Présentation
Un mot de l'auteur
Synopsis
Le jeu
Le décor
Le spectacle se termine à 22h00 le dimanche. Le spectacle dure donc 8h30 entractes compris.
Un père avait deux fils, Acamas, le légitime et Orion, un enfant ramassé au porche des jours troublés. Deux frères que rapproche leur amour pour la même jeune fille, Espérance, et quopposent leurs projets de vie ; lun le Ciel, lautre la Terre ; la foi pour lun, pour lautre le poème.
Au moment de mourir, le père lègue à Orion, le fils adopté, un petit poisson dor, un porte clé articulé quil avait promis à Acamas quand il était enfant.
Entre alors en scène le troisième grand personnage de LApocalypse joyeuse, Horn. Doué dun sens aigu de la rhétorique, dune imagination redoutable et dun magasin de costumes inépuisable, le diabolique Horn se servira de toutes les nourritures terrestres pour tenter Orion et le faire renoncer à ce fétiche.
Dans une traversée du monde et des folies du siècle, Horn mettra ainsi à chaque épisode une nouvelle illusion comique sur la route dOrion pour que se déplie un foisonnement de tribulations en abyme.
Le texte est édité aux Editions Actes Sud - Papiers
Au centre de mon geste, il y a une inquiétude, un réquisitoire, face au monde et à l'homme moderne. Mais je ne saurais pas me contenter de la contemplation du chaos. Le poète doit faire un tableau noir avec de la lumière. Il doit décrire le chaos et espérer un remède, lancer des clefs de sens, donner à boire...
L'Apocalypse n'est pas un récit de la fin des temps. C'est une forme de récit où la révélation prend le masque des troubles et des douleurs séculières. C'est une manière de dire ce qui sera toujours, ce qui sera sans cesse, ce qui généreusement se pourra dire sans cesse.
Qu'une pièce nommée l'Apocalypse s'écrive à la fin du siècle le plus noir de l'histoire de l'homme ne présume pas de ses vertus prophétiques et affirme ne pas se nourrir pour autant d'un stérile ressentiment contre le temps.
L'Apocalypse a eu lieu, qui ne le sait, et le silence d'une demi-heure dans lequel, selon le récit de Jean, la terre fut plongée, c'est cette glace de l'action, cette déroute du lyrisme, cette opacité écurante sur le blason des grands projets.
Ainsi la génération d'Orion (c'est le personnage central) est comme une statue de sel retournée vers la grande Sodome du vingtième siècle.
Joyeuse forcément, c'est-à-dire mystérieusement pas désespérée de se faire entendre, cette apocalypse.
Il faudra en finir avec la contemplation complaisante du chaos, car que l'on sache, aussi brouillée que soit l'eau claire de la psyché, les fauves ont toujours faim, les amants ont encore leurs persiennes, et la tresse du récit n'est pas si échevelée qu'on le voudrait.
L'apocalypse, contrairement au chant d'Orphée, n'est pas parole ésotérique. Elle ne voile pas son désir d'être au monde et de danser sur les décombres. Orphée chante, d'avant et d'après tout récit, les premiers embrasements. Mais dans l'Apocalypse, c'est Shéhérazade qui tient les clefs du coffre.
Quoi ! on se raconte encore des histoires ? Oui, encore et encore, des pères cherchant des fils et des fils cherchant des pères, encore et encore, des amants gigognes et de sombres machinations, les illusions perdues et les fins de chapitres ouvertes comme des vérandas sur un immense paysage d'anecdotes...
Ce que l'épopée cache dans les plis de sa cape narrative, c'est sans doute la sagesse.
Olivier Py
1 - Le poisson d'or
Une jeune fille, Espérance, doit choisir entre deux frères, Acamas et Orion. Deux frères que rapproche cet amour pour la même jeune fille et qu'opposent leurs projets de vie : être un homme parfait pour l'un, jouir de l'instant présent pour l'autre ; à l'un le Ciel, à l'autre la Terre. À sa dernière heure, dans l'ivresse de se détruire, le père lègue à Orion, son fils adopté, un talisman. Ce petit poisson d'or, porte-clefs articulé, c'est à Acamas, son fils légitime, qu'il avait promis de le donner quand il était enfant. Entre alors en scène un diable, Horn, qui promet à Acamas de reprendre dans la main d'Orion le fétiche qui unit et sépare les deux frères.
2 - Dieux de jeunesse et d'argile
Sur le Regina Pacis, en pleine tempête, Acamas sauve des passagers clandestins que Horn et ses acolytes, le Capitaine et Sourcevaine, veulent jeter à la mer. Ces clandestins sont en fait des pèlerins à la recherche de leurs fils partis en Occident pour faire fortune et jamais revenus. Acamas se sent désormais responsable du destin de ces pèlerins et jure de ne pas les abandonner. Mais le bateau coule ...
Espérance se trouve dans un hôpital de guerre où elle a pour tâche de marquer au front les blessés qui doivent être sauvés et ceux que l'on ne prendra pas le temps de soigner. Horn, travesti en cantinière, lui fait entendre que sa beauté a apporté dans la ville plus de tourment que de réconfort. Le chirurgien la presse de quitter l'hôpital avant l'arrivée des rebelles.
Orion rencontre l'homme qui a édité ses poèmes. Cet éditeur lui demande de sauver son fils, mourant de son dégoût pour le monde, grâce à la force de sa poésie. Orion tente de faire connaître à l'enfant la source de son poème qui est aussi la source de son amour de la vie. Séparés, Espérance, Orion et Acamas font tous trois au même moment l'expérience de la responsabilité vis-à-vis d'autrui.
3 - Aux confins du monde de la Cimérie
Après avoir échoué dans sa tentative de faire le bien, Espérance, travestie en homme, plonge dans le camp des assassins. Elle devient l'aide de camp d'un chef de guerre fascinant autant que repoussant. C'est en allant vers le pire qu'elle trouvera le moyen de ressusciter Espérance. Orion entreprend, avec la Tragédienne et sa suivante (Horn dans un nouveau déguisement) de mettre en scène un grand poème théâtral.
Sourcevaine a fait construire sa conserverie de sardines en Cimérie et, dans ses projets totalitaires, rêve justement d'ériger un théâtre dans la ville qu'il a fondée. Circé s'est elle aussi installée en Cimérie où elle a ouvert un nouveau cabaret. C'est là qu'elle fomente une révolution, avec les ouvriers de la conserverie. Le Capitaine promet à Circé l'appui de son bras armé. Acamas, à demi défiguré après avoir tenté de se mettre une balle dans la tête, tient des propos incohérents.
4 - Le songe des pourceaux
En Cimérie, Orion et Espérance se retrouvent, tandis que, chez Circé, Acamas a lui aussi retrouvé son Espérance.
La course au pouvoir fait naviguer la couronne de carton. L'entreprise utopique de Sourcevaine échoue. Exaltés par Circé et sa liqueur d'ancolie, les Cimériens, sous des masques de porcs, ont mis le feu à la fabrique. Le chaos s'installe.
5 - Et vivre ainsi sans réponse
Vingt ans se sont écoulés. Orion, poète d'académie, s'apprête à faire une conférence sur le deuil, ce qui n'est encore pour lui qu'une figure de style. Le pèlerin retrouve Acamas devenu guignol de foire. Il vient lui demander de porter au centre d'une ville nouvelle une grande pierre commémorative. Espérance attend Orion pour lui donner un indispensable viatique. Tous les décors ont disparu, il ne reste plus que la silhouette de la mort sur sa girouette. Les principaux personnages de LApocalypse joyeuse. Le diable, Horn, est un athlète dramaturgique, il est l'élément agissant des contes, et LApocalypse est bien un conte ou un livre de contes. Les dramaturgies diaboliques mont toujours attiré, jai monté récemment des contes de Grimm et Der Freischütz de Weber.
Le diable, c'est la garantie d'un pacte avec des péripéties, mais il implique bien sûr une réflexion morale. Dans ce texte, étrangement, l'acte éthique s'oppose souvent à un devoir moral, le cur du poème est en contradiction avec une charité bien ordonnée. La foi elle-même exige autre chose qu'un règlement moral de la question du péché. On cherche à comprendre la différence entre le péché et la faute morale. Le diable est par ailleurs un très bon moraliste.
Horn change de rôle à toutes les scènes, ce personnage est écrit tout particulièrement pour servir l'art de Michel Fau qui jouera donc toute une galerie de personnages : un soldat, une religieuse, un armateur, un enfant, une tragédienne, un bâtisseur etc. Son but est de faire abdiquer Orion, de le faire renoncer à son serment fait au père de ne jamais, contre rien au monde, abandonner le poisson d'or. Ce poisson d'or est le lieu de toute sa fidélité et de toute sa foi, il le met au-dessus des choses terrestres.
Le diable donne tout et retire tout à Orion, mais il ne triomphe pas, le conte c'est le monde où le diable est perdant, où le diable est finalement le soutien de la providence. Espérance, Acamas et Orion, trois allégories de l'Espérance, la Foi et la Charité. Espérance est la fiancée d'Orion et d'Acamas. Elle change de corps au cours du récit. L'espérance passe ainsi d'un homme à l'autre, trompant, par cette transmission de son essence, le diable et la mort. C'est une allégorie, nous faisons un théâtre d'allégorie... (sont également représentés : la mort, la tragédie, la violence, le profit, la luxure etc.)
Espérance permet de formuler une des grandes paroles de la pièce, la providence. Il y a presque dans chaque scène une formulation différente de la providence. Le récit, long et généreux, comme, par exemple À la recherche du temps perdu doit nous permettre de réouvrir la foi en la providence. Dans les belles histoires, sous quelque forme que ce soit, il y a un diable et une providence. Et si cette providence est une fatalité, c'est une fatalité providentielle.
C'est un théâtre ancien, celui où le récit promet une sagesse, où la vie des personnages donne une vie en plus, il exige la parole poétique, parfois oraculaire, et la longueur narrative où se déplie l'illusion d'avoir vu une vie conduite à son sens extrême. Le personnage de Sourcevaine permet de renvoyer dos-à-dos toutes les conceptions matérialistes du monde. Ce marchand de sardines qui veut faire de force le bien de l'humanité ressemble aux Soviétiques autant qu'aux capitalistes. Il est le XXe siècle, il est le dernier cercle du désenchantement.
Dans les dernières scènes, il a passé à sa moulinette l'idéologie de la Culture, il l'a instrumentalisée, commercialisée, dénaturée. Il est le souverain, l'Ubu triomphant, l'homme moderne. La pièce devient politique dans les épisodes qui racontent son triomphe et sa chute. Politique évidemment avec la forme de la satire.
Olivier Py
Chez Olivier Py, lesthétique du jeu est produite par le devoir de donner à l'homme une image qui ne soit pas celle du renoncement et de la médiocrité. Détruire ces masques d'homme gris, incarner des êtres hors normes, être au cur de l'effroi et du rire, être au plus proche du fait humain. L'art doit toujours faire rire et toujours faire peur, disait Dubuffet.
Je dois tout aux acteurs, ils ont élargi la possibilité d'un théâtre lyrique, d'un théâtre poétique. Olivier Py
De couleur rouge, c'est un théâtre de tréteaux à géométrie variable, une chorégraphie d'espaces. Il figure une totalité. Toute grande pièce est une cosmogonie, tout grand décor figure le monde. Le monde infini dans un lieu fini.
7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre
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