Une mère et une fille que tout oppose. Leur refuge : l’excès. L’une a jeté son dévolu sur le sexe, l’autre sur la bouffe. Elles rivalisent, excès contre excès. Elles s’en empiffrent, y affirment leur singularité, leur vision du monde, et s’y accrochent comme des naufragées qui se noient. Un huis-clos familial où les vices deviennent pathologiques, les addictions acceptées et même commercialisées. La Famille, une foire aux monstres ?
Le chef d’œuvre du scénariste de Billy Elliot. Une comédie à l’anglaise, dopée à la tendresse et férocement drôle. Une pièce " coup de poing " rythmée par le rock'n'roll du King.
Traduction Frédérique Revuz et Louis-Charles Sirjack.
La Cuisine d’Elvis nous propose une recette épicée où le drame et la comédie cherchent tour à tour à l’emporter en se livrant une bataille grandiose. La recette de Lee Hall réussit allègrement à incorporer les ingrédients les plus extrêmes : la pièce est excessivement déjantée, excessivement tendre, excessivement cruelle, excessivement drôle...
Dans ce théâtre de l’excès, le danger était de se perdre dans une violence complaisante, affublée d’un bon vieux nez rouge... Avec des personnages sur le fil, il fallait jouer les équilibristes en dérapage contrôlé sur des montagnes russes... Pour naviguer dans ces extrêmes, nous avons abordé le travail en plusieurs temps : nous avons d’abord creusé l’humanité des personnages, parce que ce ne sont pas des monstres, des objets de foire, mais des personnes blessées - à l’excès.
J’ai toujours à l’esprit dans mon travail cette phrase de Michel Audiard qui disait : « J’aime les gens fêlés, on voit la lumière qui passe au travers ! ». Avec les secrets de cette cuisine, nous avons pris de la hauteur pour nous amuser des excès, regarder dans un miroir déformant, être aussi libre, inattendu et coloré que l’auteur affranchi de tout interdit dans son écriture féroce. Je voulais une mise en scène sobre et épurée, qui trace les limites d’une pièce qui n’en a pas, où la comédie humaine et ses farces tragiques puissent venir nous saisir dans le réalisme, où les excès n’apparaissent pas comme des exubérances gratuites, mais bien comme des symptômes humains.
Au final, cette tragédie étant servie sur lit de comédie, il nous fallait découvrir les rouages, simples et puissants, qui rythment les fourneaux de l’entrée au dessert, l’horloge secrète de cette machine infernale qui emporte la pièce tambour battant, de sommets en précipices, à la sauce épicurienne... Parce que cette cuisine est un cruel festin, ne restait qu’à suivre les dernières recommandations du chef : prendre plaisir à servir chaud en salle...
Régis Mardon
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris