Le Géorgien Rézo Gabriadzé est peintre, sculpteur, scénariste, réalisateur,
metteur en scène... et conteur dans l'âme. Lors d'un voyage, il trouve dans un train une
vieille revue qu'il ouvre au hasard et dans laquelle il lit cette évocation de la
bataille de Stalingrad : ì Plus je m'approchais de Stalingrad... après les combats...
plus la steppe prenait un aspect incroyable. Il y avait partout des cadavres de chevaux.
Certains chevaux encore vivants se tenaient debout sur trois pattes et secouaient la
quatrième mutilée. Le spectacle était déchirant. C'est de cette vision obsédante
qu'est né chez lui le désir d'un spectacle sur l'épopée de Stalingrad, un acte de
mémoire pour ne pas oublier ce moment fort de notre histoire. Sur une petite scène
recouverte de sable blanc, Gabriadzé fait surgir des créatures ancrées dans les
légendes de son enfance, poupées de porcelaine, de papier mâché et de chiffon que
manipulent à vue des acteurs à l'infinie délicatesse. Stalingrad qui ne parle que de
guerre et de dévastation, est pourtant empli d'humour et de poésie. On songe à Kantor,
un Kantor pas sérieux qui, au-delà de la nostalgie, aurait choisi de rester pour
toujours en enfance.
Au Maillon-Hautepierre
13, place André Maurois 67033 Strasbourg