À partir de 8 ans.
Mais qu’est-ce donc que la Bête ? Un âne, un marcassin, un cochon... un lion ? La Bête, c’est bien sûr l’animal, en opposition à l’homme... La bête, c’est aussi la figure du monstre, que chacun imagine à sa façon, y projetant ses peurs, ses angoisses... C’est l’autre, c’est ce qui est différent, ce qu’on trouve laid ou simplement étrange. Refusant la représentation souvent trop réductrice de la Bête en image, cette nouvelle version du conte propose de faire vivre le monstre par le biais des odeurs.
Accompagné de musique et d’images, ce voyage olfactif éveille l’imaginaire créatif des enfants par les sens, et invite les jeunes spectateurs à dépasser les apparences et à apprivoiser la Bête. Et sans doute finiront-ils par l’aimer, comme la Belle dans le conte...
C’est lors des Visites olfactives et théâtrales de lieux patrimoniaux que propose la compagnie, en observant les réactions des enfants aux odeurs, leur liberté de parole et leur capacité à créer, imaginer, qu’est née l’idée d’un spectacle olfactif jeune public.
Au fil des multiples versions du conte de La Belle et la Bête, la Bête ressemble d’abord à un âne – référence à la sexualité. Elle devient ensuite un porc, puis un marcassin, évoquant la saleté. Avec Cocteau et Walt Disney, la Bête se métamorphose en lion, un animal souverain, royal, auquel l’homme de pouvoir aime s’identifier, et sûrement moins vulgaire qu’un cochon. Ainsi, chaque représentation visuelle de la Bête oriente la signification du conte et restreint l’imagination du spectateur ; le traitement olfactif que nous proposons dans cette adaptation permet précisément d’échapper à une représentation réductrice de la Bête en image, et de faire ressurgir les trésors cachés du conte.
Dans cette adaptation de La Belle et la Bête, la Bête sera donc évoquée, convoquée par la voix et l’odeur ; cette dernière va, d’une certaine manière, « matérialiser », « incarner » la Bête. Ainsi, la Bête deviendra ce monstre imaginaire sur lequel chacun peut projeter une image, selon ses peurs, ses angoisses. Comme les bêtes des légendes qui terrorisent des villages entiers et qu’on ne voit jamais en plein jour... Suggérer –par les odeurs, par la musique, par des ombres-, et permettre ainsi à l’imaginaire créatif des spectateurs de s’épanouir : La Bête et la Belle placera ainsi les enfants dans une démarche active d’appropriation du conte, par le biais des sens. Ainsi, chacun pourra aller à la rencontre de son animal, monstrueux ou non, aussi protéiforme que les odeurs.
Parler de la « Bête », de « l’animal » ou du « Monstre » via les odeurs, n’est pas anodin. Si l’odorat est un sens si décrié, c’est aussi parce qu’il nous ramène à notre condition primitive. Réfléchir avec les plus jeunes sur ce thème, permet d’interroger les questions de l’animalité, de l’humanité, de l’exclusion, de la barbarie.
Par ailleurs, les odeurs, subjectives par essence, sont révélatrices de nos différences : différences d’environnement, de culture, d’éducation... La « bête », qui est aussi un personnage d’exclu, l’est-il à cause de son odeur ? Mais quelle caution donner à une perception sensorielle subjective par essence ? Touchant à l’intime, les odeurs peuvent réveiller ce que nous voudrions taire ou cacher. Ce que nous ressentons intimement, indiciblement, peut s’exprimer très fortement avec une odeur... Si cette dernière se trouve de surcroît être désagréable, nos sentiments les plus vils peuvent alors s’exprimer ouvertement... Les odeurs apparaissent ainsi comme un moyen privilégié d’explorer la question de l’autre...
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