Dans La Fausse Suivante, il est plus question d'argent que d'amour. Avec un langage dans lequel l'esprit est pour chaque personnage la moindre des politesses, Marivaux se plaît avec malice à nous raconter l'histoire d'une vengeance. Celle des femmes sur les hommes, cupides et fourbes ; celle aussi d'une femme qui veut donner une leçon aux autres femmes, à celles qui perdent leur dignité par frivolité ou par faiblesse.
Grâce au jeu trouble du divertissement, de l'ambiguïté de l'identité, de la dissimulation de la condition, la joute des orgueils a lieu, toujours implacable chez Marivaux. Dans La Fausse Suivante, les femmes sont des proies, elles sont riches et les hommes qui les séduisent ou les servent sont tous assoiffés d'or. Dans cette pièce cruelle et drôle, Marivaux dénonce l'imposture et l'illusion de l'amour. Peut-être nous propose-t-il aussi et avec brio, un des premiers grands réquisitoires féministes.
Lambert Wilson
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