Jour d’été. Une jeune baigneuse, surprise par l’orage, pousse la porte de ce qui reste d’un ancien château abandonné, au bord d’un étang. Contre toute attente, un vieil érudit s’y trouve, assis au milieu d’une montagne de livres. Se noue alors entre eux une étrange relation où le réel va sans cesse se fracturer, n’offrant plus qu’une multitude de reflets comme autant de glissements de temps, d’identités, de désirs entrevus… un trouble que l’arrivée d’un bûcheron, ami de la jeune fille pourrait dissiper, à moins que…
Dans la pièce, il y a une réalité tangible, mais au fur et à mesure des visites de la jeune fille, cette réalité va légèrement « disjoncter », glisser du banal au fantastique, un fantastique à peine sensible au premier regard, plutôt des pans de réels qui se fissurent et se dérobent à l’espace-temps, ouvrent d’autres perspectives, à peine entrevues… Nous sommes tissés de paroles et de silences, de passé et de présent, d’un corps et de ses ombres, d’images et de leurs multiples reflets.
La pièce serait une invitation à partager un moment ce « petit vertige », cette alternance de surface et d’épaisseurs, de légèreté et de densité des choses qui nous constituent. Nulle représentation réaliste pour l’espace imaginé par Cueco, à part quelques éléments indispensables à la narration, mais un univers où « l’être là des acteurs », le travail de lumière, la composition musicale et sonore, les créations d’images devront opérer tous ces « glissements de réel » offrant ainsi au spectateur, une diversité de sens, d’émotions et de sensations qui lui laissent la liberté de créer pour lui-même ses propres constructions imaginaires.
Texte écrit en février 2007, dans le cadre des Nouvelles écritures théâtrales (ANETH).
94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris