Violette attend le réveil de son compagnon, Guillaume, victime d’un accident cérébral.
En se liant avec d’autres patients sortis du coma et en rééducation, elle nous entraîne, entre rêve et réalité, dans une farandole de personnages plus cocasses et bouleversants les uns que les autres : une femme aphasique débitant du Musset, un Général qui rassemble ses troupes à la reconquête du cerveau ou encore un timide devenu bavard impénitent.
Un spectacle porté par une comédienne qui, seule, donne vie à tous ces personnages, accompagnée de variations d’un violoncelle.
Célébration de la capacité de l’être humain à se reconstruire, L’Encens et le Goudron met en lumière la relation entre l’odorat, les souvenirs et le langage. Réapprendre à parler grâce aux odeurs, c’est ce que va découvrir Violette. Là où le langage n’est plus, où la mémoire défaille, les fragrances vont faire remonter les souvenirs, les émotions et parfois les mots. Violette découvrira, en même temps que les spectateurs, ce monde drôle et onirique qui l’entoure. Le pouvoir des odeurs lui donnera accès aux autres et à elle-même. À travers une palette de senteurs, le passé de chacun des personnages émergera par bribes, comme autant de pièces d’un puzzle à reconstituer.
« Avec (…) L’Encens et le Goudron, je suis entrée au coeur de l’humain et ce sont les odeurs qui m’y ont conduite. Les thèmes développés dans ce spectacle sont nés de l’expérience des ateliers olfactifs de l’hôpital de Garches. La rencontre avec des patients cérébro-lésés de cet hôpital, leur histoire, leur fragilité m’ont bouleversée.
Pendant huit mois, je les ai suivis dans leur rééducation du langage qui est un chemin long et difficile. S’attaquer au sujet de l’A.V.C est un tabou. C’est parler de la mort, de l’accident qui peut toucher chacun d’entre nous. C’est réveiller la peur. C’était pourtant devenu pour moi une nécessité. En cherchant à comprendre les pathologies de chacun, je me suis donc immergée dans les méandres du cerveau. Je voulais donner à voir et à comprendre de façon poétique et sensible cette réalité difficile à accepter. La renaissance est possible. J’ai voulu privilégier l’espoir qu’un travail avec les odeurs peut faire naître, comme une possible rédemption. Un A.V.C peut entraîner des lésions cérébrales qui touchent les zones du langage et de la mémoire, alors les senteurs peuvent contribuer à faire remonter les émotions, les souvenirs et les mots qui leur sont associés. Réapprendre à parler en retrouvant ses souvenirs, grâce aux odeurs. (…).
L’odeur est le révélateur de nos différences. Dans L’Encens et le Goudron, en créant des personnages de cultures et de milieux très divers, j’ai pu initier une réflexion que je poursuis dans tous mes spectacles olfactifs : celle de notre relation à l’altérité et à la différence. En France, l’hôpital public reste un des rares lieux où l’on rencontre des personnes de toutes les cultures, de tous les âges, de tous les milieux. Côtoyer ces différences nous enrichit car cela permet de questionner en profondeur notre relation à l’autre et donc à nous-mêmes. C’est ce que va vivre Violette, le personnage principal de L’Encens et le Goudron. Au chevet de son compagnon, elle parle avec lui sans qu’il puisse lui répondre : Guillaume est plongé dans le coma à la suite d’un A.V.C.
Quand Violette sort de sa chambre, elle se trouve confrontée aux autres patients, très différents à la fois par leur handicap et par leur culture. Sa première réaction est de rejeter ce monde qu’elle ne connaît pas et qui lui fait peur. Elle comprend peu à peu, grâce au soutien que chacun des patients lui prodigue, qu’il existe une autre façon d’envisager l’attente. Par hasard, Violette découvre le monde des odeurs et leur pouvoir. L’émotion qu’elles peuvent susciter permet chez certains de faire rejaillir les mots perdus et la mémoire. Violette va alors offrir certaines odeurs aux patients et leur rendre, l’espace d’un instant, leur vie d’avant. Avec l’encens, par exemple, qu’elle laisse brûler dans la chambre de Guillaume, chacun des patients va être rappelé à sa propre relation au divin, à sa spiritualité. Avec l’odeur du goudron, au contraire, c’est l’accident, la chute qui ressurgissent de plein fouet. Les différentes odeurs qu’ils sentiront au fur et à mesure du spectacle entraîneront des réactions particulières chez chacun d’entre eux, mettant en lumière des différences culturelles qui viendront enrichir le monde de Violette, changeant définitivement son regard sur la vie. »
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