L'Héritier de village

L'Héritier de village
CLASSIQUE Terminé

Blaise est un paysan au langage fleuri et à la bourse plate. Jusqu’au jour où il reçoit de son défunt frère un héritage inattendu.
  • Un classique vu par une femme d'aujourd'hui

Le voilà riche de cent mille francs qu’il place, sur les conseils d’un banquier. Tout imbu de sa nouvelle position, il adopte de grands airs, singe les manières du beau monde et scelle les épousailles de ses enfants avec deux nobliaux sans le sou, fous amoureux du magot. La noce bat son plein quand la nouvelle tombe : le banquier s’est enfui avec la caisse. La sanction n’attend pas : tout ce joli monde décampe illico et lui tourne le dos presto.

Metteure en scène d’opéra et de théâtre, Sandrine Anglade porte sur cette pièce de 1725, écrite au lendemain de la fameuse banqueroute de Law, le regard d’une femme d’aujourd’hui. Elle en modernise les détails mais l’essentiel n’a pas à l’être. Le nouveau riche de Marivaux est ridicule, mais plus pathétique que grotesque parce qu’il n’est qu’une victime. Victime d’une société corrompue par l’argent, dupe d’une fausse connivence nouée par intérêt et dindon d’une farce qui, en 2017, fait toujours recette.

  • Une texture sonore originale

La musique se fera la complice du texte. Elle colore ici des univers en perpetuelle tension, entre la farce et l’amertume. Elle accompagne les différents niveaux de mise en théâtre de la pièce, des paysans jouent aux riches, qui eux feignent la pastorale poétique, comme une spirale où chacun se perd d’un commun accord. La musique structure le temps, crée des rythmes, des suspensions, développe des silences. Romain Guerret et Arnaud Pilard, les deux guitaristes du groupe Aline, composeront un univers sonore original, coloration et jeux de tissage entre texte et musique, dans un souci premier de porter le texte, de suivre dans un subtil jeu d’équilibre la richesse dramaturgique de la pièce.

  • Les acteurs et l’espace

Théâtre de la farce, théâtre profondément incarné, où l’acteur est le cœur du plateau. Je veux confier ce texte à une troupe de jeunes comédiens à la vivacité critique et à la dérision burlesque, propres à prendre notre monde à bras le corps, de façon ludique et politique. L’espace scénique sera créé en complicité avec Frédéric Casanova.

Travail pur et élégant, en lien avec la lumière, la scénographie veut être un personnage à part entière de la dramaturgie. Nous rêvons l’espace comme un jeu d’emboîtements, d’illusions, un rêve pastoral tordu, décalé. On insistera sur ce foisonnement de théâtres dans le théâtre.

Les costumes se rêvent comme une réinvention du costume 18ème siècle, pour créer des lignes de tension entre hier et maintenant. Partir du 18ème et se réveiller dans une solitude, aujourd’hui. A l’image de Colin et Colette, qui prennent la pièce de plein fouet, réalisant soudain qu’ils ne sont que ce à quoi ils croient : une valeur marchande.

  • Note d'intention

La pièce narre en filigrane l'incroyable déroute du système financier inventé par John Law en 1725. L'homme d'affaires privé, jouant de ses accointances avec les milieux politiques, prend littéralement le contrôle sur les finances du royaume et provoque le premier grand krach boursier de l’histoire. Pièce sur la naissance du capitalisme, l’«héritier» est une farce autant qu'une fable, un regard joyeusement ironique porté sur les dysfonctionnements humains et sociaux que la spirale spéculative engendre : comportements décalés, séductions déplacées, mélanges incongrus des idiomes, où chacun s'oublie dans la fausseté, où le dialogue n'a plus d'éthique. Le projet est d'en faire une lecture revigorante et pleine d'humour, s'appuyant sur une distribution aguerrie à la subtilité marivaldienne, fougueuse et énergique, dialoguant avec l'invention musicale des deux guitaristes du groupe Aline présents sur scène.

Nous sommes à l'arrière d'un théâtre d'aujourd'hui, qui synthétise loges, douches, local technique, espace d’entretien des costumes... Nos acteurs, nos musiciens sont là : ils incarnent des individus d'aujourd'hui s’adonnant au théâtre parce qu’il est un moyen de sortir de soi, de prendre la parole sur la société à travers les mots d’un autre. Chacun est venu pour répéter L’héritier de village sur le plateau, mais de façon impromptue, par jeu, par plaisir d’invention, la pièce se lance les loges avant le début officiel de la répétition. Tout se réinvente là, dans cet espace où l'on n'est plus tout à fait dans la vie, pas encore sur scène. Le plateau comme espace de la liberté de parole. Rejouant le 18ème siècle sans jamais vraiment quitter notre époque, les comédiens tissent en filigrane des ponts entre la crise de 1720 et celle de 2008 ; ces dernières s’expliquant par les mêmes mécanismes économiques (cf. John Law, le magicien de la date, ou 1715-2015, quand la monnaie devient folle, par Bertrand Martinot, sept. 2015).

L'univers sonore reflète cet emboîtement des époques : répertoire du 18ème revisité et réarrangé par un duo pop. Par leurs présences sur scène avec leurs guitares et leurs amplis, les musiciens opèrent aussi ce basculement permanent entre la fiction représentée et la situation « réelle ». Ils créent une ambiance sonore qui se tisse avec la langue de Marivaux, sont sollicités par les acteurs pour mettre en valeur leur jeu ou leurs propos ou à l'inverse font surgir sur le vif des chansons d'époque interprétées par les comédiens. Ainsi représentée, la pièce apparaît comme un formidable «tribune», dénonçant, à travers le rire, notre propre cupidité et nos dangereuses illusions.

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Théâtre Suresnes - Jean Vilar

16, place Stalingrad 92150 Suresnes

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Restaurant Vestiaire
  • Tram : Suresnes Longchamp à 2 km
  • Bus : Stalingrad à 18 m, Place de Stalingrad à 82 m, Stresemann à 191 m, Place de la Paix à 331 m, Les Mazurieres à 377 m
  • Transilien : Suresnes Mont Valérien à 2 km
  • Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.

    Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.

    La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.

Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre Suresnes - Jean Vilar
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Spectacle terminé depuis le mardi 21 mars 2017

Pourraient aussi vous intéresser

- 21%
Le Horla

A la Folie Théâtre

- 11%
Comme il vous plaira

Théâtre Hébertot

- 22%
Gargantua

Théâtre de Poche-Montparnasse

La Serva Amorosa

Théâtre de la Porte Saint-Martin

- 32%
- 31%
Cyrano de Bergerac

Théâtre Montparnasse

Spectacle terminé depuis le mardi 21 mars 2017