La Cagnotte

Paris 14e
du 14 novembre au 31 décembre 2006

La Cagnotte

CLASSIQUE Terminé

Le « Bourgeois » chez Labiche est devenu le représentant de l’homme éternel avec ses certitudes et ses aveuglements. Ces « Jourdains » de la Ferté-sous-Jouarre rêvent de Paris, la ville lumière, dans l’ombre de laquelle, sous couvert d’anonymat, ils réaliseront leurs désirs les plus intimes, et se réveilleront, au petit matin, dans un chantier, couverts de plâtre, couchés sur des lits de copeaux et des habits de maçons, sans un sou et la faim au ventre.

La « cagnotte » ou le « rêve parisien »
Une comédie cortège
A propos de Labiche et de La cagnotte

  • La « cagnotte » ou le « rêve parisien »

Ce que j'ai particulièrement aimé, il y a quelques années, en mettant en scène : Un Chapeau de Paille d'Italie, et que je retrouve aujourd'hui dans La Cagnotte, ce fut de faire route en compagnie d'un Eugène Labiche organisateur de cauchemars, organisateur méticuleux de « paniques incoercibles chez des personnages voués à la plus pitoyable foirade ».

Son théâtre nous fait rire à gorges déployées, quand il pourrait bien, à tête reposée, nous épouvanter. Comme chez Molière (dont nous venons de jouer le Bourgeois Gentilhomme), l'aspect comique de l'œuvre n'est plus qu'un habillage destiné à masquer « la cruauté et le pathétique » de la description ; malgré l'esprit léger du boulevard, la fantaisie n'est qu'apparente : « Ce sont des drames qui font rire car la destinée domine les individus » nous dit Philippe Soupault.

Le « Bourgeois », chez Labiche est devenu le représentant de l'homme éternel avec ses certitudes et ses aveuglements. Ces « Jourdains » de la Ferté-sous-Jouarre rêvent de Paris, la ville lumière, dans l'ombre de laquelle, sous couvert d'anonymat, ils réaliseront leurs désirs les plus intimes, et se réveilleront, au petit matin, dans un chantier, couverts de plâtre, couchés sur des lits de copeaux et des habits de maçons, sans un sou et la faim au ventre.

Notre ambition est d'accompagner joyeusement, en musique et en chansons, «ce cortège balzacien» tout droit sorti des croquis des caricaturistes de l'époque (Daumier, Caran d'Ache, Métivet….) dans une scénographie mobile, plus évocatrice que réaliste, forts de notre certitude dans la puissance critique du comique.

Patrick Pelloquet

Avec les musiciens Pierre Lebrun et Benoît Lebrun.

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  • Une comédie cortège

En 1864, lorsqu'il écrit La cagnotte, Labiche a déjà derrière lui une longue carrière. Il a connu en 1851 un véritable triomphe avec Le chapeau de paille d'Italie. Ce sont l'une et l'autre des « comédies cortège » : un groupe de personnages se trouvent embarqués dans une suite d'aventures grotesques sur un rythme qui leur fait perdre leurs repères et les place malicieusement dans des situations saugrenues où tout devient possible.

La cagnotte nous présente des bourgeois de province, ceux dont Labiche a fait ses héros favoris. Ces bourgeois, nous les connaissons déjà : caricaturés par Daumier, traités avec dérision par Flaubert, déguisés en dieux antiques avec Offenbach, ce sont les notables qui règnent à peu près de droit divin de la monarchie de Juillet à la Troisième République.

Ce soir, on doit décider de l'emploi de « la cagnotte», une somme d'argent économisée sou à sou (moins les boutons !), chaque fois qu'un joueur étale un brelan. Tout en comptant laborieusement leur fortune, le notaire, le pharmacien, le fermier retraité, la vieille demoiselle, décident de faire ensemble un grand voyage : une journée à Paris. C'est donc à Paris que se dérouleront les quatre actes suivants. Mais le jeu d'une fatalité comique transforme le voyage en un cauchemar éveillé : un engrenage infernal leur fera passer une journée terrible.

Tous les procédés comiques sont mobilisés. Le langage, simple et cocasse, mêle quiproquos, lapsus, parodies ; les tics et les manies des personnages se télescopent ; les objets surgissent de façon incongrue. Dans La cagnotte, on peut dire qu'il entraîne ces petits bourgeois dans un mouvement presque onirique : nous sommes en plein carnaval et la pièce joue sur le glissement des apparences. Tout échappe à ces braves gens bourrés de certitudes.

Créée au Théâtre du Palais Royal le 22 février 1864, La cagnotte connut un succès immédiat et fut jouée sans discontinuer pendant quatre mois, ce qui à l'époque constituait une sorte de record. En 1905, on fêtait la millième représentation. Entrée au Théâtre Français en 1988, elle fait désormais partie du patrimoine. Son interprétation s'est, naturellement, infléchie : on est, selon les époques (faut-il dire les modes ?) plus sensible à la satire sociale latente, ou plus séduit par le côté délirant des aventures de nos provinciaux, voire prêt à tirer Labiche du côté du théâtre de l'absurde.

Il y a Buster Keaton dans cette succession de ce qu'on n'appelait pas encore « gags ». Il y a de la comédie américaine dans ce scénario au rythme cocasse.

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  • A propos de Labiche et de La cagnotte

Labiche : « Je n'ai jamais pu prendre l'homme au sérieux ! »

Philippe Soupault : « Les égoïstes, vaniteux, avares, mesquins, suffisants qui, par bêtise et parce qu'ils se trompent les uns les autres, finissent par échouer lamentablement étaient évidemment et manifestement ridicules. Mais ceux qui apprennent à connaître au cours de leurs mésaventures ne peuvent pas, s'ils arrêtent de rire, songer sans frémir à la vie de ces hommes et de ces femmes qui se voient chaque jour depuis vingt ans et qui ne songent qu'à tricher, à se tromper, à se haïr et à se mentir. Si les habitants de la Ferté-sous-Jouarre et ceux des communes de même ordre, c'est-à-dire des trois quarts de la France, avaient, au lieu de rire, regardé dans ce miroir, ils auraient dû être effrayés de vivre avec autant de mesquinerie et si peu de générosité et de grandeur. Aucun écrivain français n'avait jamais osé peut-être présenter les provinciaux sous un jour aussi lugubre avec autant de brutale franchise. C'est cette violence qui fait de Labiche un écrivain de classe. »

Jean Jourdheuil : « Les héros de cette pièce se donnent à eux-mêmes le spectacle de leurs hauts faits qui toujours foirent lamentablement. Il est vrai qu'ils se regardent complaisamment agir, qu'ils contemplent avec délectation toutes les postures valorisantes auxquelles une vague homologie de situation leur permettra de prétendre. L'art de Labiche, entrepreneur de gaudrioles, vient au secours de lucidité du peintre labiche. Le premier protège le second, qu'il garde d'aller trop loin, et à qui il donne, comme un masque, le burlesque. Sous le masque, on peut dire des vérités : Labiche fait grimacer ses personnages pour faire oublier de quelle moquerie profonde, de quelle risée ils sont nés. »

Jean Michel Ribes : « Pour moi, Labiche est le premier des absurdes, l'ancêtres des surréalistes, l'inventeur de l'humour moderne. »

René de Obaldia : « Labiche est un amuseur qui a aussi une écriture, une pensée. Un style alerte, incisif et qui se distingue par sa vivacité. Nombreuses sont les répliques cocasses, insolites et percutantes… »

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Sélection d’avis du public

La Cagnotte Le 19 mai 2006 à 19h32

On croyait Labiche périmé ; Patrick Pelloquet et le TRPL nous démontrent le contraire. La mise en scène est enlevée, le jeu est d'une grande qualité. Labiche aujoud'hui, c'était osé ; c'était bien joué !

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La Cagnotte Le 19 mai 2006 à 19h32

On croyait Labiche périmé ; Patrick Pelloquet et le TRPL nous démontrent le contraire. La mise en scène est enlevée, le jeu est d'une grande qualité. Labiche aujoud'hui, c'était osé ; c'était bien joué !

Informations pratiques

Théâtre 14

20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Salle climatisée
  • Métro : Porte de Vanves à 451 m
  • Tram : Didot à 245 m
  • Bus : Porte Didot - Lycée Raspail à 48 m, Victor Hugo à 281 m, Porte de Vanves à 362 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 31 décembre 2006

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