Dans le hall d’un hôtel de province, un palace, un couple se retrouve, pour la première fois depuis leur séparation, à l'occasion du prononcé du jugement de leur divorce. Ils passeront la nuit à se dire tout ce qu'ils ne se sont pas dit assez tôt.
Marguerite Duras a prolongé la première version vingt ans après, par l'écriture d'une seconde, qui commence pratiquement par les mêmes échanges, mais ne se termine pas tout à fait comme la première : le couple y est moins assuré, s'interroge davantage sur la finitude des choses…
« Un couple se quitte, et Marguerite Duras prend un plaisir certain à en détailler la défaite. Mais le spectacle, lui, fait sécession. Il ne cède pas au drame. Coup de maître de Jacques Weber, qui orchestre une représentation rayonnante, d’une sensualité continue. Cela tient, pour beaucoup, à son choix de confier les rôles de la femme et de l’homme à un duo d’acteurs qui, sans jamais se toucher, savent faire surgir entre eux la masse impalpable du désir. » Joëlle Gayot, Le Monde, 8 octobre 2018
J’aime lire, dire, entendre, écouter Marguerite Duras ; ses mots et ses silences avancent lentement, plus frémissants qu’incertains, déterminés, jamais distraits, ils avancent, la pensée traverse l’émotion, la consolide, la met à nue, debout face à la vie, jamais flasque, tendue et souple comme un vers de Racine.
J’aime les halls d’hôtels de province, vastes et désertés comme un théâtre après minuit. Dans les étages il y a les chambres, on s’y pose. Derrière la porte à tambour : la rue, on y passe. Un couple se parle, se reparle, se tait, continue de se taire. Le briquet qui allume une cigarette, la tasse de café qui choque sa soucoupe, un vieil employé qui passe le balai, un soupir, une toux, des mots, fredonnent avec eux trois petites notes de musique : la Musica. J’ai toujours eu envie de monter cette pièce de Marguerite Duras. J’ai toujours eu envie de monter une pièce quand le désir pour un acteur, une actrice, venait s’en mêler.
J’ai vu et entendu dans ma tête Gregory Gadebois que j’admire depuis si longtemps. Il était là, imposant et fragile, le mystère si doux, la violence muette de la pudeur des grands acteurs embuait ma lecture, je n’y pouvais plus rien : c’était lui.
Il fut vite rejoint par Stéphane Caillard : je n’avais vu qu’un film, un huis clos magnifique où elle était la femme et l’amante… son regard, sa voix, le mouvement de ses phrases comme de son corps se glissait simplement, évidemment près de « Lui » dans le hall d’un grand hôtel de province.
Heureux, joyeux même, un peu intimidé aussi, il ne restait plus qu’à travailler. Christine ma femme, une femme qui a lu tout de Duras m’accompagnerait, Philippe Miesch croquerait des halls d’hôtel, on parlerait beaucoup trop parfois on se tairait, pas assez souvent et puis lentement au rythme de Marguerite un décor, un homme, une femme viendraient au monde. Celui du théâtre où il est si important de se rappeler ce beau titre de Marguerite Duras : Barrage contre le pacifique qui fait écho au conseil de Tchékhov à ses acteurs : « A travers les larmes mais surtout pas de larmes. »
Jacques Weber
Magnifique pièce Grande interprétation de l’actrice Stéphane Caillard On entend duras Merci
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Magnifique pièce Grande interprétation de l’actrice Stéphane Caillard On entend duras Merci
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