Grâce à une mystérieuse rencontre à Paris, Robert Desnos fut en mesure de révéler aux lecteurs d’un journal populaire la véritable personnalité de Jack l’Eventreur… Écrite à l’origine en une série de neuf articles publiée par Paris Matinal au début de l’année 1928, cette « enquête » menée par l’écrivain surréaliste mêle l’humour macabre et la poésie des rues de Londres aux descriptions des crimes d’un assassin que l’on imagine dandy.
Mêlant plusieurs disciplines artistiques (théâtre, musique, danse) ce spectacle peut tout aussi bien être joué en appartement, dans un théâtre ou son foyer, le grenier d’une grange, ou une modeste salle offrant une proximité avec les spectateurs.
La présence et l’importance du texte et de la musique nous ouvrent aussi les portes de lieux ouverts à des propositions croisées, festivals de théâtre, de littérature, de jazz, programmations métis etc... Ce texte envoûte celui qui le lit comme celui qui l’entend, la fascination morbide qui s’opère tient sans doute au contraste très fort entre l’horreur absolue des crimes qui furent commis, et la beauté du langage employé par le poète qui les décrit.
C’est en partant de cet écart qu’il nous intéresse de travailler la place du spectateur ou de l’auditeur, et de provoquer de l’effroi chez celui-ci, à partir d’une phrase de texte, d’un trait de violoncelle, du geste aperçu d’une danseuse ou du souffle de l’acteur. Trois artistes sont sur scène : un comédien, Nicolas Rivals, qui joue le poème en un long monologue ; un violoncelliste, Sylvain Meillan, organisateur de la matière sonore de la représentation ; et une danseuse, Armelle Gouget, témoin sensuel des victimes exclusivement féminines de Jack.
Le texte est presque chuchoté, la musique évanescente, la lumière se fait rare, souvent absente. Le spectateur doit tendre l’oreille, écarquiller les yeux. Les conditions sont alors réunies pour offrir à la salle des distances fantasmées et un rapport étroit avec le texte, afin que celle-ci sursaute au bruit d’un verre d’eau qui tombe d’une chaise et se vide sur le sol.
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris