Je vous Aime Monsieur Simon : Je Vous Enlève

Que cherchez-vous donc ? Ce qui a tari vos larmes ?

En écho à Baban kim (Mes fils), qu’il écrivait pour ce théâtre et créait dans la petite salle à l’automne dernier, Jean-Marie Patte revient cet automne pour une soirée unique de théâtre de lecture.

Regard tendre porté en arrière sur des fils disparus ? Un rien de nostalgie ?

Une année plus tard, l’histoire commencée à la Colline se poursuivra avec Jean-Marie Patte d’une toute autre manière, à travers des textes qu’il aura choisis au gré de ses caprices et de sa fantaisie.

Pour ce théâtre encore, Jean-Marie Patte, seul en scène sur le grand plateau, livrera un de ces moments de théâtre pur dont il a le secret.

Un rêve, à la limite de l’impossible, un homme de théâtre aura réussi à le vivre intégralement : c’est Jean-Marie Patte qui, tout en ayant été un fascinant Roi Soleil jeune dans le film de Rosselini : La Prise du pouvoir par Louis XIV (1966), poursuit, à l’écart de toutes les institutions, de toutes les modes et de toutes les coteries, la plus solitaire des démarches. Il est acteur : un acteur tout ensemble secret, détaché, impérieux ; il écrit souvent ses textes, mais il ne craint pas d’emprunter à la littérature dans ce qu’elle a de plus hautain (de Sophocle - il a réalisé deux Œdipe - et Sénèque, à Mallarmé et à Kafka, en passant par Marlowe, Corneille - Rodogune - et Goethe) et de mêler ceux-ci à ceux-là ; il joue parfois seul, parfois avec des comédiens qui font un peu partie de sa famille… Il a signé une cinquantaine de spectacles, presque tous confidentiels. Quelquefois, l’impossible arrive : dans le dénuement d’une représentation épurée de tout spectaculaire, son « théâtre de lecture » resplendit de la présence sensible du comédien faisant corps avec le texte ; il s’impose avec la force d’une évidence et ne s’efface plus de notre mémoire.

Bernard Dort
Extrait de Le Théâtre en France