« La Cantatrice chauve : Théâtre abstrait. Drame pur. Anti-thématique, anti-idéologique, anti-réaliste-socialiste, anti-philosophique, anti-psychologique de boulevard, anti-bourgeois, redécouverte d'un nouveau théâtre libre. C'est-à-dire libéré. Personnages sans caractères. Fantoches. Etres sans visage. Intrigues et actions dénuées d'intérêt. Mots sans suite et dénués de sens. Burlesque poussé à son extrême limite.
Là, un léger coup de pouce, un glissement imperceptible et l'on se retrouve dans le tragique. C'est un tour de prestidigitation. »
Eugène Ionesco, Notes et contre-notes
Distribution en alternance.
Par la compagnie UBU POP CORP’.
« Allez voir la cantatrice chauve dans cette mise en scène fort divertissante, et dîtes vous que le rire vaut bien, bien des discours ! » Le Monde
« Cette mise en scène très réussie offre une seconde jeunesse à Ionesco et respecte parfaitement les attentes de celui qui vient voir La Cantatrice Chauve. On salue l’énergie de cette jeune troupe. » Un Fauteuil pour l'orchestre
« Une parfaite mise en scène et une talentueuse distribution. » Sorties à Paris
« De façon originale Judith Andrès dépoussière la pièce dans une aussi drôle que surprenante rythmologie des gestes et des corps. Les comédiens nous font partager l’univers délicieusement loufoque de Ionesco, offrant à cette Cantatrice Chauve une touche malicieuse. » Blog de Phaco
« Six comédiennes et comédiens pleins d'entrain nous offrent une Cantatrice dépoussiérée, maniant à merveille cette langue en folie. Sous la houlette de cette équipe dynamique, la pièce prend un sacré coup de jeune. La salle est comble, les spectateurs rient énormément » Regarts
« Le talent de la mise en scène, et certainement ce qui fera date dans l’histoire des représentations de la pièce, assure à l’ensemble un rythme redoutablement efficace, peut être jamais encore égalé et une esthétique admirable » Toute la culture
La Cantatrice chauve est ta première création, quel a été ton parcours ?
Après un baccalauréat option théâtre à Strasbourg, je me suis formée au Cours Florent à Paris, où j’ai rencontré les comédiens et les comédiennes de la Cantatrice. C’est en troisième année, pour un travail de fin d’étude que l’on pouvait faire, que j’ai voulu monter cette pièce avec eux. C’est dans cette optique que j’ai créé la compagnie Ubu Pop Corp en 2015.
Comment as-tu découvert La Cantatrice chauve et pourquoi avoir décidé de mettre en scène cette pièce en particulier ?
J’en avais entendu parler au lycée, je connaissais sans connaître, puis un jour je l’ai lue et j’ai tout de suite adoré. J’avais l’impression d’avoir quelque chose d’inédit, de révolutionnaire entre les mains, je n’avais jamais rien lu de pareil. J’avais l’impression que tout était possible à partir de cette pièce. J’ai eu une sensation d’immense liberté face à ce texte et surtout un sentiment de légitimité à l’être. Quand j’ai eu l’opportunité de faire moi-même de la mise en scène, La Cantatrice chauve m’est apparue comme une évidence.
Quels ont été tes partis-pris de mise en scène ?
Dans La Cantatrice chauve j’ai trouvé qu’il y avait déjà un rythme incroyable dans l’écriture de par les répétitions, les didascalies, les longues tirades, et la multitude de répliques très coutres et saccadées, sans oublier la progression de la pièce avec cette montée tout en tension et en crescendo, pour arriver à cette cacophonie, à cette rupture nette, et enfin au recommencement final... J’ai donc voulu jouer avec ce rythme, rapide, de plus en plus rapide d’ailleurs mais toujours ponctué de ruptures. Il était aussi impératif qu’il y ait un engagement des corps, un mouvement. Je voulais une gestuelle très codifiée, précise et rigoureuse, une sorte de chorégraphie. J’ai choisi de jouer avec l’aspect mécanique, automatique, qu’ont ces personnages, parfaitement interchangeables aux allures de poupées, et de les en nourrir. On peut s’imaginer des pantins, des automates comme ceux qui sortent des horloges suisses, des robots formatés en pilotage automatique, des marionnettes dont les fils seraient tirés par on ne sait qui, la société peut-être... Donc, je récapitule : le corps et le jeu au service du rythme, et donc du texte. La thématique du langage, de l’automatisme -là aussi- du langage, est centrale dans la pièce de Ionesco. Je voulais mettre en évidence sa perte, la parole vide de sens , la non-communication évidente entre ces personnages qui font comme si tout était parfaitement entendu et qui se tuent à vouloir vivre, se conduire, agir, et parler comme des êtres humains. Essentielle aussi, la notion de temps. Ionesco donne à la fameuse pendule un rôle de premier plan, allant jusqu’à la personnifier. Donc concrètement, dans la mise en scène, ça se traduit par une irrésistible envie de jouer avec la perception du temps, de la rendre floue, de l’altérer, de la placer au service de l’effondrement du réel. La perte de langage, et cet effondrement du réel peuvent être très drôles, mais quand on prend un peu de recul ça fait réfléchir, ça peut faire peur et être terrible.
Pourquoi avoir inséré des interludes musicaux, du beatbox notamment ?
J’avais envie de travailler sans bande-son mais avec le challenge de garder une vraie musicalité dans le spectacle. On a donc travaillé avec beaucoup de corporythmes, on en a beaucoup regardé sur internet puis on a essayé d’en inventer nous-même et on a regardé comment ça pouvait s’emboîter, idem pour les percussions sur les chaises un peu à la manière des Stomps que j’aime beaucoup… Cela a été un réel travail collectif, je savais ce que je voulais, alors j’ai demandé à chacun de faire des propositions et d’arriver avec des idées et c’est comme ça qu’on a trouvé tous ensemble, à force d’essayer toutes les combinaisons possibles.
Les comédiens semblent adopter un jeu très chorégraphique qui peut faire penser à celui de Chaplin, quelles sont tes influences ?
Pour résumer, je dirais que les artistes qui m’intéressent le plus sont ceux qui ont un univers qui leur est propre avec des codes très particuliers. Alors oui, il y a notamment Chaplin avec Les Temps modernes et cette image accélérée de Charlot que je trouve très intéressante. Cela m’a beaucoup inspirée par rapport aux mimes, aux mimiques.
Un des artistes qui m’a le plus inspirée après avoir lu La Cantatrice chauve c’est Jacques Tati avec son film Mon Oncle , notamment pour toutes ces machines, les petits bruits de pas, tous les gros plans sonores… Beaucoup de chorégraphes contemporains m’ont également inspirée, dans le Tanztheater allemand je citerai Sascha Waltz, Pina Bausch, mais aussi d’autres comme Ohad Naharin, Anne Theresa de Keersmaeker… Les premiers films de Tim Burton aussi, comme Beetlejuice , où il y a ce dîner dans lequel ils deviennent tous complètement fous. Pour le théâtre je peux citer Bob Wilson, je suis absolument fan de son travail de metteur en scène.
On dit que tu « dépoussières » La Cantatrice chauve , selon toi en quoi cette pièce est-elle encore d’actualité ?
Il me semble que Monsieur et Madame Smith, Monsieur et Madame Martin peuvent être chacun d’entre nous. Par rapport à la perte de langage aujourd’hui, je trouve cela très marrant car on parle parfois en un mot sur les réseaux sociaux, on commente avec des hashtags, et tout le monde répond d’un air entendu avec des mots qui ne veulent objectivement pour la plupart rien dire. Des mots sont créés en permanence et passent les uns après les autres dans le dictionnaire. Je ne suis pas contre, je trouve cela très drôle, si tout le monde est de plus en plus ouvert d’esprit tant mieux, mais les gens utilisent souvent des mots sans avoir la moindre idée de ce qu’ils signifient. Il y a aussi la platitude de la grande majorité des conversations, le contrôle permanent de soi... Ce spectacle fait sens aujourd’hui dans cette perspective-là, ce sont des gens interchangeables, parfois je me dis que c’est vraiment nous.
Quels sont tes projets à venir ?
La Cantatrice chauve est une pièce qu’on aime vraiment tous et qu’on a envie d’emmener loin. J’ai encore pleins d’idées qu’on n’a pas forcément les moyens de réaliser pour le moment. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de financements pour continuer à faire vivre ce projet. Chaque nouvelle représentation est toujours un challenge.
Propos recueillis par Pauline Olmedo au Théâtre de Belleville/ Août 2016
Alors, pourquoi cette pièce ?
Eh bien pour cette solitude et cette liberté, justement. Non pas face à Ionesco, le vieil homme confus, si triste et désespéré des dernières années ; mais face au « médium » de 1947 ; à cette manière d’étranger absolu qui captait alors exactement les temps que nous vivons aujourd’hui, leur langue, l’univers médiatique globalisé, et l’isolement mondialisé de chacun. Parce que sous l’épais vernis sombre du théâtre de l’absurde, il est temps pour nous, en 2016, enfants de Chaplin et Tati, de Bausch et de Wilson, et de tant d’autres, de faire droit à la beauté joyeuse, poétique, burlesque, légère et drôle, fondatrice, tout comme à l’humanité déchirante de La Cantatrice chauve.
La Cantatrice chauve c’est d’abord un rythme et un mouvement, c’est donc sur ces deux points essentiels que j’ai axé la mise en scène. Entre les nombreuses didascalies (« Mr. Smith fait claquer sa langue. » / « Court silence. La pendule sonne deux fois. » / « Un assez long moment de silence. » / les nombreux « Silence. » / « On entend sonner à la porte. » / « On entend de nouveau sonner. » etc.), les répétitions et des répliques pour très grande majorité courtes et saccadées, alternées par d’autres plus longues, voire carrément interminables (comme « le Rhume ») ; Ionesco joue sur les rythmes. Rapide, de plus en plus rapide d’ailleurs, mais toujours ponctué de ruptures, le texte offre un grand nombre de possibilités. La montée de la pièce en tension et en crescendo, pour arriver à cette cacophonie, à cette rupture nette, et enfin au recommencement final, offre une vraie partition de jeu, tant dans l’engagement du corps que dans la musicalité. C’est là qu’intervient Chaplin et Les Temps modernes. Le film est très rythmé ; que ce soit par la musique, les bruits, les machines, la vitesse (il est tourné en 18 images/seconde et projeté en 24 images/seconde, ce qui accentue la frénésie de l’action) ou le jeu. Charlot adopte un jeu particulièrement chorégraphique, et servant au mieux le propos du film. Chacun de ses mouvements semble être une phrase. C’est dans cette idée que j’évolue : le corps et le jeu au service du rythme, et donc du texte.
Dans la continuité de la pensée intervient Mon Oncle, et l’idée de robotisation du couple Arpel. Dès les premières lectures de La Cantatrice chauve, j’ai vu, en les personnages des Smith et des Martin, tantôt des robots, en pilotage automatique, tantôt des pantins, dont les ficelles sont tirées par ce monde que dénonce Ionesco.
L’automatisme du langage, la platitude des conversations, les clichés accumulés, présentés comme des révélations, et la banalité du quotidien, véritable ritournelle, m’ont mis sur la voie. Sans oublier évidemment le recommencement par les Martin, preuve ultime que ces couples sont parfaitement interchangeables, tant leur vies sont formatées, conditionnées. Une sorte de robots donc, d’automates. Ou de pantins si l’on considère que c’est la société qui effectue ce formatage.
Mais attention, il ne s’agit pas là, de « réduire » les personnages à des robots ou à des pantins, au contraire, c’est bien de les en nourrir qu’il est question ; et aussi de repérer dans le texte les interstices par où vont sourdre, ou brusquement tout envahir une émotion humaine, un sentiment tragique, parfaitement incongrus.
J’ai retrouvé dans The Old Woman de Robert Wilson, l’importance du traitement espace-temps, ainsi et surtout que cette gestuelle très codifiée, précise et rigoureuse.
Souvent proche de la chorégraphie, elle a bon nombre de points communs avec celle de Charlot. Elle saura servir à merveille le mouvement et évidemment le rythme de La Cantatrice chauve, tout en dessinant l’espace, et en faisant apparaître et exister les corps.
J’ai également bien en tête les grandes lignes du Tanztheater (littéralement Danse-théâtre), et le travail de Pina Bausch, notamment sa désormais très connue Seasons march. Simplement une idée en plus, à garder en tête pour le travail du corps.
Je reviens sur la notion du temps, essentielle dans la pièce. Ionesco place en effet la fameuse pendule à un rang important, allant jusqu’à la personnifier (« La pendule sonne tant qu’elle veut. »). Il s’agit là de jouer avec la perception du temps, de la rendre floue, de l’altérer, de la placer au service de l’effondrement du réel.
Un point encore, essentiel : la musicalité. À mon sens, indissociable du rythme, elle représente un part capitale dans la mise en scène.
J’ai pris le parti de travailler sans bande sonore, enfin du moins, enregistrée. Et en associant, ce que j’ai développé jusqu’ici : le corps, le mouvement, le rythme offert par le texte.
En regardant attentivement, ou plutôt en écoutant, Mon Oncle, j’ai été interpellé par l’importance des sons. En me renseignant, j’ai lu qu’on parlait de Jacques Tati comme de l’inventeur du « gros plan sonore ».
Voilà de quoi me séduire, et nourrir le travail de mise en scène. Sans bande-son enregistrée, certes, mais avec néanmoins de nombreux outils : beat-box, vocalises, percussions corporelles ; utilisant, à la manière des Stomp, tout ce qui peut créer du son ; le rythme, la musicalité et le mouvement porteront les mots d’Eugène Ionesco, les rendront vivants en eux-mêmes.
Judith Andrès
Une tres Belle troupe de comédiens! C'est drôle comme c'est tragique à la fois. J'ai passé un excellent moment. Allez le voir!!
La mise en scène et l'interprétation des acteurs est vraiment excellente ! Courez-y vite !
L'audace de l'automatisation des corps et du langage est un pari réussi ! Le rythme m'a embarquée dès la première seconde, quelques surprises surprenantes s'intercalent par moment, j'ai passé un super moment ! L'humour absurde d'Ionesco est sublimé par les choix de mise en scène. Bravo à la troupe!
Nus avons passé un excellent moment! Quels talents !! Ils savent tout faire et avec une belle énergie!! A aller voir absolument !!
Pour 29 Notes
Une tres Belle troupe de comédiens! C'est drôle comme c'est tragique à la fois. J'ai passé un excellent moment. Allez le voir!!
La mise en scène et l'interprétation des acteurs est vraiment excellente ! Courez-y vite !
L'audace de l'automatisation des corps et du langage est un pari réussi ! Le rythme m'a embarquée dès la première seconde, quelques surprises surprenantes s'intercalent par moment, j'ai passé un super moment ! L'humour absurde d'Ionesco est sublimé par les choix de mise en scène. Bravo à la troupe!
Nus avons passé un excellent moment! Quels talents !! Ils savent tout faire et avec une belle énergie!! A aller voir absolument !!
Spectacle excellent avec des comédiens très performants, une mise en scène contemporaine de très bonne qualité
Vu ce soir et j'ai adoré. Extrêmement rythmé et drôle, avec des comédiens qui donnent beaucoup
De très très bons comédiens et une mise en scène dynamique, belle et intelligente qui emporte peu à peu le spectateur profane et l'élève au bon niveau de compréhension de ce type de théâtre.
Des acteurs qui donnent un élan tonique, une mise en scène percutante pour un texte classique revisité. Que du bonheur.
Je ne connais pas cette pièce à l'origine mais le jeu est entraînant, graphique et imaginatif. J'ai beaucouo aimé cette pièce et la conseille vivement.
Beaucoup de trouvailles qui renouvellent un classique de l'anti-théâtre! Des jeunes acteurs qui apportent une belle touche d'originalité sur une mise en scène rythmée!
A voir sans conteste et a faire voir. Bravo bravo bravo
Une troupe de jeunes acteurs plein d'energie et d'imagination !
On peut y aller sans hésitation: un classique de l'absurde revisité, avec des acteurs de talent et un grand travail scénique.
Je n'avais pas apprécié lire la pièce étant plus jeune... et là, quelle surprise ! Je n'ai pas vu le temps passé grâce à la mise en scène originale et aux acteurs talentueux... Bravo !
une mise en scène originale et bonne interpretation de la pièce!
94, rue du faubourg du temple 75011 Paris