Jardins barbares

Friedo : Ça fait vide chez vous.
Sonni : Nous aimons l’espace. La lumière. L’harmonie intérieure.
Friedo : C’est pas ça que je veux dire. C’est seulement que... ça fait sacrément vide ici.
Frieda : Adolphe Hitler était originaire d’Autriche, ce qui est vachement drôle quand on pense que les allemands n’aiment pas vraiment les étrangers.
Sigi : Il existe 104 éléments en chimie, à chacun desquels on attribue un nombre qui va de 1 à 104.

Daniel Call - Jardins barbares

Daniel Call est un des jeunes auteurs allemands les plus joués actuellement. Avec d’autres jeunes dramaturges, il revendique la création d’un lieu à Berlin pour le théâtre qui s’écrit aujourd’hui. Et qui parle d’aujourd’hui. Il définit sa pièce Jardins Barbares comme une comédie de boulevard et c’est vrai que nous en avons les ingrédients. Deux couples habitent dans deux maisons voisines à la campagne, les hommes sont frères. Friedo et Frieda sont installés là depuis quelque temps, Sigi et Sonni viennent d’arriver. Friedo dirige une entreprise d’électricité, Sigi est chimiste, Frieda a une ribambelle d’enfants et s’occupe de sa maison, Sonni a un magasin de mode en ville. D’un côté la bêtise naïve de Friedo et Frieda, de l’autre la bêtise prétentieuse de Sigi et Sonni. Dialogue de sourds, conflits de goûts, générosité envahissante des uns, attitude méprisante des autres, lâcheté des hommes, agressivité des femmes, la haine monte, la cohabitation tourne au cauchemar. C’est la barbarie au quotidien que décrit Daniel Call celle qui fait "d’idiots ordinaires", comme il définit ses personnages, des tueurs en puissance. Sa "comédie de boulevard" devient comédie barbare et c’est ce dérapage qui intéresse Pascale Siméon passionnée par les auteurs chez qui réalisme et fantastique se mêlent.