Art du mouvement et de la métamorphose, la danse constitue pour Latifa Laâbissi un moyen privilégié de figurer la plasticité de l’identité. Touchée par l’image d’un homme dansant lors d’un bal populaire avec un phrasé et un rythme inouïs, avec une énergie incroyable, elle imagine une pièce qui s’assume comme une contre-représentation aux identités figées.
À rebours de tout essentialisme, Latifa Laâbissi voit dans sa danse l’expression corporelle d’une mémoire stratifiée qui dépasse le simple cadre de l’individuel. La chorégraphie devient alors pour elle le moyen de donner corps à cette « anthropologie de signes » qui renvoie à des inconscients collectifs, à une polyphonie de gestes fantômes et à des imaginaires vagabonds qu’elle s’approprie sans tenir compte des catégories assignées auxquelles ils se rapportent.
À la « ghettoïsation » identitaire, cette danse émancipatrice oppose ainsi une identité mouvante qui se manifeste joyeusement, avec tout ce que cela implique d’excès, d’indiscipline et de grotesque. Le souvenir de cette transe spontanée devient le point de départ d’une danse des identités fugitives, au seuil de l’humain et de l’animal, une chorégraphie cannibale qui incorpore tous les imaginaires qu’elle convoque.
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