Présentation
Knock Aujourd’hui
Jouvet et Knock
Le Docteur Knock se dit médecin. Il en a même le diplôme mais se soucie peu du serment d’Hippocrate. Il vient s’établir dans le petit canton de Saint-Maurice pour prendre la succession du Docteur Parpalaid. Après s’être installé dans la petite bourgade saine et sereine, il la transforme en un prospère sanatorium. Knock ou les finesses d’un charlatan ?
Mais contrairement à l’idée que l’on se fait d’un charlatan, le Docteur Knock en sait peut-être plus que l’ancien médecin de campagne. Et l’appât du gain n’est pas son seul mobile.
Gourou scientiste de la secte Médecine, le Docteur Knock a la puissance inquiétante d’un dictateur. Il instruit ses patients en décrivant l’étendue infinie des maux et des symptômes possibles. A l’aide de mots savants, de schémas et de radios, il insinue la maladie dans l’esprit de ses concitoyens. Et obtient leur reconnaissance unanime.
Dans cette nouvelle mise en scène de Maurice Bénichou d’un texte cher à Louis Jouvet, Fabrice Luchini donne à son personnage toute la dimension d’un Machiavel avec le talent qu’on lui connaît.
Depuis bientôt soixante-dix ans, Knock ou le triomphe de la médecine constitue un des sommets de la comédie satirique française et une œuvre emblématique du répertoire. Pourquoi une telle pérennité ? Au-delà d’un texte aussi efficace qu’équilibré, d’une dramaturgie à la fois limpide et rigoureuse, Knock nous parle d’abord de nous-mêmes. Issue des rêves unanimistes de Jules Romains, philosophe social, poète des groupes et des conflits qui naissent dans les cités du XXème siècle, l’œuvre confronte le spectateur à une sorte de duel : celui qui oppose, jusqu’à la chute finale du docteur Parpalaid, nos peurs et en premier lieu la plus puissante d’entre elles, la peur de la maladie, la souffrance et de la mort, à la foi exaltée de Knock.
Mais la « prise de pouvoir » de Knock sur Saint-Maurice – émouvant et pathétique microcosme de n’importe quelle petite ville – n’est possible qu’en raison de l’abdication des hommes au profit de l’un d’entre eux. La pièce nous renvoie alors à un univers où l’homme providentiel bafoue l’esprit critique du citoyen, où celui-ci se dépouille – au propre et au figuré (nous sommes dans un cabinet médical, où le « patient » se dénude devant l’homme de science…) – de ses oripeaux d’homme prétendument civilisé pour ne plus offrir à celui qui le manipule que sa simple « guenille » corporelle. C’est de cette mise à nu que Knock me paraît détenir – encore aujourd’hui – sa puissance souterraine et renouvelée. Et Knock – peut-être le « copain » de 1913 devenu, après l’absurde boucherie de la Grande Guerre, un meneur d’hommes froid et cynique –joue cette carte-là. C’est sans doute aussi pour cette raison que l’apparent réalisme de l’œuvre – les détails qui la dateraient irrémédiablement – s’efface devant la portée universelle de son propos. Knock, autant qu’une comédie, est une fable sur la rencontre entre les aspirations troubles et lâches de nos contemporains avec la passion du pouvoir chez celui qui a su les discerner pour les utiliser.
Nous sommes ici d’ailleurs au cœur d’une des lignes de force de toute l’œuvre de Jules Romains, et en particulier de son théâtre, qui a voulu inspirer l’emprise de l’imposture sur la vie de la cité. Il y a là une réflexion salubre – parfois mêlée d’une sorte de jubilation proche du canular – sur les mécanisme de l’oppression, de la résistance ou de la capitulation d’un groupe, voire de toute une société, devant ceux qui menacent un certain bonheur, une certaine joie de vivre. Le théâtre de Jules Romains nous apprend à rester vigilants. Et cette leçon de morale, née un soir de décembre 1923 à la Comédie des Champs-Elysées, pourrait bien ne pas être totalement dépourvue de sens en ce début de XXIème siècle.
Olivier Rony, avril 2002.
in Jules Romains ou l’appel au monde
Créé par Jouvet le 15 décembre 1923 à la Comédie des Champs Elysées, Knock rencontre un tel succès que la pièce est reprise chaque fois que Jouvet rencontre des difficultés financières. Elle est de toutes les tournées et fait l’objet de deux adaptations au cinéma, en 1933 et en 1950. Le rôle du Docteur Knock devient ainsi l’un des plus célèbres masques du comédien Jouvet.
Jules Romains destinait Knock à la Comédie-Française. Sur les conseils et l’insistance de Jouvet, il lui cède la pièce. Après tout pourquoi la refuser à un homme qui la comprenait si bien ? Mais Jules Romains souhaite que son personnage reste profondément naturel, direct, vivant. Or il se rend compte au fur et à mesure des répétitions que Jouvet compose un personnage trop éloigné de l’authenticité dont il rêvait. Quelques jours avant la générale, Jules Romains se décide à lui parler : « Vous composez le rôle. A mon avis, c’est une erreur. Vous avez une occasion magnifique d’être vous-même, d’user directement de vos moyens. Oui, vos regards, vos jeux spontanés de physionomie. Le ton que vous avez dans la vie pour répondre aux gens. Elaborez, stylisez tant que vous voudrez. Mais que le travail s’effectue sur une matière naturelle et vraie ». Dès le lendemain le changement est radical ; Jouvet mit simplement les traits essentiels de son personnage en lumière : « Il créait le personnage définitif, en ce sens que pendant plus de trente ans, et au cours de deux mille représentations, il a pu le jouer sans y apporter d’autres modifications que des finesses de détail (…) qui sont le fait d’une longue expérience et d’une maîtrise mûrie. »
Jules Romains
Souvenirs sur la création de Knock, programme de la reprise de Knock
1960, Théâtre Hébertot.
Par son action et ses personnages, par la médecine, Knock a fait penser à certaines œuvres de Molière (…). Si Knock a pour objet la médecine, la médecine n’est qu’un prétexte. L’œuvre est au-delà de cette figuration où le corps médical se reconnaît parfois, où il croit distinguer la silhouette de confrères suspects.
Toutes les nouvelles menaces éparses dans le monde depuis cinquante ans s’illustrent dans la parabole ou l’apologue de Knock (…). On voit comment les idées gagnent un ascendant sur les esprits et sur les corps, comment, par une insidieuse provocation, elles maîtrisent les hommes et les asservissent (…). Dans la mesure où le classique est autorité, simplicité, où il est mesure de la mesure humaine, Knock est une grande pièce classique."
Louis Jouvet
A propos de Knock
programme pour le 25ème anniversaire de la création de
Knock, 1949
Athénée Théâtre Louis-Jouvet.
Pour ma part, j'avais été un peu déçue par le Luchini et ses lectures en solo. Avec Knock, je l'ai trouvé épatant, se démarquant bien de Jouvet, et manipulant adroitement et avec une réelle efficacité le cynisme inhérent à son personnage et ce ... pour notre plus grand plaisir. J'ai trouvé que l'intermède musical était un petit bijou parfaitement assorti au ton de la pièce.
pas mal mais il est nettement meilleur en "one man show" et l'interprétation de cette pièce par JOUVET colle plus à l'époque où Jules ROMAIN l'a écrite et publiée
Nous avons adoré ce "Knockini". Les critiques de cette pièce était bonne mais Libération, parlant des premières représentations, disait que Luchini ne se lâchait pas assez et était trop sobre. Il a dû réagir à ses critiques puisqu'on y a retrouvé le Luchini qu'on connait. Certaines répliques sont mémorables et dit par Luchini ça marque. Luchini convient à merveille à ce rôle de médecin "es-marketing" qui prend ses patients pour des clients et déploit une stratégie digne des grandes écoles de commerces. C'est bien joué et d'actualité. La mise en scène et les décors sont remarquables. Mais le plus excellent a été la crise de fou rire de Luchini vers la fin de la représentation, il lui a fallu quelques instants pour reprendre ses esprits pendant que la salle applaudissait et les autres comédiens improvisaient. Un moment unique. Et surtout, pendant les rappels (4), on a vu un Luchini respirer à plein poumon comme se ressourçant avec les applaudissements du public.
Pour ma part, j'avais été un peu déçue par le Luchini et ses lectures en solo. Avec Knock, je l'ai trouvé épatant, se démarquant bien de Jouvet, et manipulant adroitement et avec une réelle efficacité le cynisme inhérent à son personnage et ce ... pour notre plus grand plaisir. J'ai trouvé que l'intermède musical était un petit bijou parfaitement assorti au ton de la pièce.
pas mal mais il est nettement meilleur en "one man show" et l'interprétation de cette pièce par JOUVET colle plus à l'époque où Jules ROMAIN l'a écrite et publiée
Nous avons adoré ce "Knockini". Les critiques de cette pièce était bonne mais Libération, parlant des premières représentations, disait que Luchini ne se lâchait pas assez et était trop sobre. Il a dû réagir à ses critiques puisqu'on y a retrouvé le Luchini qu'on connait. Certaines répliques sont mémorables et dit par Luchini ça marque. Luchini convient à merveille à ce rôle de médecin "es-marketing" qui prend ses patients pour des clients et déploit une stratégie digne des grandes écoles de commerces. C'est bien joué et d'actualité. La mise en scène et les décors sont remarquables. Mais le plus excellent a été la crise de fou rire de Luchini vers la fin de la représentation, il lui a fallu quelques instants pour reprendre ses esprits pendant que la salle applaudissait et les autres comédiens improvisaient. Un moment unique. Et surtout, pendant les rappels (4), on a vu un Luchini respirer à plein poumon comme se ressourçant avec les applaudissements du public.
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.