La Confession d'Abraham

du 5 au 9 novembre 2002

La Confession d'Abraham

Ses milliards d’enfants se déchirent sous ses yeux. Ah la famille la famille ! Surtout quand les frères sont juifs, les cousins chrétiens et les oncles musulmans. Et c’est à lui maintenant qu’on écrit pour arranger tout ça. Pas facile d’être patriarche.

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La presse

Entre récit et théâtre, la révolte d’Abraham ou la vie tumultueuse du fondateur des trois religions monothéistes revue par Mohamed Kacimi.

Avec ce texte Mohamed Kacimi nous offre une succulente et iconoclaste relecture de la Bible. Sous sa plume scintillante et limpide, on retrouve le père des trois religions monothéistes dans le caveau des patriarches, à Hébron, cette terre sainte, dont les enfants ne se réclament pas seulement de Dieu mais aussi de l’Internet et de l’Intifada. Interrompu par des messages de toutes sortes venus du monde entier, il raconte sa vie, ses exils, ses errances, ses amours.

Occasion pour sa femme Sarah de l’interpeller : « Mais qu’est-ce qu’il nous veut à la fin ton bon Dieu. Cela fait des siècles maintenant qu’il s’acharne sur la famille. Pour une malheureuse pomme, il expulse du paradis Adam et Eve comme des sans-papiers. Il fout la zizanie dans la langue, parce que Monsieur ne supporte pas la vue d’une HLM à Babel… »

Mohamed Kacimi, lui, habite en ciseleur une langue qu’il a faite sienne. En confrontant Abraham à notre temps, il nous invite, sans acerbe plaidoyer, à réfléchir sur les déchirures et les contradictions humaines.

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Et si, comme le lui avait prédit la Bible, Abraham disposait de l’éternité pour compter et veiller sur sa progéniture jusqu’au jour où elle deviendra plus nombreuse que les étoiles du ciel ? Je le vois aujourd’hui, debout à Hébron, dans le caveau des Patriarches que se partagent une synagogue, une chapelle et une mosquée. Il lit les lettres que lui envoient ses enfants des quatre coins du globe, prêtant oreille à tout ce qui vit à travers le monde, l’humanité qu’il a engendrée, en même temps qu’il revient sur sa vie.

Il nous raconte, à nous ses enfants, comment il a découvert Dieu, comment il a inventé l’exil en quittant Ur, combien il a rêvé de terres promises et connu de désillusions, ses descentes en Égypte et ses errances dans le désert, son attente angoissée d’un enfant et ses recherches d’amour, ses efforts pour sauver Sodome et Gomorrhe de l’anéantissement, la naissance d’Ismaël et celle d’Isaac. Il revient sur l’épisode du sacrifice et nous confie comment il a failli tuer son fils pour ne pas décevoir Dieu.

À ses côtés, il y a l’ombre de Sarah, son amour et sa compagne d’exils et de ses quêtes. Sarah, femme auteur du premier éclat de rire dans la Bible, et qui, depuis trois mille ans, n’arrête pas de nous répéter : « Mes enfants, si les religieux vous ennuient un jour, n’hésitez pas à chatouiller le Seigneur, il se roulera par terre avec vous ».

Mohamed Kacimi

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La fonction première d’Abraham est d’être prophète, guide et père de l’humanité. Telle est l’éternité que lui a conférée la Bible. Le pari de Mohamed Kacimi est de nous dévoiler, au travers de sa confession, sa réalité possible d’être humain. Abraham devient ici un être de chair, plutôt jeune, échappant à toute représentation patriarcale et par là même à son propre mythe. Il s’interroge, fouille dans ses souvenirs, nous parle de Dieu et d’amour, nous livre ses doutes, ses convictions, ses révoltes et ses fragilités. Cet homme-là, poussé par la mémoire de Sarah, n’aura de cesse de nous apprendre à nous, ses enfants et ses semblables, qui il est, qui il a été et comment il se trouve encore confronté au monde.

Au delà des dogmes et des religions, Mohamed Kacimi réussit le prodige de nous emmener vers un endroit de souche commune, une humanité brute, faite de croyance et de colère, d’irrévérence et de question, d’humour et de compassion. Il possède l’art de l’image et de la digression. Il sait faire chatoyer les points de vue, pour mieux nous faire entendre la dimension humaine de cette histoire que l’on nous raconte depuis le début, et dans laquelle nous puisons nos origines.

Avec Pierre Forest, nous avons tenté d’explorer jusqu’au bout ce principe d’incarnation dans l’humour et la poésie du texte, dans sa gravité et son sens du décalage. Nous avons rendu le jeu physique tout en le confrontant à un espace entièrement symbolique, une nuit constellée d’étoiles, un tombeau à ciel ouvert.

Nous avons utilisé le théâtre et le conte, les conventions les plus ludiques et l’intimité la plus directe pour investir cette confession dans ce qu’elle a de sensible et de contemporain.

Michel Cochet

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J’ai toujours désiré me confronter à un Théâtre pour un homme seul, pour m’éprouver sans doute et pour trouver aussi dans cette forme l’essence même du Théâtre. Car être seul en scène, sans pour autant être dans la situation particulière d’un chansonnier ou d’un humoriste, fait voyager l’acteur dans les origines du conte, dans la poésie lyrique, dans les théâtres de foire, dans la veine religieuse des Mystères.

Tout cela en rêvant de bords de mer à arpenter pieds nus, ou de traces dans le désert montant vers le Sinaï. Ce texte de Mohamed Kacimi avait toutes les qualités pour envisager ce travail avec Michel Cochet.

Pierre Forest

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« L’auteur progresse dans l’évocation de la Genèse avec humour, intelligence et grâce. Son texte sent bon l’argile et l’encens, les fruits chauds à la cannelle, le safran et le miel. » Lire

« Le miracle est que rien ne se perde sur scène de la richesse littéraire du livre. Un spectacle heureux et grave. Une vraie réussite. » L’Humanité

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Spectacle terminé depuis le samedi 9 novembre 2002

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