L’histoire de Jacques le fataliste et son maître… Aventure picaresque, traversé par des réminiscences, des rencontres suscitant d'autres récits comme celui, célèbre, du marquis des Arcis et de Mme de La Pommeraye…
L’œuvre est une succession de discussions, de rencontres, de retournements de situations... Disons que Jacques et son maître voyagent. Ils se tiennent compagnies, discutent et se disputent, rencontrent des gens… discutent et se disputent. Et une fois ces gens rencontrés, ils tiennent sur leurs propos des avis différents et… discutent et se disputent.
Tout cela pourrait être un tantinet répétitif si la verve sublime de Diderot ne leur attribuait un panache exceptionnel et si les personnages n’étaient pas dessinés avec éclat. Tous les personnages ! Ils sont généreux, vifs, cruels, perfides, courageux ou veules mais avec passions et fougues. Et les situations dramaturgiques sont pleines d’inventivités et de fantaisies. C’est souvent très drôle et parfois bouleversant.
C’est une exhortation à vivre ! Jacques et son maître sont deux hommes qui ont compris que finalement tout leur échappait mais qui vivent cette situation singulière en partageant une belle amitié et aussi… quelques jolies donzelles.
Bonheur d’une amitié pure, bonheur de partager et de s’émerveiller ensemble. C’est une oeuvre généreuse qui embrasse la vie !
Plus intellectuellement parlant, cette « parodie romanesque » à la structure complexe, à la fin ouverte, manifeste l'irréductibilité d'un ordre supérieur inscrit sur le « grand rouleau » du déterminisme universel, et d'un vécu déconcertant qui paraît réglé par les seuls « caprices du destin » (J. Ehrard). Écart qui se reproduit entre l'auteur réel imposant de fait à son texte la nécessité du « c'est écrit là-haut » et un auteur fictif qui se grise d'arbitraire et de liberté : « Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? »
Récemment un ami m’a demandé pourquoi j’avais adapté « Jacques le fataliste et son Maître », une oeuvre vieille de plus de deux cent ans…. J’ai cru sentir, dans cette question, comme une petite pointe de reproche. Oui, je subodorais qu’il me soupçonnait de défendre une oeuvre vieillotte, voire caduque, une pièce « musée », plus intéressante pour les historiens que pour le public. Soupçon tellement éloigné de ce que je ressens que j’en suis resté d’abord sans voix.
Avant de lui répondre, je lui demandai s’il avait lu ce roman ? Le « oui » qu’il m’a répondu avait comme une petite teinte d’ancien collégien pas tellement sûr de lui… Fort de cette première impression, je lui ai donc déclaré que : « Le temps ne faisait rien à l’affaire (Molière !) Et que les oeuvres les plus sublimes, c'est-à-dire celles qui touchent à la substantifique moelle de l’homme sont intemporelles (Rabelais !) ».
Là, j’ai vu son regard d’ancien collégien reprendre vie et me reprocher une formulation « toute faite et passe-partout ». Contrit je fus ! Je mis donc au vestiaire ma panoplie de professeur de lettres et je lui ai racontai tout le bonheur que j’avais eu à fréquenter pendant trois mois Jacques et son Maître, lors de mon travail d’adaptateur. C’est une très belle histoire d’amitié particulièrement touchante.
Deux hommes, Jacques le domestique et son Maître, voyagent ensemble depuis plus de dix ans. Ils se complètent à merveille. L’un couard, l’autre courageux, l’un débrouillard et l’autre maladroit, l’un riche, l’autre pauvre, l’un subtil et l’autre…un peu moins. Mais aussi bavards l’un que l’autre ! J’ai eu envie de mettre en scène cette conversation brillante, vive, pétillante, où les personnages évoqués jaillissent soudain sur scène et participent, tant par le verbe, que par l'action à cette délicieuse aventure.
OEuvre pour gourmands et gourmets, aussi profonde que légère, aussi piquante que policée. Je souhaite partager cette désinvolture, cette joie de vivre, cette allégresse, sentiments qui n’ont rien de caduc (heureusement ! ! !) mais dont, je crois, nous manquons peut-être, en ce moment…
Nous avons été enchantés, emballés, enthousiasmés par la prestation de ces actrices et acteurs. Quelle performance, un parcours sans faute, avec un texte difficile, inattendu et incisif, et dans une longue durée. Bravo, mille fois bravo. C'était époustouflant. Nous félicitons cette Compagnie si sympathique et engagée, y compris les artistes qui ont joué plusieurs rôles. Excellente, l'idée des masques. La mise en scène, si minimaliste en termes de décor, était parfaite. Les acteurs occupaient bien l'espace, de façon que le public soit toujours étonné, surpris par les déplacements... Nous sommes un peu connaisseurs, étant nous-mêmes de modestes créateurs (paroliers, auteurs, notamment d'un spectacle musical). Nous en sommes d'autant plus difficiles et attentifs, car la culture est notre passion.
Diderot est à l'honneur au théâtre 12 grâce à l'époustouflante performance de la compagnie "les trétaux bleus" qui interprète avec brio le célèbre roman picaresque "Jacques le fataliste et son maître". Un régal!
Claude Gisbert, et la troupe des trétaux bleus, ont réussi à me faire passer 1h45 de bonheur : - la philosophie de Diderot - l'humour de Diderot - avec une touche de Comedia dell'arte sur un rythme des plus enlevé A ne pas rater!
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Nous avons été enchantés, emballés, enthousiasmés par la prestation de ces actrices et acteurs. Quelle performance, un parcours sans faute, avec un texte difficile, inattendu et incisif, et dans une longue durée. Bravo, mille fois bravo. C'était époustouflant. Nous félicitons cette Compagnie si sympathique et engagée, y compris les artistes qui ont joué plusieurs rôles. Excellente, l'idée des masques. La mise en scène, si minimaliste en termes de décor, était parfaite. Les acteurs occupaient bien l'espace, de façon que le public soit toujours étonné, surpris par les déplacements... Nous sommes un peu connaisseurs, étant nous-mêmes de modestes créateurs (paroliers, auteurs, notamment d'un spectacle musical). Nous en sommes d'autant plus difficiles et attentifs, car la culture est notre passion.
Diderot est à l'honneur au théâtre 12 grâce à l'époustouflante performance de la compagnie "les trétaux bleus" qui interprète avec brio le célèbre roman picaresque "Jacques le fataliste et son maître". Un régal!
Claude Gisbert, et la troupe des trétaux bleus, ont réussi à me faire passer 1h45 de bonheur : - la philosophie de Diderot - l'humour de Diderot - avec une touche de Comedia dell'arte sur un rythme des plus enlevé A ne pas rater!
6, avenue Maurice Ravel 75012 Paris