Les coïncidences sont les pires ennemies de la vérité. » Gaston Leroux
La jubilation de l’effroi
Le Grand Guignol
Intentions de mise en scène
La presse
« L’art doit un peu faire rire et un peu faire peur. » Jean Dubuffet
Grand Guignol dans la salle Christian Bérard ! Frédéric Ozier, autre metteur en scène d’acte6, a concocté, pour ceux qui oseront emprunter les escaliers sombres des combles du théâtre, un voyage au pays du Grand Guignol, monde où Bien et Mal se rencontrent, où les forces cachées et obscures surgissent tout à coup, où le “monstre apparaît en nous”…
L’on redécouvrira l’incroyable Gaston Leroux, et l’étrange histoire de quatre alpinistes perdus dans le Jura Suisse qui trouvent refuge une nuit de tempête chez un homme qui prétend avoir signé un pacte avec le Diable…! Comme dans un film muet des débuts du cinéma, nous passerons en noir et blanc… Montez dans le “train fantôme” d’acte6 !
Le Grand Guignol est un phénomène du vingtième siècle. D’une certaine manière c’est une modernisation du mélodrame dans un monde post-Nietzschéen : les forces qui gouvernent l’univers ne peuvent plus être définies comme un simple combat entre le Bien et le Mal, car nous vivons désormais dans un univers sans Dieu ou ses frontières (entre le Bien et le Mal donc) sont devenues floues.
Comme le dit André de Lorde, auteur d’une multitude de pièces du Grand Guignol et appelé Le Prince de la Terreur par ses contemporains, « nous avons tous un monstre en nous. Nous portons à notre insu mille forces cachées, mille désirs étranges, mille aspirations obscures qui souvent demeurent ensevelies toute notre vie, mais qui, souvent aussi, cherchent à s’épanouir librement… ». C’est la fascination pour ce monstre, qui nous a poussé vers Gaston Leroux, ici, maître de l’intrigue au tranchant psychologique.
Je ne cherche à tromper personne. Je n’ai pas la prétention de faire oublier que nous sommes au théâtre ; de créer une illusion aussi réaliste qu’au cinéma. Non, au contraire, je veux m’amuser à emmener le spectateur dans ce qui au prime abord ressemble à une pièce musée. La scénographie, les costumes et maquillages seront en noir et blanc. Seul le sang de la victime, Mathis, gardera sa couleur naturelle, le rouge écarlate.
Nous sommes en noir et blanc et les maquillages grossiers sont dignes des films muets du début du vingtième siècle. Le jeu, lui, en revanche, sera au premier degré, créant ainsi un décalage dérangeant entre le code esthétique et la situation accablante de nos protagonistes. Avec des effets de surprise à répétition, un jeu viscéral poussé vers l’outrance et la possession ; des sons provenant de l’aube, de l’angoisse et des lumières qui font vivre les ombres, nous sculpterons un nouveau corps pour « L’homme qui a vu le Diable ». Il s’agit de sublimer le Grand Guignol et de transmettre la jubilation de l’effroi.
Frédéric Ozier
« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération total. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. » Frank Patrick Herbert, auteur de science fiction américain (1920/1986)
"Avis aux amateurs de sensations fortes ! Frédéric Ozier et la compagnie acte6 investissent la salle Christian Bérard, sous la voûte du Théâtre de l'Athénée, ainsi que le couloir qui y mène, et recréent les conditions du plaisir épouvanté que fait naître le spectacle du mal. Au menu de l'horreur : "une trahison, un adultère, une soupe de tomates, un meutre et plusieurs damnés" et pour servir les plats, les membres talentueux d'une troupe dont on connaît l'inventivité et l'originalité, pour s'adonner à "la jubilation du rire et de l'effroi" !" Catherine Robert, La Terrasse, 1er janvier 2008
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