Liane vit seule depuis que son amant noir a disparu, une nuit sur le fleuve. Autour d’elle, apparaissent de mystérieux flacons qu’elle collectionne, dans lesquels elle découvre la mémoire d’elle et lui, disséminée. À chaque flacon sa couleur et son souvenir.
Ainsi refuse-t-elle le présent, au nom d’une disparition qui n’est pas une mort. Peu à peu, suivant le fil du passé, c’est son présent de veuve qu’elle accepte de rencontrer. Et peut-être même l’augure de jours meilleurs, au contact du monde et au nom de ce qu’on n’espère plus.
Par la cie La Strada and cies.
J’ai assisté à une présentation de L’Inattendu, mis en scène par Brontis Jodorowsky. J’ai été heureux de la sobriété et de la justesse de ce travail, heureux aussi de l’interprétation d’Eleonor Agritt, généreuse et précise ; beaucoup de force dans un corps tantôt suspendu, tantôt brisé. Je sais la persévérance qui a été la leur dans l’élaboration de ce projet, fondé d’abord sur la passion. J’espère qu’ils entendront à leur proposition et à ses qualités l’écho qu’elles méritent, et que des espaces s’ouvriront, qui permettront au spectacle de trouver le temps de s’épanouir.
Fabrice Melquiot
Là, ici là. Ce sont les premiers mots de Liane. Et ce à quoi la pièce nous invite. L’exploration de l’âme humaine, suivant la carte tracée par le poète, a été de tous temps l’activité du théâtre. Et il n’y a d’autre temps au théâtre que Là, ici là. C’est ce Là, ici là, le joyau tapi dans la mine obscure de la création théâtrale : une qualité de rencontre, qui nous mène un pas au delà de nous-mêmes, dans cet espace où nous sommes en même temps un et plusieurs ; moi et toi et nous.
Le texte de Fabrice Melquiot est une grotte pleine d’ombres à déchiffrer et en elle, Là, ici là, se déchiffrer soi-même ; par l’exigence du corps et de la voix, la présence de cette histoire s’impose telle qu’elle est écrite : des flacons apparaissent, Il n’est pas mort, Il vient la nuit et Il rôde autour du lit. C’est un conte adulte, un conte hanté, sur la mort et la renaissance.
Là, ici là, dans un mouvement qui ne peut trouver sa grâce que dans précision du mot et du geste. Sur ce chemin du dépouillement, de la crédulité, de la mise au présent, je suis un chien d’aveugle : celui qui dans l’obscurité guide les pas à fleur de peau de celle qui parcourt pour nous, avec nous, Là, ici là, un coeur dévasté qui renaît de ses cendres.
Brontis Jodorowsky
« (...) du charme, de la sensibilité, de la nuance » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama, 5 janvier 2011
« Beaucoup d’émotions » Dimitri Denorme, Pariscope
« Une belle conviction d’âme » Véronique Hotte, La Terrasse
« (...) un cadre simplifié… un texte épuré et ciselé… Eleonor Agritt, parfaite » Direct Matin
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris