Le premier jour de répétition sur la scène d’un théâtre vide. Deux femmes, deux “monstres” se retrouvent. Gertrude, auteur respecté et metteur en scène délirant, affronte Hortense, comédienne naguère adulée et aujourd’hui dépassée par l’univers mégalomaniaque de son gourou : David.
Satire et dérision nourrissent cette comédie au scalpel, formidable règlement de compte entre deux tempéraments qui s’attirent autant qu’ils se révulsent.
La pièce a été créée et jouée au théâtre de l’Oeuvre en 2002 par Danièle Lebrun et Francine Bergé. Son auteur, Victor Haïm, a obtenu en 2003 le Molière du meilleur auteur francophone vivant pour cette pièce.
Il s’agit là d’une comédie désopilante ? Oui !
Mais aussi : D’un rendez-vous historique sur une scène de théâtre. De deux femmes, de deux monstres, consacrés... mais qui ont besoin l’une de l’autre pour se dépasser ! L’auteur à succès et la star adulée.
Le ring est prêt, trompeur dans sa demi-obscurité : tout est question de lumière, d’atmosphère, l’une le sait, l’autre le devine. Et si le médiateur, le témoin dans sa “régie” reste muet, il lui arrivera de prendre quelques initiatives “lumineuses”, ici et là, pour rappeler sa présence intéréssée et pour aiguiser le débat. Il est Dieu, il le sait, mais n’en tirera aucune vanité.
Elles, sont à couteau tiré, également pleines de leur Ego, impériales, démesurées, prêtes à en découdre... Elles brûlent de se mesurer et échangent des regards fauves et menaçants, dans leur détente puis d’un coup se raidissent et frappent, comme coups de griffes quelques répliques estomaquantes. Elles sont prêtes à l’estoc et ont la taille !
Le rire peut fuser dans la salle, elles ne l’entendent pas. Elles sont tout à leur “corps à corps”. Mais si elles luttent, c’est en courant après un rêve : - s’atteler l’une et l’autre au même char, au même projet, celui de créer l’ouvre atypique, hors normes, le “show” brûlant sur un texte polaire, qui peut, d’un trait les projeter, l’une et l’autre, associées à jamais au plafond de la postérité.
Et si haut, dans la séduction éclatante du jeu, comme dans la profondeur du propos, que l’oeuvre restera exemplaire, brillante dans la voûte céleste, hors de portée des critiques et des envieux. Pour qu’enfin elles puissent vivre, chaque jour en toute simplicité, dans leurs habits de lumière : le Mythe admirable et mérité de deux légendes vivantes.
Tout cela se déroule sur fond d’un régime totalitaire qu’on devine insidieux et pesant. Et, si il est allègrement vécu par l’Actrice, qui tire même quelque fierté de sa honteuse liaison avec le pire suppôt du pouvoir, ce régime détestable, est vigoureusement honni par l’Auteur militante engagée de la démocratie. Et pourtant, par un délicieux paradoxe : sitôt la casquette du Metteur en scène coiffée, c’est l’Auteur qui se révèle comme un effroyable tyran !
Ces quelques notes, sans jamais oublier qu’il s’agit là d’une comédie... désopilante !
Jean-Pierre Andréani
Un texte brillant, des comédiennes au sommet de leur art et une mise en scène au service de tout ce talent... Que dire de plus sinon qu'il faut absolument aller voir cette pièce.
Un texte brillant, des comédiennes au sommet de leur art et une mise en scène au service de tout ce talent... Que dire de plus sinon qu'il faut absolument aller voir cette pièce.
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