Versions française et anglaise.
Beckett écrivit Krapp’s Last Tape en 1958. La pièce fut créée au Royal Court Theatre de Londres la même année. Quelques mois plus tard, Beckett la traduit en français sous le titre La Dernière Bande, créée en 1960 au Théâtre Récamier par Roger Blin. Pour la première fois, les deux pièces sont présentées au cours d’une même soirée, interprétées par le même comédien. Une proposition de Xavier Marchand et Henry Pillsbury destinée à faire entendre le bilinguisme de Beckett, ses prouesses de traducteur, et à mettre en écho la musique propre à la langue dans chacune de ses versions. Le comédien sera le même et l’autre, en miroir, en négatif, et les textes deux aimants qui se repoussent…
Dans une turne obscure presque dénuée de mobilier, Krapp, vieux clown intellectuel, fouille quelques archives poussiéreuses de toute une vie et manipule un monstrueux magnétophone. Entre une banane et des gorgées d’alcool, il cherche, exhume, et écoute une de ces bobines où il s’est enregistré durant plus de 40 ans à chaque anniversaire. Un homme face à sa vie. Le temps ici se décline en temps passé, temps perdu, révolu, et le temps concret de l’écoute, du souvenir, du silence. Paresseux, grossier, comique et véhément, Krapp, l’un des grands histrions de la littérature du XXe siècle, n’a plus dans l’ombre de sa vie d’autre lumière que celle de son passé. "Sois de nouveau, sois de nouveau", "Be again, be again", répète-t-il, rêvant de revivre son seul moment d’amour.
Habitué depuis 1974 de l’univers de Beckett en tant que comédien, metteur en scène, et producteur, Henry Pillsbury, 69 ans, renoue ici avec Krapp, 69 ans, personnage qu’il avait incarné une première fois il y a 30 ans à l’âge du Krapp de 39 ans.
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