Jekyll

Terré au fond de son laboratoire oublié, le docteur Jekyll confesse sa double identité. Il revient sur sa propre histoire, depuis Jekyll enfant, au Jekyll étudiant sur les bancs de l’amphithéâtre des médecins jusqu’au Mr Hyde traqué par la police londonienne, en passant par un Mr Hyde concupiscent et assassin.

Composé pour deux chanteurs, un comédien, un ensemble instrumental et un chœur, la partition signée Raoul Lay fait écho à la fragmentation et à la multiplicité du docteur Jekyll. C’est pour répondre à l’immoralité de ces pulsions que le docteur crée son double, capable de les accomplir à sa place. Parfois présent sur scène, parfois personnifié par un acteur se détachant du chœur à la manière d’un coryphée antique, le philosophe François Flahault ponctue Jekyll de pensées métaphysiques.

« Le projet Docteur Jekyll et Mister Hyde est l’occasion pour moi de poursuivre une aventure commencée il y a plusieurs années avec Raoul Lay et l’Ensemble Télémaque : une recherche croisée tout a fait originale sur les liens entre musique et théâtre. Recherche croisée car elle commence dès les premiers rêves sur le projet et se décline à chaque création de manière différente. Parfois c’est le choix d’un texte qui est à l’origine d’un spectacle, parfois un thème porté par le compositeur. La première fois qu'il m’a exprimé son désir de travailler avec moi, Raoul Lay avait été particulièrement troublé et intéressé par mon travail théâtral sur le double, obsession récurrente qui me fait souvent porter un personnage par deux acteurs. Docteur Jekyll et Mister Hyde est donc l’aboutissement logique de cette attirance commune. Travail sur le double, double direction… ici le duo devient trio car le projet s‘élabore aussi avec le philosophe F. Flahaut. Les idées se confrontent, rebondissent. Le rapprochement entre narration classique et exégèse philosophique m’a fait penser à un film que j’ai beaucoup aimé “Mon oncle d’Amérique” d'Alain Resnais où l’histoire, la narration servait en quelque sorte d’illustration aux thèses du biologiste Henri Laborit. C’est ce tressage là que nous allons imaginer entre théorie, fiction et musique. »

Catherine Marnas