américains. Méprisée, animalisée et bafouée aux temps de l’esclavage et des colonies, la beauté de l’homme noir aura dû regagner pas à pas la place qu’elle avait à l’âge classique. Les regards sur l’homme noir ont ainsi changé de concert, au double plan esthétique et politique dans la 2ème moitié du XXème siècle, grâce à des contributions aussi diverses que celles de Luther King, Senghor, Mohamed Ali, Mandela, Sow et même Riefenstahl.
La danse cristallise cette transformation des regards comme aucun autre art. Des grands ballets africains à Dakar ou Conakry, comme des travaux de Martha Graham ou Alvin Ailey, sont nées les approches contemporaines de l’esthétique du corps noir dans la danse, où l’homme noir a repris de sa superbe.Mais dans cette fascination contemporaine pour la splendeur du corps noir, l’homme n’est-il pas à nouveau chosifié, admiré comme jadis exploité pour ses muscles, esclave encore, mais cette fois de sa beauté ? Dans Souffles, c’est ce paradigme qu’on interroge.
Au-delà de la plastique exceptionnelle des corps, se trouve certes la puissance brute, terrienne et éblouissante d’abord, l’émotion, l’harmonie et la sensualité du geste ensuite, l’exaltation de la beauté noire en somme. Mais elle est servie par une danse contemporaine qui n’oublie pas d’où elle vient, ni pourquoi et comment elle peut et doit enfin s’exprimer. »
Irène Tassembedo
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris