Pour en finir avec les notes d'intentions
Ivanov, je suis à inventer
Une composition théâtrale
L'installation
La presse
Adaptation d'Ivanov d’Anton Tchekhov par la compagnie Extime.
Soyons clairs, il m'est difficile d'avoir un parti pris sur les pièces de
Tchekhov, difficile et peut-être même un peu ridicule, car s’il y a
une évidence avec Tchekhov, c'est qu'il ne construit pas une Pensée
dans ses pièces.
Il s'agit plus d'une observation de la vie, des hommes en train de
vivre et en ce sens on pourrait dire que chaque personnage est son
propre parti pris, il s'agit donc de ne pas s'arrêter sur une seule
idée.
Il y a pourtant une chose qui traverse tous les personnages
d'Ivanov : une volonté consciente ou inconsciente de s'extraire, de
sortir de leur enfermement physique, géographique et social.
Marguerite Duras disait que c'est l'écriture qui lui apprend ce
qu'elle écrit.
Il s'agit de savoir ce que l'on cherche à dire en le faisant.
Nommer ce que l'on va faire est un aveu que « l'on ne va rien
apprendre de ce que l'on fait », c'est de l'art-mort.
Mettre en scène c'est, pour moi, porter un regard sur le monde
débarrassé de mes (nos) images du monde.
Je vais tenter ici de parler de cette chose que je cherche et qui a à
voir avec le théâtre, montrer la beauté de la vie.
Tchekhov est un témoin de la vie et je voudrais que la mise en
scène soit également un témoignage et une ode à la vie.
Jean-Pierre Baro
Ivanov dit : je suis à inventer et j'en fais maintenant l'expérience. Ivanov, ou la violence nécessaire pour s'extraire d'une vie insatisfaisante, une vie où l'on ne se reconnaît plus recomposé avec soi et le monde.
Comment ne pas devenir le fantôme de sa propre existence lorsque la vie... est devant soi?
Pourquoi sa vie ne lui correspond plus?
D'où vient cette violence qui se retourne contre lui-même?
Pourquoi est-il incompris des autres?
Comment rester en vie? Comment rester vivant?
La question que pose Ivanov est finalement assez simple, comment ne pas rater sa vie? Comment être en vie?
Comment développer son propre temps à l'intérieur du temps, voilà je crois une chose que le théâtre nous offre.
J'ai toujours été obsédé par la question de la liberté sous toutes
ses formes. Il me semble que la liberté passe par le refus de
s'enfermer et le courage de s'extraire.
Il y a une violence dans le fait même d'acquérir la liberté, cette
violence n'est pas tant différente de la violence du monde.
Ivanov est un homme sans but, et être sans but ouvre beaucoup de possibilités.
Travailler sur Ivanov avec huit interprètes implique en soi une
adaptation puisque la pièce est composée d'une quinzaine de
personnages. Il s'agit donc d'écrire scéniquement notre Ivanov, en écho au texte intégral de Tchekhov. Nous travaillerons avec les
acteurs à une réduction radicale du texte pour en conserver ce qui
nous touche, nous émeut, nous parle le plus.
Une mise en scène axée sur l'écho, à quoi le texte de Tchekhov
nous renvoie, fait écho en nous.
Ce qui m'attire dans cette oeuvre, ce n'est pas simplement
l'histoire, mais mon ressenti et le ressenti des interprètes vis-à-vis
de l'oeuvre, une traversée...
C'est là que naîtra l'écriture scénique d'Ivanov [Ce qui reste dans
vie...]
Une mise en scène comme un agencement de subjectivités, des interprètes comme autant d'artistes décrivant par leur corps, leur
voix, leur pensée et leur inventivité, un regard sensible sur une
oeuvre, un monde...
Dans ce processus, la mise en scène sera le simple agencement
d'une pluralité.
Ivanov [Ce qui reste dans vie...] est une composition théâtrale,
c'est-à-dire une approche visuelle, sonore, physique.
C'est un tableau, une danse, une musique, une calligraphie de
l'âme et une écriture de la beauté.
« Et j'ai rêvé que ce que je considérais comme réalité n'était qu'un rêve, et qu'il n'y a que ce dont on rêve qui est réel. » A.Tchekhov
Transformable, modulable au gré du présent de l’action, la scénographie élargit les possibilités de lecture en évitant toute illustration du poème dramatique.
Les espaces où se déroule l'action seront superposés et même surimprimés
à l'architecture du théâtre,voire impressionnés pour et
par elle.
Il s'agit d'une installation de mobiliers, d'objets et de matériaux
concrets, permettant aux acteurs d'élaborer un travail proche de la
performance, dans un espace qui met en abîme les lieux de la
représentation et l'activité des personnages.
Quatre fenêtres traversées de lumière à jardin flottant dans l'espace, un fauteuil en cuir, des chaises en bois, une table recouverte de limon, une arme à feu, des club de golf, des bouteilles de vodka, du sang, une guitare, un piano...
« Jean-Pierre Baro revendique un théâtre où le texte trouve naissance au plus profond des corps pour en révéler le trouble et les conflits plus qu'une fade pédagogie du sens. L'univers scénique d'Extime compagnie prend ainsi sa source dans le quotidien pour rejoindre le mythologique. Sans s'embarrasser du réalisme, il aime d'abord marier le tragique et le comique, une manière empirique de s'approcher au plus près de la définition idéale de ce que l'on nomme... le théâtre. »(...) Patrick Sourd, Les Inrockuptibles
« Pychopathologie de la vie quotidienne. Incommunicalité. La charge est par moment excessive au regard de la violence qui déjà s'exerce. Mais l'analyse est fine, comme la mise en scène et l'interprètation. Les trois comédiens, Caroline Breton, Tonin Pallazzotto, et Simon Bellouard, relèvent de leur diction et de leur gestuelle qui parfois emprunte opportunément à la danse, le texte de plateau de Jean-Pierre Baro. »(...) Ingrid Merckx, Politis
« Un spectacle d'une grande vitalité, où le corps prend parfois le relais du texte. Du théâtre vraiment à l'oeuvre qui sort de la norme, avec une grande liberté et une fantaisie tellement personnelle que l'on en ressort heureux. »(...) Joëlle Gayot, Comme au théâtre - France Culture
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen