Un petit mensonge et tout s'enchaîne... Surtout connu pour " Un fil à la patte " , " Tailleur pour dames " , " La puce à l'oreille " et " La dame de chez Maxim " , pour ne parler que de ses grandes pièces, Feydeau nous offre ici, avec " Le dindon " , une vision du monde toute aussi saisissante dans la couleur des personnages qu'étourdissante par la construction vertigineuse et diabolique de l'action.
Loin des idées courantes que l'on peut porter sur un certain genre de théâtre, on redécouvre un univers absurde d'une modernité étrange à la fois implacablement logique et parfaitement fou. C'est comme si Chaplin et Buster Keaton s'étaient donnés rendez vous au XIXème siècle. L'isolement, le manque d'initiative, l'ennui, l'impossibilité de communiquer, l'inutilité du langage, le désespoir sont les sources terribles d'un comique qui emporte tout sur son passage. Tous les personnages, rentiers, hommes de loi, médecins, militaires, cocottes s'agitent tels des pantins à la poursuite de leur vaine convoitise, chacun s'acharnant à prendre l'avantage sur l'autre. Un des personnages se déclarera lui même être le dindon de cette farce mesquine, mais tous en fait le sont. " La machine comique est aussi, pour finir, une machine infernale " . Quel merveilleux défi et quel pari excitant pour l'équipe de comédiens de la compagnie de l'Iris de se mettre au service des aspirations exigeantes du théâtre de Feydeau !
Philippe Clément
«…C’est un abracadabrantesque embrouillamini de situations délirantes, aussi absurdes et poilantes les unes que les autres….tout ceci mû par une irrésistible machine comique qui ne prétend aucunement à la vraisemblance. La mise en scène est construite au petit poil pour ne pas entraver cette formidable énergie. Peu d’accessoires, des structures légères et évolutives, de larges espaces de jeux qui favorisent cavalcades, simulacres de coïts ou bastons générales. L’interprétation, menée par une équipe homogène et soudée, fait elle aussi la part belle à la vitalité du texte. Outrée à souhait, elle est basée sur d’incroyables mimiques, hurlements et autres contorsions ». Lyon Capitale / Mars 2002
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