À la question “Pourquoi je mets en scène La Cagnotte d’Eugène Labiche ?”, je ne vois qu’une réponse : mon plaisir.
Je pourrais vous faire part de mon intention de mettre en lumière la médiocrité de la bourgeoisie du second Empire, mais je me moque du second Empire. Je pourrais vous expliquer plus “sérieusement” que Labiche est un “Ibsen” qui a mal tourné, que tout au long de sa Cagnotte, le drame rôde et qu’indéniablement, on doit faire passer ses personnages au tamis psychanalytique.
Eh bien non. Je monte cette pièce parce qu’elle me fait profondément rire (le mot est lâché !). La Cagnotte est pour moi un chef-d’œuvre d’absurde et d’humour noir (on pourrait parler de “cruauté drolatique” !).
Labiche ne fait pas de cadeau à ses personnages. Il les met dans des situations où ils n’auraient jamais dû se trouver et les amène jusqu’au bord de la folie avec une logique implacable, doublée d’une férocité sans bornes. Avec La Cagnotte, le vaudeville n’est plus le même, plus de portes qui claquent, d’amant dans le placard, de quiproquo par dessus la jambe, mais du méthodique, du sadique de la moulinette de précision hachant menu !
Voyez plutôt :
Dans un salon douillet de La Ferté-sous-Jouarre, un petit groupe de “petit-bourgeois” trompe l’ennui des soirées d’hiver en jouant à la “bouillotte” (sorte de poker) et organise un système de gages dont l’accumulation constitue une cagnotte qui grossit depuis un an. Après des chamailleries inévitables et sordides, ils cassent leur tirelire et décident lors d’un vote “démocratique” d’aller faire la “nouba” à Paris.
L’appel de Paris, c’est l’appel du vaudeville, l’assurance de rebondissement sans fin. Dès lors l’engrenage « labichien », effroyable et jubilatoire, les broie d’acte en acte et presque de geste en geste. Ayant, au restaurant, contesté la note, ils se retrouvent au commissariat où on les prend pour un groupe de mafieux. Ils s’évadent et échouent en habits de Carnaval (pour ne pas être reconnus) dans une agence matrimoniale des plus douteuses, pour en finir pourchassés en haillons, tabassés, harassés, prêts à s’entretuer, derrière les palissades d’un chantier haussmannien. Leur salut viendra in extremis, une demi-page avant le tombé de rideau : ouf !
Laurent Serrano
" Laurent Serrano a réalisé un petit chef-d’œuvre de mise en scène. Les comédiens semblent sortis tout droit d’un album des Pieds Nickelés. Le texte de Labiche n’a pas pris une ride. " Ouest France
Excellente soirée, drole, surprenante, musicale... très bonne mise en scène, costumes parfaits, visages expressifs. A voir pour se détendre.
Excellente soirée, drole, surprenante, musicale... très bonne mise en scène, costumes parfaits, visages expressifs. A voir pour se détendre.
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt