Œuvre maîtresse de Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et prostituée Suisse, La passe imaginaire est le fruit d'une correspondance entretenue avec Jean-Luc Henning. À partir de 18 ans.
À partir de 18 ans.
La Passe imaginaire, œuvre maîtresse de Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et prostituée suisse (1929-2005), est le fruit d'une correspondance entretenue avec Jean-Luc Hennig. Écrivaine flamboyante à l'écriture large et puissante, lyrique et crue, femme libre et engagée, enragée et humaniste, elle fut à la tête de tous les combats et des mouvements de prostituées des années 1970. Une femme rare et précieuse, puissante, une battante avec une rage de vivre, rage, non seulement comme énergie, mais aussi, comme fureur, colère existentielle : le désir de prendre une revanche de chaque instant sur tant de duretés de la vie, et l’oubli de tout que donne le plaisir sexuel.
Etcha Dvornik, danseuse et chorégraphe contemporaine, porte sa voix, son corps, sa folie, son gout de liberté, sa désespérance généreuse. Comment articuler le texte et les mouvements pour dire, au plus près de ce qui se passe vraiment pour celles et ceux qui le vivent, la beauté âpre des relations humaines, avec leurs nécessités cruelles et cette vérité, tant oubliée de nos jours : « l’amour, même sans amour, c’est encore l’amour ». La prostitution est ce lieu étroit qui permet de penser le monde des objets et des sujets, la marchandise et le capital. Questionner ce phénomène permet de repenser les catégories du regard et de se dégager des automatismes intellectuels avec lesquels on s'efforce de classifier les choses qui nous entourent. « C'est ainsi qu'on saisit sa folie à la gorge pour la faire plier et danser. Car c'est tout un art d'être folle et d'être heureuse en même temps, et de dire merde au monde entier, en éclatant de rire ! » Grisélidis Réal
La comédienne Etcha Dvornik est absolument fascinante et sa gestuelle du corps exprime mieux que des mots la condition de la femme. J'ai été fascinée par la scène du porche. J'ai vu une pièce sur Grisélidis interprétée par Judith Magre et une jeune comédienne et j'ai également vu à l'Essaïon "toi l'imbécile sors!". J'ai également revu" la passe imaginaire" avec Etna dans un autre théâtre. Une performance artistique hors du commun, quasi inclassable mais qui marque par les effets de contrastes admirables. Un choc théâtral à mettre en parallèle avec Jeanne et Solal qui provoque en nous un déferlement authentique de sensations intenses.
Etcha, Grisélidis. Madame Dvornik, Madame Réal. Il fallait que ces deux femmes là, ces deux fauves là, scandaleuses dans leur genre chacune et encore plus dans notre société moralisatrice et par trop desincarnée parfois, toutes deux glamour et bravaches, pleines d'une grâce infinie et dense d'une présence sensible autant que féroce, se rencontrent. Elles le font dans cette pièce de corps, de mots, de rires, d'âme et de viscères, de sexe et d'élégance avec fièvre, tension et vulnérabilité, à travers les textes de la prostituée Grisélidis Réal, auteure, peintre, amie des intellectuelles et cernée de tous ces hommes en rut ou simplement désireux de caresses ou de coups (à prendre, à donner). Elles le font à travers cette chair et les rituels chorégraphiés de la slovène Etcha Dvornik. Que dire de cette chorégraphe-danseuse et tisseuse de mots, Etcha ? Que c'est une sacrée bonne femme qui est là. Vraiment là et qui ne mégote pas, ne triche pas et semble à la fois ancestrale et moderne, ancrée et légère. Que dire de ce texte de Grisélidis, morte en 2005 à Genève ? Qu'elle est bien là aussi, recrutée dans cette chair qui danse, dans ces seins, dans ces hanches, dans ces cuisses. Deux prêtresses qui se métabolisent l'une, l'autre. Deux figures du sacrifice solaire, rageur. Etcha, en quelque sorte, dans cet envoûtement qu'elle déploie lentement, réécrit peu à peu les mots de la prostituée. On entend comme une ancienne litanie, au fond de nos tripes : ce texte cru et sublime, ces mots que certains disent sales et qui sont le chant assourdissant de toutes les femmes qui désirent âprement et qui aiment ardemment circulant comme une sève dans un corps qui se donne à nous, publics, sans pour autant révéler ses sombres recoins et son pudique mystère. Bravo Madame.
Un excellent travail de mise en scène et d'interprétation, qui revisite le texte habité de Grisélidis Réal avec beaucoup de talent. La comédienne a beaucoup de présence, elle se confie, défie, (ra)conte, danse... comme une princesse de la nuit dans son royaume.
Etcha dit et danse parmi les fantômes de Bataille et Antonin Arthaud. Spectacle "Phénomène". Le tutu blanc, comme la valse des kleenex du spectacle, laisse la vedette à la lumière noire de la sublime déesse-prostituée, élue pour sauver le monde. Quelle artiste de feu venue de l'Est glacial. Eric
Pour 13 Notes
La comédienne Etcha Dvornik est absolument fascinante et sa gestuelle du corps exprime mieux que des mots la condition de la femme. J'ai été fascinée par la scène du porche. J'ai vu une pièce sur Grisélidis interprétée par Judith Magre et une jeune comédienne et j'ai également vu à l'Essaïon "toi l'imbécile sors!". J'ai également revu" la passe imaginaire" avec Etna dans un autre théâtre. Une performance artistique hors du commun, quasi inclassable mais qui marque par les effets de contrastes admirables. Un choc théâtral à mettre en parallèle avec Jeanne et Solal qui provoque en nous un déferlement authentique de sensations intenses.
Etcha, Grisélidis. Madame Dvornik, Madame Réal. Il fallait que ces deux femmes là, ces deux fauves là, scandaleuses dans leur genre chacune et encore plus dans notre société moralisatrice et par trop desincarnée parfois, toutes deux glamour et bravaches, pleines d'une grâce infinie et dense d'une présence sensible autant que féroce, se rencontrent. Elles le font dans cette pièce de corps, de mots, de rires, d'âme et de viscères, de sexe et d'élégance avec fièvre, tension et vulnérabilité, à travers les textes de la prostituée Grisélidis Réal, auteure, peintre, amie des intellectuelles et cernée de tous ces hommes en rut ou simplement désireux de caresses ou de coups (à prendre, à donner). Elles le font à travers cette chair et les rituels chorégraphiés de la slovène Etcha Dvornik. Que dire de cette chorégraphe-danseuse et tisseuse de mots, Etcha ? Que c'est une sacrée bonne femme qui est là. Vraiment là et qui ne mégote pas, ne triche pas et semble à la fois ancestrale et moderne, ancrée et légère. Que dire de ce texte de Grisélidis, morte en 2005 à Genève ? Qu'elle est bien là aussi, recrutée dans cette chair qui danse, dans ces seins, dans ces hanches, dans ces cuisses. Deux prêtresses qui se métabolisent l'une, l'autre. Deux figures du sacrifice solaire, rageur. Etcha, en quelque sorte, dans cet envoûtement qu'elle déploie lentement, réécrit peu à peu les mots de la prostituée. On entend comme une ancienne litanie, au fond de nos tripes : ce texte cru et sublime, ces mots que certains disent sales et qui sont le chant assourdissant de toutes les femmes qui désirent âprement et qui aiment ardemment circulant comme une sève dans un corps qui se donne à nous, publics, sans pour autant révéler ses sombres recoins et son pudique mystère. Bravo Madame.
Un excellent travail de mise en scène et d'interprétation, qui revisite le texte habité de Grisélidis Réal avec beaucoup de talent. La comédienne a beaucoup de présence, elle se confie, défie, (ra)conte, danse... comme une princesse de la nuit dans son royaume.
Etcha dit et danse parmi les fantômes de Bataille et Antonin Arthaud. Spectacle "Phénomène". Le tutu blanc, comme la valse des kleenex du spectacle, laisse la vedette à la lumière noire de la sublime déesse-prostituée, élue pour sauver le monde. Quelle artiste de feu venue de l'Est glacial. Eric
Etcha danse et dit Grizélidis parmi les fantômes de Bataille et d'Arthaud. Spectacle "Phénomène" Déesse-prostituée, le tutu blanc à l'image de la valse des kleenex, s'est inversé en faveur de la transgression d'un lyrisme sublime. Eric
Mme Grisélis est une âme libre, dans le sens le plus métaphysique du terme; elle balaie d'un revers, la masse des inutilités et arrache de sa griffe, toutes les peaux mortes de la Civilisation. Servie par une danseuse qui s'est adjointe une comédienne: elle même. Le théâtre des mots et les mouvement de la partition chorégraphique s'enlacent pour la cérémonie baptismale dont les parrains ont pour nom Artaud et Bataille, Grotowski et Lautréamont.. Un souffle sacré s'insinue sans tarder. Le sexe et la mort, frères et soeurs, s'épousent dans un enchevêtrement charnel où les forces les plus obscures et puissantes interpellent celles qui dorment en nous. Etcha Dvornik artiste inspirée, au corps de cobra, lance une invitation à l'absolu divin, à la sombre et irradiante beauté, l'érotisme ici s'est solidifié dans son état de grâce luminescente. La scène et sa fée alchimiste, tel un espace devenu trou noir, absorbent l'intégralité du spectateur fasciné. Moment artistique et poétique unique. J'ai revu hier ce spectacle surprenant, à trois mois de distance, je l'ai reçu plus affirmé, plus enlevé et creusé dans ses effets, enfin avec tous ces alluvions de qualités que l'accumulation des représentations déposent sur les rivages du rôle. Lorsque Etcha élève et lance son cou vers les cintres, il porte à son extrémité un visage transfiguré de beauté sensuelle et ruisselante.
Etcha Dvornik s’empare avec tact du beau texte de Grisélidis Réal. Cela donne un spectacle d’une grande douceur mais qui n’en affirme pas moins avec force la nécessaire liberté – si précieuse par les temps qui courent – des esprits et des corps. Etcha Dvornik est danseuse. Son spectacle, qui fait la part belle au texte, glisse subtilement vers une performance théâtrale. A vrai dire, qu’on ne sache pas bien le catégoriser n’est pas la moindre de ses libertés, celle que prend une artiste, tout simplement. JOSEPH DANAN
Fort et délicat insolent et sensuel doux et sans complaisance même si accent mélancolique. Etcha Dvornik doit rester l’instrument de cette parole même si elle a dans la peau le destin de cette femme si impressionnante… C'est plus qu'un parler vrai de pute! Son travail est magnifique parce qu’il est pur et qu’elle ne va pas à l’économie… Son savoir, son énergie et son expérience chorégraphiques au service de ce personnage sans précédent. Ne manquez pas de voir ce petit bijou au coeur du Petit Paris! Armelle Chitrit
L‘interprétation du sublime texte de Grisélidis Réal par Madame Dvornik nous atteint spectatrices /spectateurs en plein cœur et la souplesse de son jeu en est le pillier. Merci!
L'an dernier déjà, j'avais découvert ce solo dansé et parlé d'Etcha Dvornik, sur le texte de Grisélidis Réal, que son ami Jean-Luc Hennig présente ainsi : "Voici les lettres intimes que j'ai reçues, en dix ans, d'une des femmes les plus rares que j'aie eu à connaître." Je viens de le revoir au théâtre de la "Croisée des chemins", avec plus d'émerveillement encore. La grâce qu'évoque Kleist dans "Sur le théâtre de marionnettes" tient ici à la nécessité de chaque geste, de chaque mot. Avec cette reprise, le spectacle s'est à la fois enrichi et épuré. Etcha nous susurre à l'oreille les mots de Grisélidis, mais elle peut aussi crier sa colère. Cela tient du rituel, quand les mouvements des mains, sinueux et expressifs, évoquent ceux des danseuses balinaises. Il y a des moments drôles et des moments bouleversants. Certains passages sont d'une crudité, d'une hardiesse folles, d'autres d'une mélancolique poésie : "J'écoute de la très belle musique de Mozart. C'est comme si je n'existais pas - plus rien d'ailleurs n'existe, n'a jamais existé, ni les femmes, ni les hommes, ni l'amour." Et pourtant, ce spectacle est un hymne aux femmes, à leur beauté, à leur générosité - un hymne à la vie, dont il faut "harponner l'échine". Ceci, je l'ajoute, je crois, mais c'est dans le texte et dans l'esprit du spectacle !
:"De la danse à la lisière de l'expressionnisme en peinture.... j'ai vu dans personnage dansé de prostituée, une femme en train de devenir folle.... c'est émouvant et sans concession... Reste l'espace dansé, la lumière, la parole, la solitude de l'être, l'appel à l'amour qui nous concerne tous, et surtout la naissance de l'image comme dans un tableau de Munch, de Carrington et de bien d'autres peintres de la chair et de l'excès, Schiele, Grosz, Rego. annie vacelet-vuitton décembre 2018.
ridicule ou malsain? les deux
L’actrice est très imprégnée par cette œuvre originale qui ne laisse pas indifférent.
43 rue Mathurin Régnier 75015 Paris