Zapping amusé du patrimoine culturel
Note de l'auteur
... et du metteur en scène
François Mougenot, avec impertinence et drôlerie, mais aussi un talent de pasticheur certain, a décliné le thème de La cigale et la fourmi, à la manière de nombreux auteurs de théâtre ou de cinéma : en détournant des scènes fameuses de Molière (La fourmisanthrope), Racine (Cigallicus), Shakespeare (Un compte d’hiver) , Beaumarchais (La froide journée), Labiche (-9° à l’ombre), Feydeau (Un grain à la patte), Rostand (Cigalo de Bergerac) et plus près de nous d’Audiard (Les fourmis flingueuses) ou de Pagnol (Cigalou), sans oublier quelques clins d’œil obligés aux séries TV, mais aussi en pastichant allègrement quelques morceaux de bravoure de la poésie empruntés à Verlaine, Apollinaire, Ronsard, Rimbaud, Prévert, Du Bellay, Baudelaire, Hugo (La légende du grain) ou Lamartine (Le sac).
Dans cette comédie joyeuse, enlevée, aux multiples facettes, c’est l’auteur lui-même qui interprète le rôle de la fourmi, tandis que son frère, Jacques Mougenot (auteur et interprète de L’affaire Dussaert qui triompha au petit Hébertot en 2006) interprète le rôle de la cigale, et assure également la mise en scène du spectacle (dont il a par ailleurs écrit les couplets chantés). C’est donc à un exercice de style théâtral, à un numéro de transformiste verbal, à une sorte de zapping amusé du patrimoine culturel, que se livrent les deux comédiens rompus à tous les registres du répertoire classique et moderne ; car le spectacle fait la part belle au jeu de l’acteur et se veut (comme on le dit souvent des pastiches pour en excuser l’irrévérence) : un hommage jubilatoire, ironique et tendre à la langue française et plus particulièrement au théâtre.
Le spectateur pourra par ailleurs se livrer au jeu de reconnaître les morceaux détournés car les références sont nombreuses et titilleront constamment sa mémoire en réveillant parfois de lointains souvenirs d’écolier... Quant aux spectateurs moins avertis, ils goûteront simplement le plaisir du théâtre, celui d’assister à cette pièce éternelle, mais toujours d’actualité, qui se joue chaque hiver depuis Esope, entre la Cigale et la Fourmi ! Un spectacle roboratif, de quoi subsister jusqu’à la saison nouvelle.
Mon premier ouvrage La Fourmi et la Cigale (Editions Edite 2006) regroupe une quarantaine de pastiches racontant la fable immémoriale à la manière de grands auteurs du répertoire théâtral, poétique ou romanesque.
C’est à l’instigation de Pierre Bonnier, notre producteur, et en mettant à contribution l’expérience d’auteur-acteur de mon frère Jacques, que j’en ai extrait les morceaux les plus théâtraux pour construire une véritable pièce de théâtre, où la fable et ses personnages se renouvellent au gré des auteurs, des époques et des styles. Le spectacle explore ainsi avec humour ou irrévérence, notre patrimoine culturel, celui du théâtre, de la poésie, du cinéma, voire de la télévision. Mais il est surtout à mon sens un hommage aux auteurs qui m’ont insufflé, notamment pendant mes classes de comédiens chez Jean-Laurent Cochet où leur fréquentation fut quotidienne, l’amour et le respect de la langue française.
François Mougenot
Il y a dans ces « variations sur un air connu » la jonglerie verbale d’un Cyrano, (ça n’est pas par hasard si le pastiche de la tirade des nez conclut le spectacle) comme si la cigale et la fourmi, insatisfaites de la version que La Fontaine a donné de leur querelle, rejouaient « en variant le ton » (le style, en l’occurrence), cette scène éternelle qui les oppose depuis Esope.
Mais le spectacle est beaucoup plus qu’un enchaînement de pastiches littéraires, ce qui serait déjà plaisant en soi, c’est véritablement une pièce de théâtre « itérative » dont la répétition séduira le spectateur grâce à la variation incessante des styles, des caractères et des époques ; c’est elle qui renouvelle à chaque fois le charme et la surprise d’une situation trop connue et la fait évoluer jusqu’au dénouement car loin d’obéir à un système elle suit une logique dramatique et construit une intrigue.
Pour mettre en scène ce spectacle, j’ai mis à profit mon expérience d’enseignant du théâtre : ma connaissance et ma pratique des styles propres à chaque auteur m’a servi pour faire ce travail d’interprétation, car il s’agit plus de jeu théâtral que de récitation poétique.
Mon souci était donc de respecter cette théâtralité, même lorsque les personnages se font les récitants de leur histoire. C’était facile lorsque le texte pastiche une scène de Molière, de Shakespeare, ou de Feydeau, plus délicat lorsqu’il détourne les poèmes les plus fameux de notre patrimoine, j’ai alors envisagé ces passages comme des monologues venant émailler ou commenter l’action.
Le texte riche et brillant, le rythme des enchaînements et la variété des scènes interdisaient des changements de décors ou de costumes, ils n’imposaient que la présence de deux comédiens dans des rideaux noirs n’obéissant qu’à un seul mot d’ordre « Eh bien, jouez maintenant ! »
Jacques Mougenot
Il ne faut surtout pas rater ce spectacle…Accompagnés d’une demi-douzaine de neveux entre 15 et 18 ans, nous avons connu une heure et demie de bonheur. (Déconseillé aux plus jeunes car il faut tout de même avoir un minimum de références littéraires). Les pastiches sont excellents, de Ronsart à Victor Hugo en passant par Du Bellay (« plus mon petit Libé qu’un trop long baratin »). Non seulement ceux des auteurs classiques, mais également les contemporains (Pagnol, Audiard, séries américaines). Quel talent. C’est ingénieux, c’est plein d’humour, c’est rapide. Vraiment du bon théâtre. Merci les frères Mougenot. Vous nous donnez l’envie de replonger dans le « Lagarde et Michard » de notre jeunesse.
Il ne faut surtout pas rater ce spectacle…Accompagnés d’une demi-douzaine de neveux entre 15 et 18 ans, nous avons connu une heure et demie de bonheur. (Déconseillé aux plus jeunes car il faut tout de même avoir un minimum de références littéraires). Les pastiches sont excellents, de Ronsart à Victor Hugo en passant par Du Bellay (« plus mon petit Libé qu’un trop long baratin »). Non seulement ceux des auteurs classiques, mais également les contemporains (Pagnol, Audiard, séries américaines). Quel talent. C’est ingénieux, c’est plein d’humour, c’est rapide. Vraiment du bon théâtre. Merci les frères Mougenot. Vous nous donnez l’envie de replonger dans le « Lagarde et Michard » de notre jeunesse.
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