Jeanne Cherhal - Douze fois par an

le 2 avril 2005
2H30

Jeanne Cherhal - Douze fois par an

Ses chansons sont acides et tendres, aussi tranchantes que fleur bleue, nourries d’un curieux optimisme et d’une bonne dose de réalisme. Jeanne Cherhal y raconte des histoires d’amours bancales, visite son enfance et porte une sorte de féminisme contemporain, teigneux et éploré à la fois, mais toujours au second degré. Une occasion de savourer l’univers d’une artiste insolente et infiniment romantique.

Une artiste insolente et infiniment romantique
L'album

La presse

Trois ans de tournée sur les scènes françaises (notamment en première partie d’artistes comme Thomas Fersen, Jacques Higelin ou Georges Moustaki) et Jeanne Cherhal sort son premier album studio. Cette Nantaise de 26 ans ressemble aux jeunes femmes de sa génération dont elle croque les portraits avec gourmandise.

Ses chansons sont acides et tendres, aussi tranchantes que fleur bleue, nourries d’un curieux optimisme et d’une bonne dose de réalisme. Jeanne Cherhal y raconte des histoires d’amours bancales, visite son enfance et porte une sorte de féminisme contemporain, teigneux et éploré à la fois, mais toujours au second degré.

L’ambiance musicale concoctée avec la complicité de Vincent Segal (membre du duo Bumcello ou violoncelliste de M) accompagne ces instantanés, entre jazz, pop et blues. Les titres virevoltent, cabriolent, s’emballent et s’apaisent soudainement.

Ce concert est une occasion de savourer l’univers singulier d’une artiste insolente et infiniment romantique.

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Il règne sous cette bulle comme un microclimat radieux, pétulant, brièvement assombri par le blues (Sad love song), mais les airs insouciants qui s’y fredonnent de bon cœur possèdent toujours leur petit contrechamp acide. Voire quelques accents graves (Les chiens de faïence) en regard aux fous-rires aigus (Rural). C’est, au hasard, l’unique fois qu’on entendra une diplômée en philo narrer au moyen d’un vocabulaire particulièrement olfactif un débouchage de WC homérique (La Station).

Tout cela, bien sûr, est à mettre au crédit de Jeanne Cherhal, dont les talents de croqueuse de portraits sont désormais parfaitement assis, à califourchon sur une langue française fleurie, poivrée et bien pendue. Cette écriture, plus féminine que féministe, apparaît volontiers comme une mise en musique et en situation des dossiers "psycho" pour magazines du même genre : on y épingle les filles qui en pincent pour un homme marié (Un couple normal), ou au contraire celles qui s’apprêtent à passer l’alliance (Les photos de mariage), celles qui rêvassent sur les beaux mecs croisés dans la rue (Parfait inconnu), et même celles qui se tordent de douleur, Douze fois par an.

Mais si Jeanne parle sans détour des règles, ses chansons, elles, se gardent bien d’en observer. Tour à tour elles virevoltent, s’apaisent, s’emballent, cabriolent et, miracle de la gravitation, retombent toujours sur leurs pattes. Elles sont comme des instantanés qui éclatent à la lumière, tantôt en Super 8 avec du grain (de folie), tantôt façon Grand 8 lancé à plein régime, zigzaguant entre les clichés et les sous-entendus grinçants.

Partant du même sujet, Douze fois par an aurait pu s’intituler "Douze chansons pendant le déluge", en clin d’œil appuyé à Brigitte Fontaine et Jacques Higelin dont Jeanne admire depuis toujours la fantaisie libertaire. Au lieu de ça, et mieux encore, c’est Higelin en personne qui vient lui donner la réplique dans les dernières coudées de Je voudrais dormir, l’ultime chanson de cet album tellement excitant qu’il pourrait effectivement rendre insomniaque.

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"Cherhal raconte des histoires d'amour bancales, trace des portraits mi-doux, mi-graves, visite son enfance, porte une sorte de féminisme contemporain, à la fois teigneux, éploré et second degré. Evidents succès de scène, ses chansons prennent au disques des dimensions moins immédiates, moins jaillies, un goût plus long. Cela fait un des plus stimulants albums de ce début d'année." Bertrand Ducale, Le Monde de la musique

"Une douzaine de chansons parmi les plus attachantes du moment." Le Figaro, 22 janvier 2004

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