Dissection du cœur
Mettre en scène Marivaux aujourd'hui…
Résumé
Marivaux (1688-1762)
Jugements sur le théâtre de Marivaux
Jeunes acteurs d’exception : Grégoire Colin et Isild Le Besco incarnent des personnages de Marivaux à la lisière du rêve et de la conscience, pris entre les douceurs du fantasme et les électrochocs de la lucidité. Suspendus, deux panneaux de toile blanche diffusent quelques images vidéo. Une terre rougeâtre borde un sol instable, incliné jusqu’à devenir impraticable, où les acteurs jouent et questionnent les sentiments de Silvia, d’Arlequin, du Prince et de Flaminia. Pour le metteur en scène Christian Colin, « il y a chez Marivaux de l’ordre de l’observation chirurgicale, de l’autopsie de l’amour, du langage amoureux, du langage social ». Directeur de la compagnie Atelier 2 depuis 1981, pédagogue, comédien pour le théâtre, le cinéma et la télévision, Christian Colin préfère ce Marivaux âpre, violent, cruel, ironique, à son « image d’Épinal : dramaturge spirituel, peintre d’une mondanité éprise de mots d’esprit ».
En 1723, avec froideur, pessimisme et légèreté, Marivaux imagine les inconstances du cœur de Silvia, qu’un Prince épris fait enlever. Mais Silvia aime Arlequin, ou croit l’aimer. Arlequin, qui ne veut pas déplaire au Prince, se laisse séduire par Flaminia, tandis qu’un officier, en réalité le Prince travesti, finit par séduire Silvia. « Je vois clair dans mon cœur », dira Silvia, à l’issue des tendresses sentimentales transformées en passions amoureuses. La Double Inconstance éprouve la sincérité des sentiments, les plonge dans des chassés-croisés de mensonges et de vanités, d’orgueils blessés, d’identités malmenées par la raison sociale, les attraits du pouvoir ou la guerre des sexes. « Et si la question de l’amour est si centrale, dit Christian Colin, c’est qu’elle est un paradigme de cet endroit de l’équivoque, de l’ambiguïté où le rêve déborde sur la réalité de façon si dangereuse. »
Pierre Notte
…c'est tenter de laisser apparaître le Marivaux des profondeurs. Sortir de l'image d'Epinal : dramaturge spirituel, peintre d'une mondanité éprise de mots d'esprit. S'échapper de la vision boursouflée à la Sainte-Beuve qui ne voyait dans ce théâtre que « badinage à froid, espièglerie compassée et prolongée, pétillement redoublé et prétentieux, enfin une sorte de pédantisme sémillant et joli ».
En effet en observant de plus près, il y a chez Marivaux de l'ordre de l'observation chirurgicale, de l'autopsie de l'amour, du langage amoureux, du langage social.
Et s'il construit un théâtre, c'est en recourant aux pires moyens. Il dresse une machine infernale, on entre et on sort, comme si on cherchait le cadavre, comme si on souhaitait le faire manger.
Un Marivaux âpre, violent, cruel. Ironique.
Avec froideur et légèreté il bâtit un théâtre où se dresse la plus terrible ambiguïté, nous conduisant à nous demander : pourquoi nous convie-t-il à ce spectacle ?
La Double Inconstance est l'une des pièces de Marivaux où l'étrangeté, la force de cette énigme apparaît dans son caractère le plus frappant. Et pénétrant dans cette histoire « élégante et gracieuse d'un crime » selon la formule d’Anouilh, à chacun d'entendre Arlequin dans ses premières questions : « Que diantre ! qu'est-ce que cette maison-là et moi avons affaire ensemble ? Qu'est-ce que c'est que vous ? Que me voulez-vous ? Où allons-nous ? »
La première étrangeté à laquelle nous nous retrouvons confrontés est le caractère, extrêmement paradoxal, ambigu du rapport à la loi dans lequel s'inscrivent l'action et les personnages. En effet dans ce « palais à volonté », où la cour comme le village obéissent à un seul maître, le Prince, celui-ci obéit lui-même à des lois, dont la première (il ne doit pas user de violence à l'égard de Silvia ni d'Arlequin) est tout de suite déniée (Silvia est enlevée au début de la pièce). Ainsi au-delà du caractère juridique, organique et même moral de la loi, cette double contrainte donne une règle constitutive au jeu et à l'action dramatique. Sans prohibition de la violence qui impose délais et négociations, et sans la violation de cette loi il n'y a pas d'enjeu. Cependant aux lois qui s'imposent au Prince répondent les lois qui s'appliquent aux villageois.
Ainsi en ce qui concerne la question de la fidélité, si Silvia peut énoncer au début : « il faut qu'une honnête femme aime son mari », cet engagement est relativisé peu de temps après : « il n'y a qu'à rester comme nous sommes, il n'y aura pas besoin de serment », avant que ce désir de fidélité ne devienne plus qu'un argument de séduction : « Par-dessus le marché cette fidélité n'est-elle pas mon charme ? » Et finalement Silvia pourra affirmer sans plus de difficultés : « Lorsque je l'ai aimé, c'était un amour qui m'était venu, à cette heure que je ne l'aime plus, c'est un amour qui s'en est allé, il est venu sans mon avis, il s'en retourne de même, je ne crois pas être blâmable. » Il s'agit donc bel et bien d'un étrange royaume dans lequel on prend la peine d'énoncer des lois, dans lequel on s'efforce de les respecter mais en méconnaissant ou en déniant leur rigueur.
Tous ces arrangements avec la loi sont des traits qui dessinent une figure du monde réel. Le cœur du théâtre de Marivaux est bien ici : chercher à dire le monde vrai. Et si la question de l'amour est si centrale, c'est qu'elle est un paradigme de cet endroit de l'équivoque, de l'ambiguïté où le rêve déborde sur la réalité de façon si dangereuse. Ainsi cet amour est constamment nommé, dit, objet d'échange de paroles mais il n'y en a en réalité aucun car il n'est jamais l'objet de choix, d'engagement. Toujours immergé dans le fantasme ou le rêve il s'affranchit du rapport au réel et devient lieu de cruauté, de l'instabilité où chacun se retrouve précipité dans l'infini des possibles.
On a souvent interprété La Double Inconstance comme le passage d'un amour enfantin à un amour conscient et adulte, mais cette lecture est aussi réversible, dans une séquence complémentaire, indissociable, qui livre l'enfance au désir des adultes avec le consentement des premiers. Ainsi Silvia peut-elle affirmer à la fin : « Comme on n’est pas le maître de son cœur, si vous aviez envie de m'aimer, vous seriez en droit de vous satisfaire, voilà mon sentiment. » Chacun des personnages est davantage dans une conscience « parlée » que dans une conscience objective des choses, aucun n'a de solution et tous procèdent par arrangement.
Et au fond, l'issue heureuse n'est peut-être pas tant là où on l'attend, car si on reste lucide, il est difficile de croire qu'avec si peu de choix, tant d'irrésolution, les arrangements de la fin aient plus de consistance que ceux du début. Paradoxalement, l'issue heureuse est à rechercher dans la désillusion que construit La Double Inconstance. D'abord parce que les acteurs sont véritablement acteurs au sens fort, présents comme personnages du rêve et le percevant de l'extérieur, ils nous permettent par un jeu de miroir qu'ils pratiquent d'abord pour eux-mêmes de s'échapper du rêve, en le soumettant à la critique.
L'espace les accompagne et les inscrit dans ce mouvement par la métaphore. Un lieu blanc que deux toiles structurent en son milieu, dans la verticalité. Sans cesse en équilibre instable, elles effectuent, dans un mouvement à peine perceptible, une sorte de parade, une danse à deux, tout au long de la représentation mais sans jamais se croiser, se toucher, réalisant ainsi comme un double croisement, un double mouvement, dans une double inconstance comme une ivresse par mimétisme.
Les acteurs, eux, tentant de s'échapper ou simplement conduits par cette double transcendance instable se retrouvent précipités dans l'immanence radicale du plan, à sa marge, sur la toile du réel ou à sa périphérie. Mais ce plan n'agit pas non plus de façon univoque. Lui-même multiple, il inscrit tout d'une pente à une autre, il place l'acteur sur la crête, ou se regardant sur la crête.
Les projections vidéo sur ces deux toiles blanches ne cherchent pas la modernité au sens où on l'entend habituellement, mais au contraire agissent en creux, et replacent là encore une réalité.
Il s'agit de construire cette désillusion qui n'épargne aucune figure de la pièce mais qui est paradoxalement la véritable utopie, la véritable fin heureuse. Comment Silvia passe de la vision de Trivelin : « Ce n'est point là une femme, c'est quelque créature d'une espèce à nous inconnue », à celle de Flaminia dont le projet est de la « ranger à son devoir de femme ». Puisque ce qui se réalise d'abord avec le Prince c'est la perte de tout ce qu'elle a de romanesque, de fantasme, de cette « fidélité » qui fait son charme.
Christian Colin, janvier 2006
Comédie en trois actes représentée à Paris le 6 avril 1723.
Le prince s’est épris d’une jeune paysanne Silvia, l’a fait enlever et conduire en son château. Il voudrait l’épouser, mais elle aime Arlequin. Le prince fait venir Arlequin à sa cour : il veut le rendre infidèle et, par là, ruiner l’amour que lui porte Silvia. Flaminia, fille d’un domestique du prince se montre secourable aux deux amoureux captifs, dans l’intention de gagner leur confiance : la bonne table, les honneurs rendus par les courtisans et la grâce de Flaminia atténuent la peine d’Arlequin. Silvia apprend que les dames de la cour se moquent d’elle pour sa beauté rustique : piquée au vif, elle décide de les confondre.
Il y a, à la cour, un officier qu’elle a aperçu naguère et qui lui plairait si elle n’aimait déjà Arlequin. L’officier se présente et assure Silvia de son amour tendre et respectueux ; cela l’émeut et la flatte. Arlequin, mis en présence du prince, est fâché de contrarier un si bon seigneur, tandis que Flaminia, qui ne lui déplaît pas, le gagne de plus en plus. A son tour, Silvia est désolée de faire souffrir l’officier, qui est en réalité le prince lui-même. Le dénouement est celui qu’on attend : quand le prince se fera connaître à Silvia, la comédie se terminera par deux mariages.
A l’inverse des autres comédies où Marivaux nous montre un amour naissant, nous voyons tout d’abord la fin d’un tendre sentiment et l’apparition d’une nouvelle passion ; la vanité est l’attrait du nouveau sont cause de ce changement. Une cour galante sert de fond à cette intrigue qui est présentée avec un art délicat. Marivaux annonce Musset, par son pessimisme léger en face de l’inconstance des cœurs, même les plus simples.
Laffont-Bompiani, Dictionnaire des œuvres.
Romancier et dramaturge français
Son théâtre a connu un destin singulier. Très apprécié de ses contemporains, il jouit longtemps d’un succès ambigu : considéré comme un auteur mineur, ses pièces plaisent par leur apparente légèreté et leur raffinement « psychologique ». Il aura fallu attendre plus de deux siècles pour que l’inquiétude profonde qui sourd de ces textes et leur pratique d’une mise en question radicale du langage séduisent metteurs en scène et critiques. Marivaux apparaît alors comme l’un des plus grands auteurs classiques de notre modernité.
(…) Entre Molière et Beaumarchais, Marivaux constitue une sorte de digression qui prend tout son sens au XXe siècle. Pourtant à défaut de s’inscrire vraiment dans la continuité classique, son œuvre constitue l’aboutissement d’une évolution, parfois esquissée chez Molière, vers le dépérissement (voire le dépassement) du caractère. Une typologie largement empruntée à la commedia dell’arte (près des deux-tiers de ses pièces sont créés par la Comédie Italienne) atténue les marques de l’individuation. Sylvia et Lelio, deux des principaux comédiens de la troupe, donnent leurs noms à des figures qui passent d’une pièce à l’autre, où ils côtoient de multiples Arlequins, Lisettes, Trivelins ou Frontins, chevaliers, comtesses et marquises…
Dans les pièces de Marivaux la fonction de regardant est dévolue aux valets. Parce qu’ils ont un rapport beaucoup plus évident à la parole et que leur corps possède déjà son propre langage, ils sont toujours en avance sur leurs maîtres. (…) Dans La Double Inconstance, les maîtres ne se permettent de regarder les valets et d’anticiper leur conversation que parce qu’ils se mettent eux-mêmes en position de valets et abandonnent à ces derniers leurs rôles de maîtres. La partition sociale recouvre en fait une partition dramaturgique. (…) les maîtres se donnent la comédie et la donnent à leurs valets avant de nous la donner à nous. Projetés comme malgré eux sur la scène du langage, ils nous donnent à leur tour le chemin à suivre pour parvenir à échapper au bavardage d’un certain théâtre et apprendre vraiment « ce que l’on appelle parler ».
Véritable thérapie linguistique en même temps qu’expérience de l’origine, le théâtre de Marivaux ne pouvait que stimuler les recherches des metteurs en scène modernes…
Extraits de la notice Marivaux écrite par A. Rykner dans le Dictionnaire encyclopédique du théâtre dirigé par Michel Corvin, Editions Larousse
"A l’égard de M. de Marivaux, je serais très fâché de compter parmi mes ennemis un homme de son caractère et dont j’estime l’esprit et la probité. Il y a surtout dans ses ouvrages un caractère de philosophie, d’humanité et d’indépendance dans lequel j’ai trouvé, avec plaisir, mes propres sentiments. Il est vrai que je lui souhaite quelquefois un style moins recherché et des sujets plus nobles. Mais je suis bien loin de l’avoir voulu désigner en parlant des comédies métaphysiques. Je n’entends par ce terme que ces comédies où l’on introduit des personnages qui ne sont point dans la nature, des personnages allégoriques propres tout au plus pour le poème épique, mais très déplacés sur la scène, où tout doit être peint d’après la nature. Ce n’est pas, ce me semble, le défaut de M. de Marivaux. Je lui reprocherais au contraire de trop détailler les passions et de manquer quelquefois le chemin du cœur, en prenant des routes un peu trop détournées. J’aime d’autant plus son esprit que je le prierais de le moins prodiguer. Il ne faut point qu’un personnage de comédie songe à être spirituel, il faut qu’il soit plaisant malgré lui et sans croire l’être. C’est la différence qui doit être entre la comédie et le simple dialogue." Voltaire
"Les pièces de Marivaux, malgré la diversité des caractères et des intrigues, ont entre elles un grand air de ressemblance. On y trouve toujours le même esprit chatoyant et trop souvent recherché, la même analyse métaphysique des passions, le même langage fleuri et rempli de néologismes. Ses plans ne représentent qu’une étendue fort restreinte ; mais, en habile chorégraphe, il sait parcourir le cercle étroit ainsi tracé à pas si petits et cependant si nettement gradués, qu’à la fin nous croyons avoir fait avec lui autant de chemin qu’avec un autre." Lessing
"Marivaux et ses phrases pures comme du cristal, et ses jolis drames d’amour qui sont comme des torrents emprisonnés." Jules Renard
"Ce qui doit nous intéresser dans le théâtre de Marivaux c’est ce qu’il a d’abstrait. C’est cette convention poussée à l’extrême limite et spiritualisée." Louis Jouvet
"Difficile de maintenir le ton de ce dialogue aisé qui, cependant, est constante émotion. Le savoir-faire du conducteur est admirable : l’intrigue, les cœurs, le texte réduit à ce qu’il est, et cela seul, nécessaire." Jean Vilar
j'ai été voir cette pièce le 30 mars a RENNES c'étais pour moi une première et j'en suis resorti surpri d'abord par le texte bourré d' hironie au quel j'ai réagi avec humour ! ensuite par les acteurs qui étaient présent dans leurs facons d'interprétés un double amour qui ma permi de ne pas laché le fil du dénoument. une mise en sène ,des costumes et des arrières plans ou jeux plutot originaux. le seul mauvais point pour moi est de ne pas avoir vue joué cette pièce avec ISILD le besco que j'aurais apprécier voir joué dommage pour moi se sera pour une autre pièce, une autre fois! cela ma donner envie d' etre spectateur d'autres pièces
Ridicule, niais, faussement intello: du prétendu théâtre qui fait haïr le théâtre et les "gens de théâtre"! Je n'ai pas applaudi: la première fois en quinze ans de théâtre! Pour tous ceux qui ont malencontreusement pris une place pour ce spectacle: n'ayez pas de complexe; la seule chose à comprendre est que Christian Colin est un imposteur! Je ne peux rien dire de Grégoire Colin et d'Isild Le Besco: ils ne jouaient pas (on les comprend)...
Du théâtre? Je n'en ai point vu! Des récitants figés, un " bon " prince vociférant... Les comédiens ont bien du courage! Ce théâtre conceptuel me désole... Je nesuis pas assez"intello" pour apprécier.
Merci !... Tout est dit !... Je suis ce qu'on appelle un "bon public".... mais là, ce fut insupportable !
j'ai été voir cette pièce le 30 mars a RENNES c'étais pour moi une première et j'en suis resorti surpri d'abord par le texte bourré d' hironie au quel j'ai réagi avec humour ! ensuite par les acteurs qui étaient présent dans leurs facons d'interprétés un double amour qui ma permi de ne pas laché le fil du dénoument. une mise en sène ,des costumes et des arrières plans ou jeux plutot originaux. le seul mauvais point pour moi est de ne pas avoir vue joué cette pièce avec ISILD le besco que j'aurais apprécier voir joué dommage pour moi se sera pour une autre pièce, une autre fois! cela ma donner envie d' etre spectateur d'autres pièces
Ridicule, niais, faussement intello: du prétendu théâtre qui fait haïr le théâtre et les "gens de théâtre"! Je n'ai pas applaudi: la première fois en quinze ans de théâtre! Pour tous ceux qui ont malencontreusement pris une place pour ce spectacle: n'ayez pas de complexe; la seule chose à comprendre est que Christian Colin est un imposteur! Je ne peux rien dire de Grégoire Colin et d'Isild Le Besco: ils ne jouaient pas (on les comprend)...
Du théâtre? Je n'en ai point vu! Des récitants figés, un " bon " prince vociférant... Les comédiens ont bien du courage! Ce théâtre conceptuel me désole... Je nesuis pas assez"intello" pour apprécier.
Merci !... Tout est dit !... Je suis ce qu'on appelle un "bon public".... mais là, ce fut insupportable !
suite du message précédent : Des écrans où se projette tantôt la course d’un enfant à travers les escaliers, tantôt le vol de grands oiseaux blancs sont autant de fenêtres qui s’ouvrent dans cet univers fermé. Rien n’est gratuit, rien n’est en trop. Les tableaux vivants du 18e siècle sont très beaux, mais pas seulement, ils traduisent bien la distance nostalgique que peut nous inspirer le 18e siècle. Christian Colin n’a pas voulu faire « comme si » ce qui, après tout est la moindre des choses dans une pièce où le thème des apparences et du jeu de masque est central. Pour moi Christian Colin a touché juste. Seul regret, les acteurs jouent un peu trop chacun pour soi.
Eh bien moi, j’ai passé une très bonne soirée avec le sentiment que ce qui est montré sur scène, c’est exactement ce que je souhaitais voir et entendre. Pas d’entrées et de sorties pour donner l’illusion du mouvement, pas de persiflage, pas de « marivaudage ».Il y a beaucoup de références, de citations, mais le message n’est pas brouillé. Il s’agit d’un exercice de lucidité. En mettant la représentation du spectateur au cœur du spectacle, Christian Colin fait entendre la voix de Marivaux. C’est un Marivaux noir où les personnages sont enfermés dans leur condition sociale, dans leur rôle.
Je ne suis pas d'accord avec le fait d'envoyer des tomates,mais on ne passe pas une bonne soirée. Le parti pris de la mise en scène rend Marivaux ennuyeux et ses effets semblent dénués de sens, ou du moins ils ne sont pas lisibles pour le spectateur. Le côté intriguant des personnages est escamoté ce qui empêche la pièce d'être dynamique et questionnante sur les relations amoureuses. J'ai trouvé ça insupportable.A vous de voir si vous avez envie de tenter l'expèrience. J'ai terminé la soirée en regardant"L'Esquive", film qui sert Marivaux et qui montre qu'un auteur peut être perçu comme contemporain, avec sa légéreté et ses côtés sombres, quelles que soient les origines sociales et culturelles des acteurs et des spectateurs, sans pour autant avoir recours à des pseudos effets de mise en scène. Un grand merci à Abdellatif Kecchiche, réalisateur du film.
Moi aussi, j'ai détesté. J'ai hué le salut final et je n'atais pas le seul. Cela fait très longtemps que je ne l'avais fait; mais le metteur en scène de ce spectacle le mérite amplement. ce qui est dommage, c'est que ce sont les pauvres acteurs, qui n'y sont pas pour grand chose, qui encaissent le mécontentement des spectateurs. Parlons du metteur en scène: quelle prétention stupide!! même pas sauvée par un parti-pris esthétique. Encore un qui fait partie de la race des frustrés qui, incapables d'écrire une pièce de théatre, entreprennent de démolir celles des autres. Et comme la pièce de Marivaux ne lui suffisait pas, il y ajoute un prologue et des intermèdes qui suffiraient à démolir le spectacle, même si le reste était correct. Si vous y allez, armez vous de tomates; et vous pouvez commencer à les lancer sur le pauvre acteur qui, sans aucune raison compréhensible, se fatigue à éblouir les spectateurs avec le faisceau d'un projecteur, ceci dès le prologue.
Affligeant. Un ennui mortel, deux protagonistes ridicules (l’une récite avec une voix insupportable, l’autre bas des bras comme un moulin dès qu’il s’exprime en hurlant), une illustration sonore indigente (à une voix au synthé de supermarché), une scénographie qui assassine Marivaux (vidéo, micros individuels, décor esthétisant et suranné), une mise en scène à tiroirs totalement hermétique. Beaucoup de moyens pour une démonstration de théâtre bourgeois qui exprime son seul désir de se reproduire. Vous êtes prévenus !
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille