Colette Magny chantait les poètes. Elle faisait du cut-up dans l’actualité, dans la pensée, partout où l’attirait son désir forcené d’amour et d’humanité : « le premier homme serait né en Afrique / il y a quinze millions d’années / est-ce de terreur qu’en Occident / nous sommes devenus tout blancs ? » Claude Guerre a été élevé à la mamelle d’amour de cette femme hors du commun. Avivé et instruit, formé et creusé, ébloui, il doit à présent rendre la malle de merveilles et offrir le témoin qui lui a été transmis. Le voici devant un rêve : rendre hommage à la grande Magny ! La grande Magny qui chantait le blues. La Magny qui chantait les luttes. La Magny qui chantait l’amour.
De Colette Magny, chanteuse des années 70, il reste hélas peu de choses, hormis un disque dans les bacs et une célèbre chanson, Mélocoton. Cette chanteuse incomparable sillonnait le pays, chantait à Bobino, à l’Olympia, à la Fête de l’Huma, dans tous les galas de soutien imaginables. Elle croisait la voix avec les contrebasses de Beb Guérin et Barre Philips, les orchestres de Henri Texier, de Louis Sclavis, le piano d’Anne-Marie Fijal… Elle faisait chanson de tout bois. Elle mettait au service des poètes son talent inouï de mélodiste et de chanteuse. Elle a chanté Rilke, Maïakovski, Aragon, Hugo, Machado, Artaud, Carroll, Rimbaud. Trente chefs-d’oeuvre.
Claude Guerre a transmis à Odja Llorca le goût de cette musique juteuse et gouleyante. L’exigence de la chanson de haut vol. La puissance du chant qui s’égale au sens. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de rendre hommage, mais avant tout de faire vivre cette puissance de feu de la poésie armée de musique. Que notre temps se mesure à cette beauté et qu’il en jouisse. Alors, rien ne sera plus pareil.
« Allez, allez, allez ! On se dépêche ! On passe une heure et quelque de découverte et de ravissement. Sans nostalgie. Au pur présent du talent. Mais avec en même temps, quelque part au fond du coeur, l'émerveillement d'un sentiment bien particulier : la renaissance d'un répertoire aimé et proche. » Armelle Héliot, Le Figaro
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