Isabella Soupart - In the Wind of Time

• Fresque théâtrale pluridimensionnelle

Isabella Soupart compose ses fresques théâtrales à la manière d'une céramiste. Constituées de différents éclats de textes, de mouvements et d'images, ses pièces révèlent progressivement leur motif.

Construits avec une extrême précision, les éléments se combinent par assemblage et juxtaposition et offrent un théâtre d'une langue toute neuve.

Dans sa dernière création, intitulée In the Wind of Time, elle fait appel au roman La Montagne Magique de Thomas Mann, aux mouvements du Kalarypayat et aux images vidéo pour développer une réflexion, en plusieurs dimensions, sur le temps.

• Synopsis

Un grand Hotel. Musée vivant où tout s’expose et s’observe. Espace fermé, empli d’une tension permanente. Hall d’entrée, fenêtres sur cour où déambulent des hommes et des femmes, lieu d’errance d’un festival de films.

Comme si nous pouvions observer cette incroyable gravitation humaine par transparence. Percevoir tout autant ses mouvements, ses réalités tangibles que ses nondits, ses pensées, ses mystères. Comme si tous ces fragments de vie semés les uns après les autres, les uns dans les autres.

Comme si passé, présent et futur vibraient dans un même espace… Entre rencontres, souvenirs, confrontations et confessions. Entre ennui et désespoir, passionet tourbillon. Entre théâtre, danse et composition sonore, cinéma et architecture scénographique.

In the Wind of Time, une pièce, un climat, autour de l’universelle question du temps, autour des paradoxes et des ambiguïtés « actuels ».

Voici à l’œuvre la digne petite-fille de Jean-Luc Godard en train de démonter notre monde avec les outils de l’ironie, de la déconstruction des formes et d’une composition
complexe mêlant le texte, la danse, la vidéo, le travail sur l’espace et la lumière.

La rigueur de la mise en scène a pour effet de mettre à distance et de donner à voir ce qui participe si intimement de notre affectivité quotidienne. Car des sentiments, il y en a dans ce spectacle, mais inutilisables, tournant sur eux-mêmes, n’offrant aucune prise à leur réalisation.

On se rencontre, on se croise même dans une baignoire, mais c’est pour se quitter sans suite, avec une agréable nostalgie. Critique des relations, critique sociale, critique - sous forme de témoignages inventifs et allusifs - de la désymbolisation qui banalisent nos valeurs et permettent à la toute-puissance du marché de nous utiliser comme les objets mêmes que nous fabriquons.

La précision de la gestuelle, la netteté des dialogues (empruntés à de nombreux auteurs, Fellini, Giacometti…), le trouble des images qui se superposent à l’action sont portés par des interprètes magnifiques.

Patrick Bonté

• Les spectacles d'Isabella Soupart

Isabella Soupart, actrice-danseuse, metteur en scène et chorégraphe, travaille à Bruxelles. Elle interprète de nombreux rôles au cinéma et au théâtre.

Ses créations entre théâtre, danse et compositions sonores, cinéma et architecture scénographique reflètent un univers très personnel. De Al Dente à In the Wind of Time en passant par Boiling Point et Erasee (x) 3, les spectacles de Isabella Soupart s’échafaudent en combinant, assemblant et juxtaposant divers éléments, tels que le geste, la parole, le son, l’image…

Travaillant sur la superposition, la mise en opposition et la synchronisation, elle dégage progressivement la structure de ses pièces au fil d’une longue période de répétitions. Bâti comme un puzzle ou plutôt comme un assemblage d’éléments « contradictoires » (intégration de textes de registres et de langues différents, stylisation gestuelle, expériences sonores, musicales et visuelles multiples), son travail renferme une réflexion tangible et rigoureusement personnelle sur la question de la création contemporaine.

Les spectacles de Isabella Soupart sont dominés par l’énergie des acteurs et la vitesse d’exécution des textes déconstruits. Le jeu est physique et rythmique, teinté de naturalisme cinématographique et impré- gné d’humour et de sens dramatique. Le théâtre n’est pas ici inféodé aux mots. Le geste y est central, producteur d’effets et de significations autonomes. C’est de la déconstruction du texte et du mouvement que jaillit toute la force du sens.

Haut de page