Début de la pièce
Note d'intention
Point de vue du metteur en scène
Parti pris de la mise en scène
Note d'intention musicale
" Jeanne ou la mort volée " est l'histoire de la dernière journée de Jeanne d'Arc sans sa prison de Rouen, où, dans une ultime rencontre elle va devoir affronter son juge Pierre Cauchon.
Celui-ci lui propose un marché inacceptable : sortir de prison et se marier pour se faire politiquement oublier, quitte à ce qu'une " sorcière " prenne sa place sur le bûcher.
La genèse de ce projet remonte à sept ans, lorsque mon amie Simonetta Cerrini, Médiéviste, me présenta ce texte sur Jeanne d'Arc, d'Elena Bono, auteur contemporain, me proposant, tout d'abord la traduction, puis une mise en scène.
La traduction fut réalisée en quelques semaines ; la mise en scène, elle, dut attendre six ans, que l'occasion théâtrale et tout ce qu'entraîne ce genre de projet puissent être réunis.
Elena Bono me réitéra les droits d'auteur et le Service Culturel de Gisors (Eure) nous offrit les moyens de réaliser cette création dont le texte est toujours inédit en France.
Depuis sa création, en 1999, ce spectacle a déjà été repris une première fois en mars 2000, à Paris et suit son exploitation toujours à Paris.
Grâce à Elena Bono qui cautionna notre travail depuis sa création, notre Compagnie va avoir la possibilité de donner plusieurs représentations en Italie à Pise (Toscane) et à Santa Margherita in Liguria, en juillet 2001, à l'occasion de leurs festivals d'été.
Si j'ai choisi de traduire ce texte d'Elena BONO, c'est grâce à mon amie Simonetta CERRINI qui savait plus sûrement que moi-même que je me laisserais conduire là où Jeanne voudrait m'emmener.
Femme, je l'ai suivie, comme n'importe lequel de ses soldats, sur son chemin de mystère et mysticisme. Ainsi, au prix du rationnel, j'ai appris à reconnaître le rayonnement de son âme en dépit de tous ceux qu'elle gênait et qui, politiquement, en ont fait un pion.
Ce n'est pas sa cause que j'ai voulu défendre, d'autres s'en sont chargés mieux que moi ; j'ai voulu montrer, avant tout, combien Jeanne d'ARC pouvait être touchante et émouvante dans ses convictions et sa conduite de femme.
Sophie Elert
Parti pris de la mise en scène
Le théâtre démontre, dénonce, mais reste avant tout un outil de l'imaginaire.
Le choix d'une scénographie dépouillée, quasi nue, permet de mettre davantage en valeur les propos que nous offre l'auteur et de laisser aux comédiens la possibilité de créer leur propre univers sans avoir à se fondre dans des conventions établies.
La représentation d'un décor vériste ne me semblait en rien indispensable : la " boite noire " se suffisant à elle-même pour représenter l'enfermement et la solitude de Jeanne.
Pourquoi des costumes d'Epoque ?
Louis Jouvet disait " Avant de faire des relectures, faisons donc une vraie lecture " . C'est donc par choix délibéré que j'ai laissé Jeanne dans son contexte historique afin de conserver le classicisme et l'esthétique de l'époque, la modernité du texte et son propos suffisant amplement, à mon sens, à mettre les personnages dans une situation purement contemporaine.
Dire Jeanne en musique, c'est à la fois partager sa faiblesse, sa torture, son désespoir et reconnaître la victoire d'une femme dont la foi déplace des montagnes temporelles, humaines et politiques. C'est aussi la prière, la voix intérieure, celle de l'Esprit, moins inaudible, qui accompagne les âmes espérantes.
Dans cette volonté d'exprimer la douleur et l'espérance, j'ai construit les deux chants de la pièce dans le crescendo des états psychologiques de Jeanne. Un Kyrie Eleison pour appeler Dieu à la pitié et au pardon et un Eli lema Sabachtini (Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné) pour rappeler les paroles christiques que doit faire siennes tout pèlerin en marche vers son amour. Si ces paroles de psaumes ont gardé un accent oriental, c'est pour désigner la modernité du message encore valide, davantage souligné par un accompagnement tout à fait contemporain. Il n'était pas question de restreindre Jeanne à une figure historique, mais bien plutôt de rendre actuelle sa " conversion " avec Dieu qui échappe à son époque, puisque parvenue avec force jusqu'à nous.
Les deux voix de femme symbolisent le haut et le bas, le bien et le mal, ce qui cerne tous nos combats et les invitent à s'éteindre dans une autre dimension, éternelle, celle-là.
Dany Lecènes
3, cité Souzy 75011 Paris