La philosophie dans le boudoir

Caen (14)
du 6 au 9 février 2007
2 heures environ

La philosophie dans le boudoir

Le pari était audacieux, il est parfaitement réussi. Le dialogue philosophique du Marquis de Sade autour de l'éducation amoureuse et sexuelle d'une jeune fille adapté au théâtre, cela donne un bijou d'humour et de finesse mais, attention, à ne pas mettre entre toutes les oreilles.

Une œuvre littéraire et politique
Un pur produit de l’imaginaire
Extraits de presse

  • Une œuvre littéraire et politique

La Philosophie dans le boudoir parut clandestinement en 1795, est composé de sept dialogues. Le sous-titre  « ou les instituteurs immoraux » en dit le thème : l’éducation érotique d’une jeune fille de 15 ans, Eugénie de Mistival que Madame de Saint-Ange, jeune femme libertine se vantant d’avoir été « foutue par plus de dix ou douze mille individus depuis son mariage » se propose de faire en compagnie de son frère, le Chevalier de Mirvel, et de Dolmancé, « un libertin des plus corrompus ».

« Nous placerons, dit Madame de Saint-Ange, dans cette jolie petite tête tous les principes du libertinage le plus effréné, nous l’embraserons de nos feux, nous l’alimenterons de notre philosophie, nous lui inspirerons nos désirs et comme je veux joindre un peu de pratique à la théorie, comme je veux qu’on démontre à mesure qu’on dissertera, je t’ai destiné, mon frère, à la moisson des myrtes de Cythère, Dolmancé à celle des roses de Sodome. » Eugénie se montrera une élève fort docile, d’une surprenante curiosité pour les délices de la chair.

C’est dans Le cinquième dialogue que l’on trouve le célèbre pamphlet-brûlot intitulé « Français, encore un effort si vous voulez être républicains .» Véritable réquisitoire contre la religion, Sade y prône l’athéisme : « Ne nous contentons pas de briser les sceptres, pulvérisons à jamais les idoles. » Il proclame également la nécessité de voir les mœurs devenir plus libres : liberté d’agir, liberté sexuelle, liberté de penser, liberté de la presse. Il propose l’abolition de cette violence intolérable - dont la Terreur venait d’ériger l’excès en système - qu’est la peine de mort : « De ces premiers principes, il découle, on le sent, la nécessité de faire des lois douces, et surtout d’anéantir à jamais l’atrocité de la peine de mort parce que la loi qui attente à la vie d’un homme est impraticable, injuste, inadmissible ».

Nous croyons bien sûr tout savoir de l’œuvre du Divin Marquis, en réalité, bien souvent nous n’en avons retenu que l’odeur de souffre et pour la plupart, nous avons tout bonnement évité de le fréquenter. L’occasion est belle, offerte par Christine Letailleur, de nous en servir un fragment sur un plateau. Et Christine Letailleur a le goût et la maîtrise du risque : elle l’a montré en portant à la scène deux œuvres d’un auteur allemand Hans Henny Jahnn (1894-1959) rejeté lui aussi dans les enfers de la bibliothèque. On a particulièrement salué sa mise en scène de Pasteur Ephraïm Magnus, œuvre de jeunesse ténébreuse, torturée et pour tout dire effrayante. De cette histoire de mort, d’inceste, de crime, de nécrophilie qui ne mâche pas ses mots, Christine Letailleur a fait un rituel tout d’ombre et de lumière, où les corps se meuvent avec une infinie délicatesse dans la lueur des bougies, dans une totale économie de gestes et d’effets. La puissance cruelle des mots résonne comme dans une chapelle ardente et la sobriété de la mise en scène leur laisse toute leur charge hallucinatoire.

La Philosophie dans le boudoir est publiée à la Pléiade ainsi qu’aux éditions 10/18.

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  • Un pur produit de l’imaginaire

La Philosophie dans le boudoir est une fiction, un pur produit de l’imaginaire, je l’entends comme un divertissement de l’esprit et non comme une œuvre pornographique. Barthes l’a très bien exprimé : « Nous Deux, le magazine, est plus obscène que Sade. » Il y a chez Sade de l’intelligence, de l’invention, du raffinement, de l’espièglerie, de l’insolence, de l’ironie ; un plaisir enfantin qui tient du rapport voyeurisme / exhibitionnisme. Le libertinage sadien est une dialectique du plaisir ; Sade en dresse toutes les étapes. L’érotisme passe par la parole ; dire, nommer les choses avec précision et détail. Une jouissance par la transgression du langage, un plaisir de montrer et de faire voir par les mots, d’alterner langage obscène et langage savant. Pour Sade, l’organe le plus sensible, le véritable organe de la volupté, reste l’ouïe : « Il est reçu, parmi les véritables libertins, que les sensations communiquées par l’organe de l’ouïe sont celles qui flattent davantage et dont les impressions sont les plus vives. » (Les Cent Vingt jours de Sodome).

Chez Sade, dire c’est faire, c’est l’acte premier. Après la dissertation, vient la mise en pratique, c’est-à-dire le corps ; Sade, en bon libertin, ne sépare pas l’esprit et le corps : il les réconcilie. Gilbert Lely, l’un des plus grands spécialistes de l’œuvre de Sade, se plaît à rapprocher les héroïnes de La Philosophie dans le boudoir de certaines héroïnes de Shakespeare. « Souvent telle héroïne de Sade nous est apparue comme la version prohibée d’une amoureuse de Shakespeare. Les phrases d’une rayonnante obscénité que prononcent Madame de Saint-Ange et Eugénie de Mistival, c’est un surcroît de rêve de les imaginer dans la bouche de Cressida ou de Rosalinde pendant l’exaltation du plaisir. »

Christine Letailleur

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  • Extraits de presse

"Mais elle fait largement notre bonheur car en adaptant le texte de Sade pour le théâtre, Christine Le Tailleur n'oublie jamais l'enjeu de la langue qui forme l'essence des dialogues et se partagent entre pamphlets politiques (...) et langage de l'obscénité." Fabienne Arvers, Les inrocks

"Aucune réserve (...) sur le spectacle de Christine Le Tailleur, bijou d'humour et de finesse qui dénote un sacré talent de metteuse en scène et de directrice d'acteurs. (...) Christine Letailleur a cousu main un spectacle extrêmement vif et joyeux, qui joue avec une intelligence tranquille du théâtre dans le théâtre du voilé-dévoilé, et révèle une réflexion subtile sur la représentation, sur ce qui peut ou non être montré. (...) On rendra grâce à Christine Letailleur d'avoir su, dans la période à la fois purirtaine et obscène que nous vivons, parler de sexe, de morale et de liberté de manière totalement dédramatisée. Sérieux comme le plaisir, son spectacle l'est aussi grâce à ses formidables comédiens : Stanislas Norday (Dolmancé), exquisement facétieux, et Charline Grand (Eugénie), délicieusement novice." Fabienne Darge, Le Monde, 28 janvier2007

"Econome de ses effets, Christine Letailleur redonne la primeur aux mots, à la philosophie du divin marquis, à son mélange de langage savant et d'obscénités très imagées. En distinguant bien par des "cassures" - dans le rythme, la prise de parole, les lumières et l'espace - "les postures érotiques et les démonstrations philosophiques", elle renoue avec Aristote, qui veut que le monstrueux demeure dans le texte, et par sur la scène." Christophe Jacquet, Philosophie Magazine, février 2007

"Il fallait un sacré cran pour porter Sade à la scène. Comme on s'en doute, Stanislas Nordey, Valérie Lang, les deux acteurs principaux de cette adaptation, et Christine Le Tailleur, ex-assistante de Nordey qui a fomenté la mise en scène, n'en manquent pas." Joshka Schidlow, Télérama, 30 janvier 2007

"Stanislas Nordey est un Dolmancé enjôleur, volubile, vrai chef d'orchestre pour toutes voluptés à porter à leur comble". Jean-Pierre Léonardini, l'Humanité

"Tant pis ou tant mieux : son spectacle est rigolo ou rigoureux" René Solis, Libération, 26 janvier 2007

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Sélection d’avis du public

La philosophie dans le boudoir Le 9 mai 2007 à 00h53

Excellent, l'interprétation moderne et dynamique par de bons acteurs (aux beaux corps) fait paraître ces deux heures bien courtes!

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La philosophie dans le boudoir Le 9 mai 2007 à 00h53

Excellent, l'interprétation moderne et dynamique par de bons acteurs (aux beaux corps) fait paraître ces deux heures bien courtes!

Informations pratiques

Comédie de Caen

32, rue des Cordes 14000 Caen

Spectacle terminé depuis le vendredi 9 février 2007

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