Présentation
La prochaine fois, le feu
Sangaré/Baldwin - L’histoire d’un corps à cœur
“Dans ce texte, James Baldwin écrit “Et Dieu dit à Noé : Vois l’arc en le ciel bleu, l’eau ne tombera plus, il me reste le feu” . Cette terrible menace plane au-dessus de nos têtes à nous autres, êtres humains, qui avons le talent de nous détruire.
Pourquoi les Blancs, les occidentaux ont-ils engendré des génocides en glorifiant leur race, en déportant, martyrisant d’autres races considérées comme inférieures et envahissantes.
C’est le cri de révolte de ces opprimés en quête de dignité, sans laquelle aucune sérénité, fierté ou même vie n’est possible. En évitant de nous endoctriner, ce texte est une lumière pour Blancs et Noirs, afin que les bonnes volontés agissent avant l’inévitable explosion…
Ce texte est comme une clé qui ouvre une porte et me paraît indispensable de nous jours, où l’humanité vit encore des conflits raciaux.”
Bakary Sangaré
“La prochaine fois, le feu”, c’est l’avertissement que Dieu adresse à Noé avant l’ultime catastrophe qui dévastera le monde. C’est sur cette parabole biblique que s’achève également l’essai éponyme de James Baldwin, certainement son plus bel opus.
Baldwin y conjure les catastrophes à venir, dénonçant le racisme ordinaire et extraordinaire de l’homme blanc et son épopée meurtrière, mais aussi les excès cautionnés par certains de ses frères noirs. Il y évoque son adolescence à Harlem, et la crise religieuse qui l’assaille à l’âge de quatorze ans. Il y déroule le fil de sa vie exprimée dans la récurrence d’une seule question : comment être noir ?
Dans le spectacle de Bakary Sangaré, le texte de Baldwin est expurgé de son récit autobiographique pour ne devenir qu’une invective adressée aux hommes : nous spectateurs – et cette position n’est pas une écoute confortable – et, en creux, à ceux qui échappent à la confrontation offerte par le théâtre. Avec une causticité dont il ne se départ jamais, posant cette distance de l’ironie entre son interlocuteur et la nature irréductiblement critique de sa parole, Bakary Sangaré nous met au pied d’un questionnement philosophique et spirituel singulier. Les questions qu’il suggère échappent à toute forme de manichéisme militant, parce qu’au centre de la réflexion de Baldwin, se place l’homme, sa condition, sa foi et
la prégnance des institutions religieuses ( Islam et Chrétienté ).
Disséquant les livres sacrés, la subversion des religions, il établit l’éthique d’une nouvelle Bible, consacrée à l’humanité, sans distinction de race, de préférence sexuelle, de religion, de classe sociale ou de pouvoir. Il s’agirait pour le devenir du monde de penser juste, de prendre le recul nécessaire pour que les crimes et aberrations d’hier ne soient pas la terre de prédilection de l’avenir. Sinon, gare à la prophétie.
Sangaré/Baldwin - L’histoire d’un corps à cœur
Bakary Sangaré signe lui-même l’interprétation, la mise en scène mais aussi l’adaptation de cet essai : c’est peu dire que ce projet lui tient particulièrement à cœur.
C’est à la télévision qu’il découvre James Baldwin, au travers d’une émission sur le “Black Power”. Séduit par son discours, il se fait foi de découvrir ses écrits. Ses premières lectures s’avèrent décevantes, mais avec “La Prochaine Fois, le feu”, Bakary Sangaré tient ce qu’il cherchait : un texte aussi dense, aussi puissant que le “Cahier d’un retour au pays natal” d’Aimé Césaire, une parole proche de ses propres convictions, une analyse du racisme
fine et lucide, loin du discours violent, ségrégationniste ou revanchard.
Il importe alors de faire entendre cette voix. Malgré les menaces de mort qui planaient sur lui et les siens, Baldwin a trouvé le courage d’écrire un immense chant d’amour à l’humanité.
Il paraît essentiel à Bakary Sangaré de se battre à son tour, pour que ce cri du cœur rencontre le public. Il lui prêtera donc sa voix, son corps et tout son talent d’acteur, de conteur.
Comment porter à la scène un texte aussi foisonnant sans en faire un sermon ?
Bakary Sangaré a choisi la simplicité, le dépouillement, et c’est là que son imagination intervient, que sa conviction ne fait aucun doute. Avec trois fois rien (une chaise, un foulard, un bonnet), il investit l’espace, dessinant les contours d’un monde complexe suggéré par les mots. Des mots qu’il distille avec la bonhomie d’un conteur africain, n’oubliant jamais de relever les traits d’humour et d’amour. La densité du propos de Baldwin s’en trouve allégée, le message passe sur le ton de la confession, de la communion d’idées, sans provocation, sans accusation belliqueuse. Le spectateur déroule le fil de la pensée de l’auteur comme une suite de bouleversantes péripéties aboutissant à une terrible prophétie. The Fire Next Time.
3, rue Sadi-Carnot 92320 Châtillon
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