A Buenos Aires à l'époque, on pouvait danser dans les cabarets toutes les danses, sauf une... Celle-là était interdite
El señor Beytelmann vu par Yanowski
Extrait Le Violon du Diable
La Passe Interdite
Des troquets enfumés de Buenos Aires aux musiques trépidantes des cabarets slaves, chansons à voix et à texte aux sonorités slaves et argentines.
Artiste d’une intensité singulière, Yanowski auteur, compositeur, interprète, se lance dans un voyage poétique personnel après douze années consacrées au Cirque des Mirages (duo avec Fred Parker, deux albums chez Universal).
Pour ce projet qu’il porte en lui depuis longtemps, Yanowski s’entoure aujourd’hui du grand pianiste Gustavo Beytelmann, que l’on connaît entre autres pour ses collaborations artistiques avec Astor Piazzola et Mosalini et pour ses talents de compositeur, pianiste et arrangeur pour le Gotan Project et plus récemment Catherine Ringer. Quant à Cyril Garac, son complice violoniste virtuose, il donne aux chansons une veine slave et fantastique...
Ce spectacle propose un nouveau syncrétisme de création avec la rencontre de l’auteur-compositeur-interprète Yanowski et le pianiste-arrangeur-compositeur Gustavo Beytelmann. Cette rencontre entre des univers et registres très différents génère et ouvre de nouvelles possibilités musicales, portées par ces musiciens compositeurs d’un immense talent.
Le travail vocal quotidien et l’expérience acquise avec ses professeurs de chant lyrique (J.F. Vauquelin, L. Sarrazin) amène Yanowski et sa voix si particulière à une performance vocale impressionnante. Ses talents d’interprète, son immense charisme et les nombreuses scènes qu’il a pu faire avec Le Cirque des Mirages depuis plus de dix ans en France (plus de 1000 concerts), ont marqué les mémoires des publics, des programmateurs et des médias.
Par ailleurs, ses talents d’auteur ont été réunis (Anthologie de ses textes aux éditions Le Dilettante intitulée « Crimes d’orties blanches » qui s’inscrit dans une tradition littéraire et poétique) et sont à présent unanimement reconnus ( Zorbalov, conte pédagogique destiné aux enfants commandé par Radio France avec l’Orchestre National de France au Cirque d’Hiver, Elégie de l’amour obscur , un de ses grands poèmes lyriques mis en musique pour quatuor à cordes par Guillaume Connesson lors du Festival de la Meije, commande d’un conte musical avec la compagnie Arties à La Ferme du Buisson, projet d’un opéra conte par l’Abbaye de Noirelac etc.).
L’écriture musicale de Gustavo Beytelmann est classique tout en élargissant les frontières du genre avec ses accents argentins et stravinskien. Le parcours de Beytelmann est celui d’un musicien classique né en Argentine et marqué par son pays. A l’instar d’un Bartok, il établit des passerelles entre musique savante et musique populaire. La musique du spectacle est une musique vivante sans devenir pour autant musique du monde car profondément enracinée dans les règles de l’harmonie et de l’écriture classique.
Le lancement de Yanowski en concert avec La Passe Interdite à La Salle Gaveau, est la première étape d’un projet développé sur trois ans, avec des tournées, le Festival d’Avignon, un retour à Paris pour une série à L’Européen et une fin de saison 2015-2016 aux Bouffes du Nord est en prévision…
Qui se promène inopportun
Dans le port de Rosario
Accompagné de trois putains
D’une crapule et d’un travelo
Qui sème l’angoisse et la peur
Dans les tripots des bas-quartiers
Du plus petit des receleurs
Au plus infâme bonnetier
Qui manie mieux le revolver
Le couperet et le couteau
A fait chouriner le notaire
Braqué la banque d’Orono
Qui appelle-t-on à toute heure
Pour liquider le scélérat
Qui inspire ainsi la terreur
Aux truands de Balvanera (...)
Refrain
El senor Beytelmann
Fleur orangée de frangipane
Car derrière ce coeur de pierre
Se cache une âme solitaire
Un poète du révolver
Un coeur sensible un mélomane
Te voy a matar capitan
S’il flingu’ lui c’est par grandeur d’âme
Car il faut bien battre le fer
Régler proprement cette affaire
Mais il cache en lui un mystère
Un doux secret un tendre drame
... Il aurait voulu jouer Mozart
Il y avait au coeur de Yérévan
Dans une taverne tzigane
Un violoniste fabuleux un vieux gitan
Qui jouait une musique effroyable
Un air à faire prier le diable
A transformer les douze Saints en pénitents
Dès qu’il déroulait ses lignes chromatiques
La foule dansait emportée par cette musique
Et comme prise d’hilarité
Ne parvenait plus à cesser
De tournoyer de tournoyer et de danser (...)
Il y avait du temps de tango
Dans le quartier de San Telmo
Un cabaret sinueux et bancal
On s’y rendait en hidalgo
A l’heure où la lune indigo
Pleure sa lassitude sur les dalles
Les hommes y posaient sombre fier
Rose rouge à la boutonnière
La lame du couteau qui vague à l’âme
Les femm’y passaient la nuit claire
L’amour au flanc de la jarretière
Teinté du sang d’étranges mélodrames
On y dansait le fandango
La milonga le pasodo
Déhanchement du corps et des entrailles
Vrai tous les coups étaient permis
Même la cuisse qu’à demi
Dénude cette main qui s’encanaille
Mais parmi toutes ces figures
Il en était une pour sûre
Qu’interdisait un loi inviolable
Et nul ici je vous le jure
N’aurait esquissé le parjure
De tenter la passe du diable
Il y a ceux qui se damnent
Dans le ventre des femmes
Qui se consolent de leur nuit
Dans les rondes maudites
D’une danse interdite
Espejo c’est quand les danseurs
Se tiennent debout coeur-à-coeur
Le poids du désir sur la jambe arrière
Adorno quand les doigts effleurent
D’un geste humide la sueur
Qui coule incandescente des paupières
Boleo c’est quand les soupirs
Montent des cales sans trahir
Le tremblement des paumes qui s’emballent
Giro quand l’ivresse conspire
Et fait tournoyer de plaisir
Tous les quinquets de la salle de bal
Abrazo les jambes s’enlacent
La passion brise la glace
Le voile se déchire d’un revers
Adentro la jambe pénètre
Dans les moiteurs les plus secrètes
Et griffe le silence qui enserre
Quebrada l’âme se cassure
On est au point de la rupture
La dos se cambre et penche sur la table
Mais même au fort de la rupture
Aucun n’oserait le parjure
D’esquisser la passe du diable
Il y a ceux qui se damnent
Dans le ventre des femmes
Qui se consolent de leur nuit
Dans les rondes maudites
D’une danse interdite
(…)
45, rue La Boétie 75008 Paris