Œuvre rarement montée, La Comédie des erreurs est une pièce de jeunesse où Shakespeare s’amuse de la langue sur le ton de la farce avec force, jeux de mots et autres calambours au service d’une histoire qui multiplie les quiproquos et les pistes de son intrigue.
Voilà donc deux gentilshommes. Ils sont frères et jumeaux. Et ont pris le soin d’avoir comme valets deux serviteurs qui eux même… sont des jumeaux. Autant dire qu’à travers la mise en abyme de ce jeu de miroir où les identités se démultiplient à l’infini, Shakespeare en séparant son petit monde et en le réunissant à nouveau est un maître des illusions qui fait bien plus que seulement nous faire rire.
Défenseur émérite d’un théâtre de la jubilation, qui est d’abord celui où l’on prend du plaisir, de Presque Hamlet à Shake d’après La Nuit des rois, Dan Jemmett, aime à ébouriffer le répertoire shakespearien sur le fil d’une farce qui frôle souvent le tragique. En faisant passer ces chefs d’oeuvres sous les fourches caudines de son humour typiquement british, il nous les livre… rutilants comme des sous neufs.
« Je suis ému, en tant que spectateur, par les ficelles visibles de la représentation théâtrale. Le théâtre instaure avant toute chose une complicité entre les êtres ; un rapport singulier et fort qui s’établit entre la scène et la salle. Cette relation complice se crée parce que nous avons besoin de nous réunir pour nous rencontrer nous-mêmes, rire et observer nos ridicules, nos petites bassesses, observer aussi nos capacités parfois à être des anges. Ce qu’il y a de si beau et de si nécessaire au théâtre, c’est que tout le monde s’y réunit et s’y trouve a priori d’accord pour vivre cette expérience. Même si l’illusion, hélas, ne dure jamais longtemps ! »
Dan Jemmett
Traduction Mériam Korichi.
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris